Le FN, l'Eglise et la boite de Pandore

LE FN, L’EGLISE ET LA BOITE DE PANDORE.

Quand vous lirez ces lignes, le Mal aura été fait. Comme le titre un grand quotidien de référence de ce jour, jeudi 27 août, « L’église ne tourne plus le dos au FN ». Le samedi 29 août il est prévu que Marion-Maréchal-Le Pen  député FN du Vaucluse participe à une table ronde des universités d’été de la Sainte-Baume, organisée par le diocèse du Var. Cette manifestation est une initiative de l’Observatoire sociopolitique fondé en 2005 par l’évêque de Fréjus-Toulon. Le monsignori actuel de Toulon  sera lui-même présent à la table ronde. Il défend l’invitation lancé au FN : « Le FN est un parti comme un autre sur l’échiquier politique. Il faut faire preuve de réalisme, ne pas se boucher les yeux et les oreilles. » Et le nez ?

Les observateurs ne disent pas si Monsignor avait un masque à gaz.

Un coup de puce électoral ?

Mais la rencontre a eu lieu ; elle marque  une rupture incontestable pour l’église catholique qui jusque-là s’était gardée d’établir des ponts avec les représentants d’un parti pour qui la fraternité, l’amour du prochain ne pouvaient avoir que la couleur blanche. Même si, ici ou là, des signes pouvaient laisser prévoir une évolution, ainsi dans le département du Vaucluse dont l’évêque ne semblait pas insensible au discours musclé du FN. Cela se déroule en PACA, sur des terres où le FN, et Marion Maréchal en particulier, ont des ambitions politiques prononcées, peut-être même le grand-père (en disgrâce) n’a pas dit son dernier mot.

Tout cela pour le FN ne tombe pas du ciel (sans mauvais jeu de mot), mais entre dans sa stratégie de dédiabolisation, dans un ancrage idéologique affirmé sur des valeurs  sociales et culturelles traditionnelles, pour ne pas dire réactionnaires, comme la famille, le mariage, le droit à la vie, la fin de vie, dans le souci de s’insérer dans tout le tissu social qui porte la marque d’un christianisme pur jus, comme sa participation au pèlerinage de Chartres à la Pentecôte. Sur ce terrain, la Marion pousse le bouchon plus loin que la Marine, plus foutraque,  qui, elle, pratique davantage le racolage tous azimuts des valeurs républicaines : il n’est donc pas étonnant que les milieux ecclésiastiques la choisissent la petite fille plus bcbg. Le partage des tâches est organisé.  Que tous ceux qui ne voient pas là des intentions électoralistes aillent consulter leur ophtalmologiste !

Perdre son âme ?

Mais l’église, qu’a-t-elle à espérer en s’embarquant dans cette galère ? Si ce n’est, et ce serait grave, de risquer de perdre son âme (geste suicidaire pour une église) en se rapprochant d’une bande d’allumés qui fait son beurre dans la haine de l’autre, dans le refus de la différence, dans l’ostracisme de tout ce qui est étranger, maghrébin, noir, et autres, dans la suprématie de la race blanche, dans la ségrégation des populations immigrées et de toutes les politiques qui vont avec. Observons ce que font les quelques élus FN dans les communes qu’ils administrent, ils flattent les instincts les plus bas.

On aurait pu croire que l’expérience de l’occupation allemande, de l’antisémitisme, de la déportation, aurait servi de leçon pour toujours. Eh bien non ! Une religion qui prône l’amour du prochain, une fraternité universelle, la plus grande vigilance dans le respect de toutes les formes d’humanité peut-elle accepter de se compromettre avec ceux qui n’en veulent pas ? On évoque un renouveau catholique autour d’ « un catholicisme d’identité » qui prendrait le contre-pied du relativisme dominant : a-t-on là une de ses manifestations ?

Pactiser avec le FN n’est pas innocent, c’est une faute. C’est ouvrir la boîte de Pandore, dont il peut sortir toutes les misères humaines que Zeus  y avait enfermées.

Restons donc sur terre avec ceux qui croient au ciel ou ceux qui n’y croient pas, mais battons-nous avec tous ceux qui ne veulent plus qu’elle ressemble à une vallée de larmes. Le FN n’en est pas !

Jean-Marie Philibert

ça va chahuter

Ça va chahuter

L’enseignant que je fus, que je reste,  peut difficilement rester indifférent à ce moment de l’année scolaire où des milliers et des milliers de jeunes vont se retrouver dans des classes (le plus souvent avec plaisir) pour affronter une étape nouvelle de leur formation, face à des maîtres (le mot a vieilli, mais le sens perdure) qui vont tenter de se montrer à la hauteur des enjeux. Tâche difficile !

Chaque enseignant va y aller avec sa personnalité, son expérience, ses ambitions, ses doutes. Mais ils vont y aller, très nombreux, avec courage et lucidité. Et puis quelques-uns, bien rares, heureusement, un peu moins vaillants peut-être, un peu moins lucides, fatigués par des années scolaires qui les ont convaincus qu’ils ont définitivement perdu tout pouvoir, que ce métier n’est pas fait pour eux, qu’être chahutés est leur destin, reprendront silencieux le chemin de l’école et continueront à ne pas servir à grand-chose, si ce n’est à laisser quelques souvenirs impérissables à des élèves rigolards.

Une métaphore

Ils sont à côté de leurs pompes, ils sont souvent fragilisés par les aléas de la vie, ils vont chercher à donner à leur démission tous les justificatifs possibles. La fatalité du monde… Ils font peine et sont les premières victimes d’eux-mêmes. On ne les écoute plus… on rigole. J’y vois une métaphore…

Ils sont comme Hollande et sa bande. Hollande, Valls et consort, eux aussi, ont perdu toute crédibilité, mais ils continuent comme s’ils se satisfaisaient d’être là pour ne pas servir à grand-chose et durer. La seule différence avec les professeurs chahutés, c’est qu’ils ne nous laisseront pas des souvenirs renversants et hilarants, que leur innocence est feinte, et que les victimes, c’est nous.

Par exemple sur la question du chômage, Hollande avait fait son matamore au début de son mandat : l’ambition s’est dégonflée tandis que le nombre de chômeurs gonflait. Sur le droit du travail régulièrement mis à mal, sur la précarité qui prolifère, sur la souffrance sociale laissée sans réponse, quelle confiance accorder à la parole gouvernementale. D’autant que dans le même temps on fait ami-ami avec les patrons, ils n’ont plus besoin de demander quoi que ce soit, leurs désirs sont exaucés à l’avance. On se dit de gauche, mais on fait dans le libéralisme le plus échevelé. Le Ministre du Travail a compris qu’il ne servait plus à rien, il est rentré à Dijon et on ne se bouscule pas pour le remplacer. La machine gouvernementale tourne à vide.

Aucune bonne nouvelle

Le pouvoir d’achat est au trente-sixième dessous et rien n’est visible à l’horizon pour annoncer une bonne nouvelle. Aucun projet d’envergure, aucune vision politique large, si ce n’est remplacer Montpellier par Toulouse comme capitale régionale et poursuivre la dégringolade des protections sociales…

Pas étonnant dans ces conditions que la classe n’ait pas envie d’être attentive et ne puisse accorder la moindre valeur à des « maîtres » de cet acabit qui ne semblent plus savoir que tout discours qui joue à ce point avec le sens des mots est une perversion. Quand on cherche plus à travestir le réel qu’à le dire et le décrire, quand les mots et les choses font le grand écart, comment prétendre solliciter la moindre écoute et imposer le moindre respect. Le propre de ces bonimenteurs-là est de vivre dans une stratosphère où la vie est moins pénible qu’ailleurs.

Ils n’oublient qu’une chose que les humains que nous sommes, ici et maintenant, ont les pieds sur une terre qui leur appartient. Nous avons plus que jamais l’ambition de nous l’approprier, pas à moitié, entièrement. Attention ça va chahuter !

Jean-Marie Philibert.