les billets d'humeur de Jean Marie Philibert dans le Travailleur Catalan

Jean Marie PHILIBERT ( c'est moi ) écrit toutes les semaines un billet d'humeur dans le TRAVAILLEUR CATALAN, hebdomadaire de la fédération catalane du PCF.
Je ne peux que vous conseiller de vous abonner à ce journal qui est aujourd'hui le seul organe de presse de gauche du département des Pyrénées Orientales.
J'ai rassemblé dans ce blog quelques uns de ces billets d'humeur en rappelant brièvement les événements qu'ils évoquent

mardi 28 novembre 2023

DE LA TREVE A LA PAIX

De la trêve à la paix Enfin les armes se sont tus, pour une courte trêve : libérer des otages, permettre aux habitants de Gaza de prendre conscience des destructions, autoriser les camions à pénétrer dans l’enclave pour apporter de quoi survivre, tenter de retrouver ses amis, sa maison, ce qu’il en reste, mesurer la désolation, les deuils, concevoir un avenir, sauver sa peau, celle de ceux que l’on aime, reprendre une vie « normale », travailler , soigner, éduquer, se savoir enfermé… La liste est incommensurablement longue de la vie à retrouver pour les gazaouis : quatre jours, c’est bien peu. Les jours d’après que seront-ils ? La poursuite de l’offensive israëlienne … Une explosion généralisée … Une tentative de faire durer la trêve… Ou bien la tentation de la paix pour deux peuples que des décennies d’affrontements ont déchirés. La difficulté La difficulté tient peut-être au fait que cette terre-là est celle qui a vu naître les religions monothéistes. Depuis Rome et même avant les emprises y furent nombreuses, variées. Nos croisades y sont allées mettre leur grain de sel. Au temps des colonies, les Britanniques en prennent le contrôle. Se développe au XIX° siècle un mouvement sioniste qui jette les bases d’un foyer national juif en Palestine, contesté par les pays arabes. L’immigration se développe au XX°. En 1947 le Royaume Uni met fin à son mandat et l’Onu partage la Palestine entre un état arabe et un état juif. Des vagues d’immigrants viennent en Israël. L’état de guerre avec les pays arabes est continuel. Des populations marginalisées L’état arabe n’a jamais existé, les populations palestiniennes sont restées marginalisées, soumises à des contrôles de plus en plus violents d’un état israëlien qui se prenait pour le maître du monde. On a comparé Gaza à une prison à ciel ouvert. Des forces politiques s’y sont développées, Le Fatah d’abord en partie marginalisé, puis le Hamas entre autres prônant la destruction des juifs. Une identité éclatée, mais une même souffrance ! La communauté internationale, les états arabes, l’Egypte, et surtout les Etats-Unis tentent de gérer ce qui peut l’être. Dans un melting-pot que j’ai réduit à l’essentiel. Les diasporas juives et palestiniennes complètent un tableau des plus sombres où la plus grande des urgences est de se donner l’ambition d’y implanter une paix durable. Une paix durable Mais la paix n’est pas, si le puissant refuse à celui ou celle qui l‘est moins la capacité de vivre, si la subordination d’un groupe par un autre est l’obsession constante. Construire la paix, alors que les armes sont là, que les esprits sont passionnés, que les va-t-en-guerre restent à la manœuvre. Construire la paix avec ceux qui ont enfin compris que c’est la seule voie possible. Construire la paix pour en finir avec les violences qui brisent les vies. Construire la paix pas à pas, en se parlant et s’écoutant. Construire la paix en sortant des murailles derrière lesquelles on s’abrite. Construire la paix en étant enfin convaincu que deux états indépendants, souverains, libres, peuvent vivre côte à côte en se respectant. Jean-Marie Philibert

mardi 14 novembre 2023

LA DIFFICILE GESTATION D'UNE COMMUNAUTE HUMAINE

La difficile gestation d’une communauté humaine. J’ai toujours beaucoup d’hésitations à me lancer dans les commentaires de la politique internationale, j’ai le sentiment que tellement de choses m’échappent je ne peux que dire des bêtises. Mes hésitations sont accrues quand cette actualité est l’objet de toutes sortes d’horreurs guerrières, terroristes, sanguinaires où la mort compte seule, où les esprits sont tellement échauffés qu’ils sont dans l’incapacité d’entendre raison et où mon pacifisme (pas que le mien d’ailleurs) est complètement hors sujet. Alors qu’il devrait être la seule issue viable ! Tous les problèmes du monde me concernent. Je vais donc chercher à contourner la difficulté, en traitant de l’ordre-désordre de notre planète dans ses dimensions globales, parce que ce qui se passe à Gaza, en Israël, en Arménie, et partout où les armes grondent et où les hommes meurent, dépasse toutes les frontières et met en jeu un équilibre-déséquilibre mondial. Pendant des décennies, des puissances (super !) s’en sont crues les dépositaires sans demander un quelconque avis à quiconque, en s’appuyant sur leurs puissances militaires, économiques, financières, même géographiques et culturelles. La liste n’est pas exhaustive. Sûres qu’elles étaient de leur supériorité, ces super puissances se sont tout autorisées. Aux siècles derniers, à coloniser des pays, à exploiter leurs richesses, à soumettre leurs habitants pour leur apporter bien sûr une civilisation qui devait les faire rêver. Les super puissances à la manœuvre Un monde partagé entre colonisateurs et colonisés. … jusqu’au moment où il a fallu prendre la poudre d’escampette ou/et s’adapter. Le monde a ensuite connu l’affrontement des deux blocs, américain et soviétique, dont nous vivons quelques séquelles encore. Les superpuissances sont restées à la manœuvre. L’Europe, l’Occident ont occupé les avant-postes du libéralisme capitaliste mondialisé et bien sûr, nous avec. Avec l’ambition d’’en rabattre le moins possible, et pour les riches et puissants de l’être toujours plus. L’illusion d’une paix improbable et un développement économique réel, surtout inégalitaire, « semblaient » faire l’objet d’un consensus, fragile. Piégé ? Mais ce monde-là à force de regarder son nombril, son escarcelle, de croire en sa toute-puissance est en voie de se faire piéger par une effervescence qui active ou réactive des conflits, où toutes les ambitions, les passions, les fanatismes s’exacerbent, où les terrorismes sont à la manœuvre et où les fabricants d’armes se frottent les mains. Les conflits de l’Ukraine, Israël et la Palestine, l’Arménie ne manquent de rien… La communauté internationale est dans une incapacité totale à y mettre le holà. Les résolutions de l’ONU sont sans effet. Le Sud Global De ce partage du pouvoir et des richesses, des pans entiers de la planète en sont restés exclus : des pays d’Afrique, d’Asie, d’Amérique latine… Ils ne considèrent pas ces guerres comme les leurs. Et ils ont pris déjà depuis quelques années leurs distances avec des évolutions, des politiques qui les marginalisent, ils refusent une dichotomie où ils compteraient pour du beurre. On parle de Sud global Et 2023 a vu l’arrivée à maturité de ce Sud global plus affirmé. Ce groupe se structure : en août, Johannesburg a accueilli un sommet du groupe BRICS – un bloc composé du Brésil, de la Russie, de l’Inde, de la Chine et de l’Afrique du Sud – au cours duquel 21 pays du Sud ont posé leur candidature. Six ont été invités à le faire : l’Argentine, l’Égypte, l’Éthiopie, l’Iran, l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis – et ils le rejoindront officiellement en janvier 2024. Beaucoup des ex-colonisés et des non-alignés s’y reconnaissent. Jusqu’à représenter une large part de la population mondiale. On se doute au vu de ceux qui le composent que rien ne doit être simple à l’interne. Ce ne sont pas des bisounours, ni des démocraties patentées. Mais ce Sud Global veut compter, exister. Il peut aider à fonder un monde multipolaire, où la domination des mêmes, toujours recommencée, n’aura plus les mains totalement libres pour gouverner à sa guise, de tragédie en tragédie. Ecoutons le Président Lula qui se veut un des représentants de ce Sud Global. : « Je pense que nous sommes des victimes, nous sommes traités comme des algorithmes et il est nécessaire que l’humanisme réagisse. […] Nous devons vaincre l’individualisme, qui est en train de s’emparer de l’humanité. L’humanité est née pour vivre en communauté. » Jean-Marie Philibert.

lundi 6 novembre 2023

LE VIEUX CHENE ... VERT ... DE KEN LOACH

Le vieux chêne …vert… de Ken Loach. Après avoir vu le dernier film de Ken Loach, The Old Oak, le vieux chêne en français, il me semblait difficile de ne pas faire partager mon enthousiasme, mon plaisir et mon admiration au lecteur du TC. Certes l’histoire n’est pas nouvelle, elle a l’âge de la lutte des classes qui a eu la prétention de mettre au tapis le monde ouvrier britannique et plus particulièrement les mineurs. Thatcher voulait les rayer du paysage social, eux et d’autres, pour laisser le libéralisme échevelé qui était bien sûr sa tasse de thé régner dans les consciences et mettre au pas un syndicalisme honni par son monde. Les films de Ken Loach ne cessent de revenir sur cette histoire, en la peignant avec un œil réaliste et souvent pessimiste. Avec The Old Oak, le réalisme est toujours là, le pessimisme y est aussi, mais l’histoire se pare d’événements porteurs, de personnalités attachantes, de signes que la lutte des femmes et des hommes est aussi faite d’espoirs. Pourtant quand ils arrivent dans cette petite cité minière qui a perdu mines et avenir, les réfugiés syriens sont accueillis avec la plus grande méfiance, pour ne pas dire plus. L’auberge du Old Oak qui semble un des rares lieux de vie qui subsiste voit la confrontation de l’hostilité des travailleurs locaux qui ont tout perdu et l’incompréhension d’immigrés dans le dénuement total. Deux personnages à la riche humanité vont jouer un rôle moteur : Yara, une jeune photographe syrienne, volontaire et déterminée et surtout TJ Ballantyne, le propriétaire du pub, aussi usé que son établissement, mais décidé à s’en servir pour sortir du marasme. Certes ce n’est pas la révolution, mais une mise en résonance : ce microcosme parle d’actes solidaires qui ont du sens pour agir sur le monde. Allez voir le film pour prendre conscience, que comme le répète Ken Loach, : « L’espoir n’est pas une pensée magique. C’est un chemin crédible que l’on trouve au milieu des problèmes auxquels on est confronté ». Un chemin qui nous permet de rester aussi verts que son « vieux chêne ».Une belle leçon pour un cinéaste de 87 ans. Jean Marie Philibert.