les billets d'humeur de Jean Marie Philibert dans le Travailleur Catalan

Jean Marie PHILIBERT ( c'est moi ) écrit toutes les semaines un billet d'humeur dans le TRAVAILLEUR CATALAN, hebdomadaire de la fédération catalane du PCF.
Je ne peux que vous conseiller de vous abonner à ce journal qui est aujourd'hui le seul organe de presse de gauche du département des Pyrénées Orientales.
J'ai rassemblé dans ce blog quelques uns de ces billets d'humeur en rappelant brièvement les événements qu'ils évoquent

mercredi 30 novembre 2022

DEMOCRATIE SYNDICALE

Faisons parler la démocratie syndicale Du 1° au 8 décembre, élections professionnelles dans les services publics La situation politique et sociale dans laquelle nous évoluons, saute de 49.3 en 49.3, elle s’assied sur nos droits (retraites et indemnisation chômage), elle insiste sur la flambée des prix et termine pour nous angoisser sur les sérieuses promesses de coupures de courant (comme aurait dit ma mémé). Elle n’a pratiquement laissé aucun espace à une question qui me semble importante, elle devrait faire l‘actualité: les élections professionnelles qui vont se dérouler dans la fonction publique du 1° au 8 décembre. C’est d’abord un moment démocratique important ; les résultats ne seront pas sans effets sur la situation sociale. Et c’est aussi une occasion de donner aux syndicats, institutions qui structurent et organisent le monde du travail, une place essentielle dans la société à bâtir. Au-delà de tous les faux fuyants qui parasitent les discours médiatiques sur les syndicats, divisés, politisés, peu représentatifs, gentils ou méchants, bien élevés ou pas, il importe de rappeler le poids qu’ils pèsent dans un pays où la fibre sociale reste très vivace. L’aura émancipatrice qu’ils peuvent dégager donne de l’urticaire à tous les réacs qui rêvent de les mettre au pas. Les preuves La preuve : tous les pouvoirs publics (de toutes les couleurs), tout au long de ma carrière syndicale, n’ont eu de cesse de prendre la température … sociale… à chaque initiative mise en place. Autre preuve tangible : la tête inquiète des préfets à chaque action réussie, les querelles de chiffres… Il faut laisser les syndicats dans leur guitoune et éviter que le virus se propage. Le mot même « syndicat » semblait faire peur à presque tous les recteurs que j’ai côtoyés, ils n’utilisaient que la formule plus neutre et plus policée d’ « organisations professionnelles. » Donc des millions de Français vont voter, mais silence radio. Les coups portés Parce qu’entre temps, depuis Sarkozy en particulier, les tentatives pour étouffer les capacités à revendiquer se sont multipliées, préavis de grève, se déclarer ou non gréviste, coups réguliers portés au paritarisme, tentatives récurrentes de division, mise sous le boisseau des organisations les plus récalcitrantes, intimidation et répression des fortes têtes, difficultés à faire reconnaître les organisations représentatives, copinage sans réserve avec les plus bisounours et remise en cause régulière de la représentativité de chacun. Les élections qui se déroulent actuellement s’inscrivent dans ce climat, on va dire de suspicion entre un pouvoir, pas neutre du tout, qui ne veut rien lâcher au monde du travail, en particulier en terme de pouvoir d’achat et de droits, qui veut même en rajouter (en réduire faudrait-il dire) sur le droit à la retraite et une classe laborieuse consciente, souvent mobilisée et en attente d’un rapport de force favorable. Les signes attendus Cela passe par les luttes en cours, au TC nous essayons de n’en manquer aucune et aussi par les élections dans la fonction publique. Une forte participation, des choix clairs pour un syndicalisme exigeant, de lutte et de transformation sociale, serait une très bonne nouvelle et le signe que la société est traversée par une vraie volonté de contestation, d’émancipation que l’on subodore, que l’on devine, que l’on souhaite et attend. Ne pourrait-elle pas avoir le visage de la justice sociale. ? Le monde syndical qui fut, qui reste, le mien, n’en demande pas plus, pas moins. Jean-Marie Philibert.

lundi 7 novembre 2022

petit maladroit ou gros raciste

Petit maladroit ou gros raciste Tout cela ne serait que des paroles malheureuses, maladroites et il ne faudrait pas en faire tout un plat. D’ailleurs, disent-ils, les gens du RN, beaucoup pensent tout bas ce que le député RN de Gironde dit tout haut, que chacun doit rester chez soi, les africains en Afrique et les bons Français en France. Que ça suffit de nous embêter avec ces histoires de migrants qui ne cessent de migrer à la recherche d’un port qui voudra bien les empêcher de se noyer. Patatrac Pour Marine Le Pen l’heure n’est plus à un énième feuilleton de sa saga raciste, l’heure est à la dédiabolisation achevée, à la dernière étape de sa conquête de la respectabilité, au brouillage des cartes politiques (elle vote même les motions de censure de la gauche). Elle se paye même un jeune loup, en apparence domestiqué, comme président de son parti. Et patatrac un gros balourd de sa horde ne sait plus se retenir pour cracher son venin raciste, en pleine assemblée nationale, sous l’œil des caméras, à la face d’un député de couleur, mais pas de la sienne. Une injure au genre humain Le gros balourd en question ne peut prétexter qu’une confusion entre le singulier et le pluriel pour expliquer un propos qui au singulier ou au pluriel est une injure au genre humain dans son ensemble. Le racisme est un délit, encore plus sans doute quand il est proféré dans l’enceinte d’une assemblée censée faire, et donc défendre et promouvoir, la loi. L’exclusion de quinze jours de cette assemblée est une sanction certes. Mais l’élu en cause y laisse sa dignité, sa conscience et dévoile sa crasse intellectuelle absolue. Faut-il que des électeurs soient atteints des mêmes symptômes pour voter pour eux, et ici, nous ne pouvons pas critiquer les autres, nous avons notre dose de ratatinés de la cervelle qui ont envoyé au Palais Bourbon quatre députées RN. Pour le moment elles se taisent ; il semble que par précaution on leur a coupé la langue. Mais il faut se méfier avec le naturel, il réapparaît quand on l’attend le moins. Repatatrac Ainsi observez le comportement du grand manitou local de la horde, Aliot : depuis son élection il nous fait la pédale douce et il fait beaucoup pour faire oublier le fond nauséabond dont il est issu. IL gère et il fait même appel aux époux Klarsfeld qu’il médaille aux couleurs de la ville pour bien montrer que le pétainisme, l’antisémitisme et tout le toutim c’est fini. Et repatatrac les démons reviennent et il nous baptise du nom de Sergent, dirigeant de l’OAS condamné à mort par contumace, puis amnistié, une place de la ville ; son conseil municipal d’approuver et même son ancien rival Pujol de le rejoindre dans la mythification de l’histoire coloniale. Ces gens-là sont dangereux pour la démocratie ; le fascisme est leur horizon, même s’ils font tout pour le faire oublier ils sont porteurs des orientations les plus liberticides. La solidarité, la justice sociale et l’autre aussi, ne les concernent pas le moins du monde, même si parfois ils s’en servent. Comme ils se servent d’un électorat qui a perdu en même temps le nord et le sud pour préparer le terrain pour l’avenir le plus pire. Le cordon sanitaire est plus que jamais nécessaire. Faisons le vœu que le reflexe démocratique ne soit pas sans lendemain et qu’un électorat captif retrouve ses esprits et une boussole. Au TC nous nous y emploierons. Jean-Marie Philibert

mardi 1 novembre 2022

Avecv Soulages, le noir a la parole

Avec Soulages, le noir a la parole A 102 ans, Soulages nous a quittés, mais il ne nous laisse pas seuls. Le propre des artistes est de nous laisser en partage un héritage, héritage pour toutes les générations futures, et un témoignage pour tous ceux qui, de son temps, l’ont suivi, regardé, admiré, critiqué, ignoré, peu ou mal compris. Témoignage et héritage qu’il n’est pas inutile d’interroger parce qu’il suscite plus de questions que de réponses : c’est la force de l’art de notre temps que de nous laisser souvent pantois devant des silences qui nous échappent. Chercher Avec la plus grande simplicité, et avec une économie de couleurs rare, Soulages s’est complu dans une démarche faite plus pour nous surprendre que pour nous séduire. Avec du noir, du noir et du noir, il a poussé la peinture dans ses ultimes retranchements, aux antipodes de toute représentation académique et bien plus loin que toutes les fantaisies de l’art non figuratif. Dans l’obscurité de ses tableaux, il a inventé une lumière paradoxale qui brillait des mille feux intérieurs d’un artiste riche, profond et humain à la recherche de lui-même. Le paradoxe n’est pas seulement dans la lumière : il est aussi dans la puissante spiritualité émanant d’œuvres qui la transfigurent dans un « outrenoir » comme il dit, qui fut sa marque de fabrique, après avoir été l’objet de recherches inlassables sans compromission avec l’air du temps et les modes en cours. Ecoutons Soulages Sa peinture est un « champ mental »… « Il n’y a rien à raconter sur mon tableau, il y a à ressentir… » « Ce que l’on voit devant mes toiles, c’est de la lumière transformée, transmutée par le noir. Une lumière qui vient du mur vers celui qui regarde. Du coup l’espace de la toile n’est plus sur le mur, comme dans la peinture traditionnelle, ou derrière comme dans une perspective. Il est devant » J’ai envie d’ajouter devant nous comme un être vivant. Allez à Rodez Si vous faites le voyage de Rodez, ville natale de Soulages, où la générosité de l’artiste et de son épouse a permis que soit créé un musée à son nom, dans une bâtisse en acier Corten qui est à l’image de son œuvre, vous pourrez rencontrer ces êtres et participer d’un dialogue qui enrichit, multiplie nos vies, sans les limiter à une image figée. Vous verrez aussi l’élaboration par l’artiste des vitraux qui lui avaient été commandés pour l’abbatiale de Conques, il ne se sert plus du noir pour y fabriquer sa lumière, il se sert du verre, travaillé et retravaillé, pour y faire disparaître toutes les couleurs et en multiplier les sens. Pour que votre illumination soit complète, allez jusqu’à l’abbatiale de Conques, vous nourrir d’une clarté à nulle autre pareille. Rassurez-vous, elle ne tient pas du surnaturel, elle est œuvre humaine. Elle est l’œuvre d’un homme qui a su aussi participer aux combats de son temps, qui a su faire partager les capacités de son pouvoir créatif. Elle est une richesse qu’il veut nous faire partager. Jean-Marie Philibert