les billets d'humeur de Jean Marie Philibert dans le Travailleur Catalan

Jean Marie PHILIBERT ( c'est moi ) écrit toutes les semaines un billet d'humeur dans le TRAVAILLEUR CATALAN, hebdomadaire de la fédération catalane du PCF.
Je ne peux que vous conseiller de vous abonner à ce journal qui est aujourd'hui le seul organe de presse de gauche du département des Pyrénées Orientales.
J'ai rassemblé dans ce blog quelques uns de ces billets d'humeur en rappelant brièvement les événements qu'ils évoquent

mardi 25 août 2015

ça va chahuter



Ça va chahuter
L’enseignant que je fus, que je reste,  peut difficilement rester indifférent à ce moment de l’année scolaire où des milliers et des milliers de jeunes vont se retrouver dans des classes (le plus souvent avec plaisir) pour affronter une étape nouvelle de leur formation, face à des maîtres (le mot a vieilli, mais le sens perdure) qui vont tenter de se montrer à la hauteur des enjeux. Tâche difficile !
Chaque enseignant va y aller avec sa personnalité, son expérience, ses ambitions, ses doutes. Mais ils vont y aller, très nombreux, avec courage et lucidité. Et puis quelques-uns, bien rares, heureusement, un peu moins vaillants peut-être, un peu moins lucides, fatigués par des années scolaires qui les ont convaincus qu’ils ont définitivement perdu tout pouvoir, que ce métier n’est pas fait pour eux, qu’être chahutés est leur destin, reprendront silencieux le chemin de l’école et continueront à ne pas servir à grand-chose, si ce n’est à laisser quelques souvenirs impérissables à des élèves rigolards.
Une métaphore
Ils sont à côté de leurs pompes, ils sont souvent fragilisés par les aléas de la vie, ils vont chercher à donner à leur démission tous les justificatifs possibles. La fatalité du monde… Ils font peine et sont les premières victimes d’eux-mêmes. On ne les écoute plus… on rigole. J’y vois une métaphore…
Ils sont comme Hollande et sa bande. Hollande, Valls et consort, eux aussi, ont perdu toute crédibilité, mais ils continuent comme s’ils se satisfaisaient d’être là pour ne pas servir à grand-chose et durer. La seule différence avec les professeurs chahutés, c’est qu’ils ne nous laisseront pas des souvenirs renversants et hilarants, que leur innocence est feinte, et que les victimes, c’est nous.
Par exemple sur la question du chômage, Hollande avait fait son matamore au début de son mandat : l’ambition s’est dégonflée tandis que le nombre de chômeurs gonflait. Sur le droit du travail régulièrement mis à mal, sur la précarité qui prolifère, sur la souffrance sociale laissée sans réponse, quelle confiance accorder à la parole gouvernementale. D’autant que dans le même temps on fait ami-ami avec les patrons, ils n’ont plus besoin de demander quoi que ce soit, leurs désirs sont exaucés à l’avance. On se dit de gauche, mais on fait dans le libéralisme le plus échevelé. Le Ministre du Travail a compris qu’il ne servait plus à rien, il est rentré à Dijon et on ne se bouscule pas pour le remplacer. La machine gouvernementale tourne à vide.
Aucune bonne nouvelle
Le pouvoir d’achat est au trente-sixième dessous et rien n’est visible à l’horizon pour annoncer une bonne nouvelle. Aucun projet d’envergure, aucune vision politique large, si ce n’est remplacer Montpellier par Toulouse comme capitale régionale et poursuivre la dégringolade des protections sociales…
Pas étonnant dans ces conditions que la classe n’ait pas envie d’être attentive et ne puisse accorder la moindre valeur à des « maîtres » de cet acabit qui ne semblent plus savoir que tout discours qui joue à ce point avec le sens des mots est une perversion. Quand on cherche plus à travestir le réel qu’à le dire et le décrire, quand les mots et les choses font le grand écart, comment prétendre solliciter la moindre écoute et imposer le moindre respect. Le propre de ces bonimenteurs-là est de vivre dans une stratosphère où la vie est moins pénible qu’ailleurs.
Ils n’oublient qu’une chose que les humains que nous sommes, ici et maintenant, ont les pieds sur une terre qui leur appartient. Nous avons plus que jamais l’ambition de nous l’approprier, pas à moitié, entièrement. Attention ça va chahuter !
Jean-Marie Philibert.

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