les billets d'humeur de Jean Marie Philibert dans le Travailleur Catalan

Jean Marie PHILIBERT ( c'est moi ) écrit toutes les semaines un billet d'humeur dans le TRAVAILLEUR CATALAN, hebdomadaire de la fédération catalane du PCF.
Je ne peux que vous conseiller de vous abonner à ce journal qui est aujourd'hui le seul organe de presse de gauche du département des Pyrénées Orientales.
J'ai rassemblé dans ce blog quelques uns de ces billets d'humeur en rappelant brièvement les événements qu'ils évoquent

mardi 27 août 2019

confusions usapistes


Confusions usapistes

Après une saison sportive pathétique qui a fait bien du mal aux authentiques usapistes, ne voilà-t-il pas que lors du premier match de la saison, le président de l’équipe semble vouloir se lancer  dans des aventures politiques où tout le monde a à perdre, l’équipe, ceux qui la soutiennent, et tous les démocrates de Perpignan et d’ailleurs. Et sans doute lui aussi. En plastronnant avec  Ménard, Alliot (FN maquillés ou non maquillés comme vous voulez), en y ajoutant Amiel, élu et candidat de droite, et le roi de la casserole, alias maire du Barcares, il fait le faux pas politique qui ne peut que nuire à une équipe qui a besoin, sur le terrain, de la plus grande attention et de la plus grande lucidité. Très-très loin de manœuvres politiques indignes.

un zeste de vaseline


Une baisse programmée des pensions

Où est  passé le jeune président arrogant et méprisant ? Après un début de règne où il s’est cru tout permis, jusqu’à se prendre pour Jupiter, ne voilà-t-il pas qu’il s’humaniserait un peu. La preuve, par les retraites. Encore que… il faut y regarder de près pour avoir une appréciation lucide du sens de la manœuvre. Parce que manœuvre il y a.

Rappel des épisodes précédents.

La réforme des retraites est depuis le début de son mandat un objectif affiché dans la logique  globale de la remise en cause des droits sociaux ( voir code du travail) et de destruction d’un modèle français de protection sociale  forte qui fait tache dans un monde libéral qui veut que le travailleur travaille sans protection (dans tous les sens du terme). D’où la mission confiée à Jean-Paul Delevoye, haut-commissaire à la réforme qui a pris plusieurs mois de discussion pour faire des propositions qui ne satisfont … aucune organisation, si ce n’est la patronat, qui chamboule tout, au nom de la justice et de la clarté, qui se présente comme un système universel et qui aboutit à ce que personne avant son départ à la retraite ne sache exactement ce que seront ses revenus. Voilà pour le progrès.

Quant aux détails, ils éclairent la démarche. Vous passerez votre vie de travail à acheter des points, mais vous ne connaîtrez la valeur du point qu’au moment de la retraite. Votre âge de départ ne sera plus 62 ans, mais 64 si vous voulez le taux plein. La reversion remet en cause des situations actuelles. Le tout sur fond d’économies à réaliser, alors que selon le Conseil d’Orientation des retraites nous sommes presque à l’équilbre.

Cerise sur le gâteau, l’enveloppe globale des dépenses pour la retraite qui représente un peu plus de 13% du PIB devra rester stable, ce qui signifie que comme les retraités seront plus nombreux, (horreur, ils vivront plus longtemps), ils toucheront moins. C’est fait pour ça !

Mais soyez tranquille : il n’est plus question de passer en force. Le gouvernement va concerter. En clair ne rien changer sur le fond et ajouter un zeste de vaseline. Et le tour est joué. Les syndicats préparent la riposte, souhaitons-la la plus massive et unitaire possible.

JMP

Sur les sommets


Sur les sommets

L’été, il y a les fanas de la mer, de la plage et du soleil, mais il y a aussi des amoureux de la montagne et des sommets qui n‘ont de cesse de s’aventurer toujours plus haut, comme s’ils étaient possédés d’un irrépressible besoin de se rapprocher du ciel. Macron, dans sa duplicité congénitale, en baptisant sommet (du G7) la rencontre de quelques puissants du monde à Biarritz, en bordure de l’océan, est fidèle à son image et à sa courte histoire de magicien de pacotille, capable de mettre la mer à la montagne et la montagne à la mer. Et nous allons voir que dans l’actualité internationale, nationale, régionale et ultra-locale, les abuseurs de son espèce sont légions. Ce sera l’occasion de relancer une humeur que les vacances avaient sans doute assoupie.

Le sommet de la montagne à la mer

Regarder la magie du  sommet de Biarritz. Ils ne sont d’accord sur rien, si ce n’est faire suer le burnous aux peuples et remplir les poches de leurs copains capitalistes et ils s’entendent comme larrons en foire pour faire bombance et disserter sur des thèmes qui visiblement leur sont totalement étrangers, en particulier celui des inégalités. Ils veulent faire croire que les inégalités vont bientôt appartenir au passé, que les pays riches qu’ils dirigent vont participer dans un élan de générosité irrépressible à une redistribution des richesses qui fera en sorte que les pèquenauds d’ici et d’ailleurs sans vivre dans l’opulence, certes, auront de quoi satisfaire leurs besoins. Fini donc la mendicité au coin des rues, les sdf par milliers, la précarité généralisée, l’exclusion sociale comme norme intangible. Les mêmes depuis des années ont fait tout le contraire et ont fait exploser les inégalités. Nous prendraient-ils pour des imbéciles ? Mais oui ! Bien sûr !

Et la seule chose importante du dernier weekend en pays basques fut le contre-sommet qui a dénoncé la supercherie, qui a rappelé les véritables exigences écologistes, qui a renvoyé tous ces tartuffes à leurs mensonges, qui a ouvert la voie au rassemblement de ceux qui résistent.

L’unité passe par des sommets escarpés

Encore que le rassemblement, c’est rarement simple. Pour le réussir il faut le plus souvent être unitaire pour soi, bien sûr, mais aussi pour tous les autres qui arguent parfois de l’unité pour mieux s’asseoir dessus et tirer les marrons du feu. Mon expérience syndicale m’a donné des convictions en la matière que les aléas de la vie sociale, politique me font quotidiennement vérifier. Prenons la bataille nationale sur les retraites, chacun y va de sa détermination, de son rejet, de la nécessité de mobiliser, mais chacun y va de sa date, de sa stratégie, de son indépendance, comme si c’était là l’essentiel. On atteint des sommets d’atermoiements, au détriment de l’efficacité immédiate. Celui qui se contentera de prôner l’unité et d’accepter les compromis qu’elle suppose passera pour un couillon, au pire comme un traitre. Ne pas avoir pris conscience qu’une telle démarche est avant tout improductive (c’est un euphémisme) me donne le sentiment que le mouvement social n’a pas atteinte des sommets. Nous faisons avec. L’épisode gilets jaunes l’a compliqué un peu plus.

Un sommet de solitude

A l’ultra-local, c’est pareil. Suivez les péripéties que doit affronter l’hypothèse d’une liste de gauche aux prochaines municipales de Perpignan. Pas dans 15 ans, dans quelques mois. Une possibilité existe d’affronter un second tour avec quelques chances. Entre la droite, éclatée (jusqu’à quand ?), l’extrême droite maquillée BCBG, les marcheurs en embuscade et les carences des sortants qui se lisent sur les murs, une soif de changement est indéniable. Les partisans de l’union sont nombreux, Ils ont déjà travaillé ensemble, dressé quelques perspectives. Il y a là des gens d’horizons différents, avec carte, sans carte, avec des passés militants ou sans,  avec une détermination qui a fait ses preuves, des anciens et des nouveaux, tous ancrés bien à gauche. Et puis il y a quelques zozos qui pensent qu’ils vont pouvoir grâce à un pouvoir extralucide et des chevilles qui enflent réinventer une gauche pur jus, tellement pur jus qu’elle ne doit pas tomber dans n’importe quelle main impure. Ils savent eux seuls où est la pure pureté. Ils se répandent en tentant de casser ce qui se construit, en disant du mal de tout ce qui est impur et qui n’est pas eux, eux et eux, comme s’ils se préparaient à un sommet de solitude durable. A nous la dégringolade ! Ils oublient les autres, le monde, la ville, le rassemblement et la seule voie possible pour sortir de l’ornière. Il n’y a pas que Macron qui nous prend pour des imbéciles.

Jean-Marie Philibert