les billets d'humeur de Jean Marie Philibert dans le Travailleur Catalan

Jean Marie PHILIBERT ( c'est moi ) écrit toutes les semaines un billet d'humeur dans le TRAVAILLEUR CATALAN, hebdomadaire de la fédération catalane du PCF.
Je ne peux que vous conseiller de vous abonner à ce journal qui est aujourd'hui le seul organe de presse de gauche du département des Pyrénées Orientales.
J'ai rassemblé dans ce blog quelques uns de ces billets d'humeur en rappelant brièvement les événements qu'ils évoquent

lundi 23 septembre 2024

LE SENS D'UN PROCES

Le sens d’un procès L’actualité n’est pas que politique, elle bruisse de toutes sortes de bruits qui ne sentent pas toujours la rose, mais qui ont des choses à nous dire sur notre monde. Ainsi les faits divers. Ils peuvent nous amuser parce qu’ils dérogent à ce qui est attendu. Ils peuvent nous inquiéter en nous confrontant à des situations qui sortent des normes. L’accident, les turpitudes, les comportements coupables et leurs victimes surprennent nos sentiments, éveillent des réactions compréhensibles pour tous ceux qui aspirent au calme, à la sérénité. La presse, les médias en font leur quotidien parce qu’ils ont perçu notre intérêt curieux devant les méandres des comportements humains. Punir le viol Avec le procès de Dominique Pélicot et de sa kyrielle d’acolytes qui occupent les assises du Vaucluse nous sommes confrontés au « nec plus ultra » du fait divers sur un domaine, la sexualité, les relations de couples, les rapports hommes-femmes. Les attentes sociales ont changé. L’inégalité foncière qui a été au cœur de la place faite au mâle dominant a changé, les luttes féministes, celles des femmes, mais aussi de certains hommes, ont bousculé les consciences, au point de mettre de la liberté et du respect d’autrui là où il n’y en avait pas… dans le monde judéo-chrétien, ne parlons pas du reste. La justice a avancé, à son rythme… lent. Il a fallu des procès, des avocats célèbres pour dépénaliser l’avortement, reconnaître et punir le viol, sortir l’idéologie masculine dominante de sa complaisance à voir son horizon limité au pénis de monsieur. Le droit a mis du temps et il continue à en mettre, pour reconnaître l’égale dignité des sexes dans une réciprocité qu’il importe de construire ardemment. Urgemment ! Le pire Avec le procès du Vaucluse, nous voyons le pire dans les comportements. Dans l’impensable, mais pas dans l’impensé. Tout a été monté, organisé, pour être partagé entre prédateurs aux dépens de Gisèle Pélicot offerte comme une proie aux désirs obsessionnels de son conjoint dont elle découvre la duplicité cachée, la perversion résolue à humilier celle qui partage sa vie. Il cultivait ses fantasmes, en les faisant partager dans une démarche de groupes qu’il invitait à assouvir des pulsions de viol, sans les risques qui vont avec. Une victime chimiquement endormie et des dizaines de participants, comme pour diluer les responsabilités de tous ces sbires à la conscience enfuie. L’attitude de la victime, sa volonté d’un procès public, le soutien de ses enfants, la dévastation personnelle et morale qu’elle tente d’assumer avec dignité, force un respect que les avocats de la défense ne partagent pas toujours. S’ils pouvaient en faire la complice de son conjoint… On comprend qu’ils aient du mal à trouver des arguments pour réduire la responsabilité de leurs clients. Ils n’y parviendront pas (même avec le soutien du Maire de Mazan qui semble satisfait que si crimes il y a, il n’y a pas « mort d’hommes »). Marquer des points Parce que devant la violence des faits, leur multiplicité, leur horreur nauséabonde, la résonance qu’ils trouvent dans l’opinion, il est important de marquer des points décisifs dans le patriarcat qui empoisonne la sexualité et qui a beaucoup de mal à sortir la femme d’une soumission dans laquelle il voudrait continuer à la voir piégée. Il y faudra sans doute d’autres faits divers, mais un mouvement est en marche : il concerne tous ceux femmes et hommes qui sont convaincus qu’il est temps d’en finir avec la toute-puissance d’une libido masculine, folle et sans morale. Jean-Marie Philibert