Ça va
chahuter
L’enseignant
que je fus, que je reste, peut
difficilement rester indifférent à ce moment de l’année scolaire où des
milliers et des milliers de jeunes vont se retrouver dans des classes (le plus
souvent avec plaisir) pour affronter une étape nouvelle de leur formation, face
à des maîtres (le mot a vieilli, mais le sens perdure) qui vont tenter de se
montrer à la hauteur des enjeux. Tâche difficile !
Chaque
enseignant va y aller avec sa personnalité, son expérience, ses ambitions, ses
doutes. Mais ils vont y aller, très nombreux, avec courage et lucidité. Et puis
quelques-uns, bien rares, heureusement, un peu moins vaillants peut-être, un
peu moins lucides, fatigués par des années scolaires qui les ont convaincus
qu’ils ont définitivement perdu tout pouvoir, que ce métier n’est pas fait pour
eux, qu’être chahutés est leur destin, reprendront silencieux le chemin de
l’école et continueront à ne pas servir à grand-chose, si ce n’est à laisser
quelques souvenirs impérissables à des élèves rigolards.
Une
métaphore
Ils sont à
côté de leurs pompes, ils sont souvent fragilisés par les aléas de la vie, ils
vont chercher à donner à leur démission tous les justificatifs possibles. La
fatalité du monde… Ils font peine et sont les premières victimes d’eux-mêmes.
On ne les écoute plus… on rigole. J’y vois une métaphore…
Ils sont
comme Hollande et sa bande. Hollande, Valls et consort, eux aussi, ont perdu
toute crédibilité, mais ils continuent comme s’ils se satisfaisaient d’être là
pour ne pas servir à grand-chose et durer. La seule différence avec les
professeurs chahutés, c’est qu’ils ne nous laisseront pas des souvenirs
renversants et hilarants, que leur innocence est feinte, et que les victimes,
c’est nous.
Par exemple
sur la question du chômage, Hollande avait fait son matamore au début de son
mandat : l’ambition s’est dégonflée tandis que le nombre de chômeurs
gonflait. Sur le droit du travail régulièrement mis à mal, sur la précarité qui
prolifère, sur la souffrance sociale laissée sans réponse, quelle confiance
accorder à la parole gouvernementale. D’autant que dans le même temps on fait
ami-ami avec les patrons, ils n’ont plus besoin de demander quoi que ce soit,
leurs désirs sont exaucés à l’avance. On se dit de gauche, mais on fait dans le
libéralisme le plus échevelé. Le Ministre du Travail a compris qu’il ne servait
plus à rien, il est rentré à Dijon et on ne se bouscule pas pour le remplacer.
La machine gouvernementale tourne à vide.
Aucune
bonne nouvelle
Le pouvoir
d’achat est au trente-sixième dessous et rien n’est visible à l’horizon pour
annoncer une bonne nouvelle. Aucun projet d’envergure, aucune vision politique
large, si ce n’est remplacer Montpellier par Toulouse comme capitale régionale
et poursuivre la dégringolade des protections sociales…
Pas
étonnant dans ces conditions que la classe n’ait pas envie d’être attentive et
ne puisse accorder la moindre valeur à des « maîtres » de cet acabit
qui ne semblent plus savoir que tout discours qui joue à ce point avec le sens
des mots est une perversion. Quand on cherche plus à travestir le réel qu’à le
dire et le décrire, quand les mots et les choses font le grand écart, comment
prétendre solliciter la moindre écoute et imposer le moindre respect. Le propre
de ces bonimenteurs-là est de vivre dans une stratosphère où la vie est moins
pénible qu’ailleurs.
Ils
n’oublient qu’une chose que les humains que nous sommes, ici et maintenant, ont
les pieds sur une terre qui leur appartient. Nous avons plus que jamais
l’ambition de nous l’approprier, pas à moitié, entièrement. Attention ça va
chahuter !
Jean-Marie
Philibert.
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