Des
vacances ????
J’ai gardé un souvenir angoissé des débuts d’après-midi des
journées des grandes vacances où il fallait s’adonner, sous l’œil vigilant
d’une famille qui ne rigolait pas avec ça, aux plaisirs indicibles des devoirs
de vacances. Bien sûr tous les subterfuges pour reculer le moment de l’épreuve
avaient été utilisés… en vain. « Jean-Marie ton avenir en
dépend ! » Et si l’injonction ne suffisait pas, une conduite musclée
à la table de travail faisait le reste. Pour mon malheur, les résultats
scolaires suivaient honorablement, ce qui justifiait que chaque été il fallait
recommencer le même pensum, à la même heure, et avec le même désir de ne rien
foutre.
Avec les petits copains du tc, on a gardé nos âmes d'enfant,
mais les devoirs de vacances n’existent plus.
On met la clef sous la porte en
attendant que les chaleurs s’apaisent. Et on attend la reprise. Elle est là, il
faut donc s’y mettre. Mais les bonnes (ou mauvaises) habitudes prises pendant
une jeunesse studieuse ont fait que je n'ai pas totalement mis l’esprit au
repos, que le monde ne cessant pas de fournir des motifs divers de râler, de
s’émouvoir, de se révolter, de s’indigner et de se moquer aussi, dans ma tête
se sont écrits quelques ébauches de billets d’humeur que j’ai envie de vous
faire partager.
Vous connaissez dans Charlie Hebdo « les unes auxquelles
vous avez échappé », voici dans le tc les billets d’humeur auxquels vous
avez presque échappé.
Le Burkini
Commençons par l'actualité la plus prégnante, ils ne parlent
que de ça. Chacun y va de son couplet. Se baigner en burkini, c'est impensable.
Le prophète le veut. Alors écoutons le
prophète, mais les fondements de la république vont vaciller parce que c'est un
signe ostentatoire. Jusqu'au premier ministre pour dire qu’il faut interdire.
Quant au Maire du Touquet, il n’en a pas vu, mais il a interdit quand même.
L'été avait très mal commencé à Nice en tragédie sanglante et collective, à Saint-Etienne du Rouvray, avec
l'épisode du burkini il se termine en farce. Malheureusement ils sont nombreux
à cause d'une dérive xénophobe, bien utile pour occuper les esprits, à tout
mélanger. Pendant ce temps ceux qui ont fait du racisme ordinaire leur fonds de
commerce attendent patiemment que leur escarcelle se remplisse.
Les
primaires
Il y en a des multiples qui à droite, mais pas seulement, aimeraient
qu'elle se remplisse : ce sont les candidats nombreux aux primaires qui se
préparent à briguer l'investiture de leur camp en tentant l'impossible : faire
la démonstration qu'ils sont les meilleurs et que leurs concurrents sont des
moins que rien. J'ai le sentiment d'une pantalonnade à l'américaine qui est à
la démocratie ce que l’occitanie est au pays catalan, totalement étrangère.
Mais dans le même temps l'isolement grinçant dont se drape Mélenchon m'inquiète
par son aveuglement nombrilique ou lesque. D'autant plus que les luttes
récentes ont montré que les citoyens de ce pays sont très loin d'être
insensibles aux démarches collectives. Ils veulent jouer groupés, rassemblés.
Pourquoi pas toi, Jean-Luc, avec d’autres.
C’est pas péché d’être un peu modeste et unitaire ! La complexité
de la situation est sans doute riche de potentialités. Les optimistes disent
que la raison finit toujours par triompher ! Et que dit la lucidité ?
En vrac
Que les Pokémons sont en train de nous envahir : ils
sont partout. Ce n’est pas dit que ce soit pour notre bien. Plus nous nous
nourrirons de réalité virtuelle à deux balles, moins nous penserons à descendre
dans les rues de la vraie vie pour en rabattre aux puissants qui ne rêvent que
de nous escagasser. La preuve par la Turquie, où Erdogan peut prétendre au
titre de grand escagasseur. Chaque été voit surgir un tyran nouveau :
c’est sans doute lié au mouvement des saisons et à la chaleur estivale. Pour
nous dans l’hexagone, nous n’en sommes pas encore là, nous restons dans l’ère
des bouffons et nous venons d’apprendre par voie de presse que le plus jeune et
le plus beau des bouffons n’est pas socialiste. Il s’agit vous l’avez deviné d’Emmanuel
Macron. Vous vous en étiez rendu compte qu’il n’était pas socialiste,
vous ?
Pendant que les farces nous poursuivent, les tragédies sont
en embuscade : ainsi la bouleversante photo du petit bombardé d’Alep.
Image de l’inhumaine condition dont il serait bon de se souvenir que les
responsables existent.
Jean-Marie Philibert.