les billets d'humeur de Jean Marie Philibert dans le Travailleur Catalan

Jean Marie PHILIBERT ( c'est moi ) écrit toutes les semaines un billet d'humeur dans le TRAVAILLEUR CATALAN, hebdomadaire de la fédération catalane du PCF.
Je ne peux que vous conseiller de vous abonner à ce journal qui est aujourd'hui le seul organe de presse de gauche du département des Pyrénées Orientales.
J'ai rassemblé dans ce blog quelques uns de ces billets d'humeur en rappelant brièvement les événements qu'ils évoquent

mercredi 27 juillet 2022

la colère, le mot et la chose

 

Et  un petit texte poétique ; pour marquer la trêve des vacances !

La colère, le mot et la chose

Il y a les mots de tous les jours, les mots de l’actualité, de ce qui se fait ou ne se fait pas.

Et puis il y les mots plus rares, ceux qui l’on se réserve à soi-même pour se les raconter les jours d’interrogations, de doute, les mots qui nous constituent, au jour le jour, pour nous faire ce que nous sommes.

Ainsi du mot « colère » qui me turlupine.

Parce qu’il fait désordre, il bouscule, il faut s’en méfier, le calmer, le cacher, l’enrubanner pour ne pas choquer.

« Pas un mot plus haut que l’autre ! »

M’a-t-on répèté à satiété pour dompter une colère envahissante.

Ma « bonne » éducation s’arrête un instant devant ce précepte

Imbécile et in-hu-main.

Elle rigole, tant et plus, devant tant de méconnaissance

De ma puissance vocale, comme de ma conscience.

Les orages, les éclairs, le tonnerre, les éruptions intempestives, les vociférations folles

Sont des signes que le corps, la tête et le reste fonctionnent, encore,

Avec la colère qui va avec.

Ma colère ne se susurre pas,

Ne s’excuse pas d’être ce qu’elle est, violente, méchante, indomptable.

De vivre sa vie malgré le temps qui passe.

Elle ne supporte pas la mièvre sollicitude des oreilles sensibles.

 Elle respire,

Elle rue,

Quand il faut moucher les morveux,

Qui attendaient une mansuétude qu’ils savaient pourtant impossible.

Elle se libère quand tous les normalisés tentent de faire souffrir, d’ostraciser, comme ils le font.

Elle est très malheureuse de voir des êtres que j’aime ne pas prendre conscience de la peine qu’ils  font.

Elle regimbe, sort par les yeux, électrise les neurones,

Mais elle ne se tait pas.

Le respect est à la dignité ce que les bulles sont au champagne.

J’ai besoin des bulles. Nous voulons des bulles.

J’aime tous ceux qui aiment les bulles,

Tous ceux qui ne craignent pas de les faire éclater,

Pour toutes les causes qui le méritent, pour toutes les valeurs  qui y jouent leur survie..

La dignité un peu conne qui n’a de cesse de me chatouiller en est une.

J’y tiens !

Il y a des mots plus hauts que les autres :

Ils le méritent.

Jean-Marie Philibert.