les billets d'humeur de Jean Marie Philibert dans le Travailleur Catalan

Jean Marie PHILIBERT ( c'est moi ) écrit toutes les semaines un billet d'humeur dans le TRAVAILLEUR CATALAN, hebdomadaire de la fédération catalane du PCF.
Je ne peux que vous conseiller de vous abonner à ce journal qui est aujourd'hui le seul organe de presse de gauche du département des Pyrénées Orientales.
J'ai rassemblé dans ce blog quelques uns de ces billets d'humeur en rappelant brièvement les événements qu'ils évoquent

mardi 6 juin 2023

DECIVILISATEUR !

« Décivilisateur », toi-même ! Il y avait dans le langage courant, la « civilisation », dont il n’est pas utile de développer longuement le concept pour voir tout ce qu’il a apporté à l’humanité… Depuis quelques jours, après un repas (arrosé ?) à l’Elysée d’éminents sociologues autour de Macron, il y a la résurgence d’un autre concept, piqué dans la boite à idées de penseurs, éminents bien sûr aussi, le concept qui a priori semble dire le contraire du précédent de « décivilisation » dont le discours présidentiel s’est emparé pour nous aider à comprendre notre temps bouleversé. Le « dé », comme le dit le dico, vient du latin « dis » et indique l’éloignement, la séparation, la privation. Ainsi donc selon Jupiter, un fondateur de la civilisation mythologico-judéo-chrétienne et un peu capitaliste, nous serions en train de la perdre, la civilisation, de nous en éloigner inexorablement. Il est plus que temps d’en prendre conscience, de réagir face au maelstrom qui tente de nous engluer, de retrouver des fondamentaux. Ce mot serait donc la quintessence de notre temps de M… Et il n’est pas totalement inutile de s’interroger sur la volonté présidentielle de noircir les temps que nous vivons au point d’en faire le contraire de ce que nous pourrions espérer. Noircir ? Ce n’est pas au TC que nous nierons les difficultés de la vie quotidienne d’un grand nombre de nos concitoyens, les salaires, les retraites, riquiquis, l‘inflation galopante, des services publics en difficultés, le logement problématique, les droits remis en question, la ghettoïsation de la vie urbaine, la prolifération des injustices, la précarisation galopante, la soif de sécurité difficile à satisfaire, l’inquiétude du lendemain… Le tout sur fond de guerre en Ukraine, d’incertitudes internationales, d’enrichissements jamais assouvis des classes possédantes, de migrations pour échapper au pire, de désastres écologiques annoncés sous l’œil de dirigeants d’états qui donnent souvent l’impression de vivre hors sol… Et pourtant Et pourtant elle tourne, aurait dit Galilée, à propos de cette terre et de ses noirceurs. Et pourtant les peuples, les consciences, les soifs de changements, de progrès, de justice, de liberté s’expriment sans discontinuer, avec une force surprenante. Observez la bataille des retraites ici, les grèves en Grande Bretagne, les révoltes iraniennes, la permanence d’une lutte des opprimés pour un monde plus humain, la persistance des femmes et hommes de culture et de sciences à ne jamais en rabattre sur leur prétention à comprendre et à améliorer nos vies, la soif de la jeunesse mondiale à bénéficier d’une éducation à la hauteur d’un monde de progrès, l’aspiration partagée à un monde digne et à une nature préservée. Tu oublies la dialectique, Manu Des temps compliqués certes, où les contraires s’exacerbent, ça s’appelle la dialectique, Manu, sur un fond d’inquiétude grandissante qu’il est plus facile d’exagérer que de combattre. Le Macron sait faire, en donneur de leçon autocrate qui pense pour nous, parce qu’il se méfie de nous. Observons sa surdité à entendre le mouvement social, à court-circuiter le parlement, à courir après l’idéologie nauséabonde du Rassemblement national qui se nourrit d’une désespérance provoquée, jamais combattue. Là il apporte son eau pourrie au moulin de Marine. Comme si nous étions condamnés à nous écraser avec tous nos espoirs sur le mur du cimetière du progrès au nom d’une fatalité qui bien sûr ne peut que nous dépasser. Notre pessimisme lui irait si bien ! Sa « décivilisation » c’est son programme, ce sont ses choix politiques, ceux de sa clique et ceux d’un patronat : ils veulent sauver un système d’exploitation capitaliste en nous expliquant que le pire est à venir. Faute d’agir sur le monde, Macron invente un vocabulaire de fin de monde dont il serait un des rares à saisir l’histoire. Cretinus ! Il n’a pas vu dans les dernières semaines que le peuple, au fil de journées de luttes ininterrompues, continue lucidement à écrire l’histoire, sans lui et contre lui dans les rues de Prades, de Céret, de Perpignan, de France, de Navarre et d’ailleurs aussi. Jean-Marie Philibert.