les billets d'humeur de Jean Marie Philibert dans le Travailleur Catalan

Jean Marie PHILIBERT ( c'est moi ) écrit toutes les semaines un billet d'humeur dans le TRAVAILLEUR CATALAN, hebdomadaire de la fédération catalane du PCF.
Je ne peux que vous conseiller de vous abonner à ce journal qui est aujourd'hui le seul organe de presse de gauche du département des Pyrénées Orientales.
J'ai rassemblé dans ce blog quelques uns de ces billets d'humeur en rappelant brièvement les événements qu'ils évoquent

lundi 24 juin 2024

CLUONS-LUI LE BEC

Clouons-lui le bec ! Mes longues années d’enseignement m’ont confronté à toutes sortes de lycéens : il y avait les taiseux, ceux qui au fond de la classe veulent se faire oublier, vous écoutent, ou font semblant, avec le regard plongé sur la feuille où ils étaient censés consigner l’essentiel de votre cours. Au premier rang il y avait les sérieux de chez sérieux, ceux qui partageaient l’ambition de leurs parents de les voir réussir au bac et donc d’écouter, de noter, de boire les paroles du prof. Au beau milieu, tous les autres, plus distraits, mais mimant apparemment une attention soutenue au cours, avec parfois le regard rêveur d’un ailleurs. Immanquablement, pratiquement dans toutes les classes, à un endroit stratégique, un olibrius, sûr de lui, fier et dominateur, vous suivait du regard, opinant du chef à certaines de vos interventions, exprimant sur son visage son approbation ou sa désapprobation à vos propos et imparablement, comme mu par un besoin irrépressible, prenant la parole pour vous faire connaître son sentiment, son interrogation, ses doutes. Cela pouvait avoir du sens, mais pas nécessairement. Il avait surtout besoin de parler, de montrer qu’il était là, d’exister aux yeux du groupe, qu’il semblait agacer parfois. Là est le Macron Vous avez compris que là est le Macron, un tantinet parano, matuvu, conscient de sa fonction, de son rôle, de son ego démesuré. Il est incapable de se taire. Même quand ses soutiens lui disent de la fermer. Plus on le lui dit, plus il l’ouvre à tort et à travers, comme pour maîtriser un jeu qui lui échappe. Il va se trouver nu malgré tous les avertissements. D’Edouard Philippe par exemple « C’est le président de la République qui a tué la majorité présidentielles. Il l’a dissoute. Alors on passe à autre chose et on crée une nouvelle majorité parlementaire qui fonctionnera sur des bases différentes. » Macron s’y emploie d’ailleurs à créer cette nouvelle majorité en fustigeant avec des arguments frontistes le programme du Nouveau Front Populaire « totalement immigrationniste » selon lui. Cette attitude laisse pantoise, sa majorité, ce qu’il est reste. Oublie complètement ses principes, « ni gauche, ni droite ». Ravit le Rassemblement National qu’il avait promis d‘éliminer. Fait de la gauche son adversaire quasiment unique. S’assied sur la démocratie comme pour ne plus laisser le temps du débat en imposant des délais si courts qu’ils risquent d’entraîner des réponses sommaires et dangereuses qui ne répondront en rien aux attentes du peuple. Une nouvelle lettre Ce lundi, personne ne lui a posé de questions, mais il reprend la plume pour écrire à la presse quotidienne régionale. Il lui dit qu’il a presque tout bien fait, « J’ai pris cette décision (la dissolution) en responsabilité avec beaucoup de gravité… dans l’intérêt du pays avant tout autre considération… » Il donne l’image d’un président aux abois et d’un gouvernement déboussolé. Il a permis, à son détriment, à la gauche de retrouver un Nouvel Front Populaire. Sa tentative d’autocritique se perd dans les généralités, mais pas que… Il veut éviter les extrêmes, et bien sûr le Nouveau Front Populaire dont il semble penser plus mal de que de la dérive fascisante dont le RN est porteur (voir plus haut). Les démocrates sont estomaqués, inquiets. Le peuple fait de la résistance. Il ne sait pas ce qui peut advenir. Les organisations syndicales qui le structurent ont pris la parole pour dire que la démocratie est un bien précieux et que le Nouveau Front Populaire est une perspective d’émancipation, qu’il doit être soutenu. Les rues bruissent, les débats sont réels. Faire taire le trublion qui a déclenché la tempête est une urgence. Je fais le vœu que les résultats du premier tour lui clouent le bec. Jean-Marie Philibert

lundi 17 juin 2024

CEUX QUI ENRICHISSENT LA VIE CEUX QUI L'EMPUANTISSENT

Ceux qui enrichissent la vie, ceux qui l’empuantissent De Ben Avant le soir du 9 Juin, et la menace qui pèse sur nos têtes, je voulais consacrer mon humeur à un artiste niçois qui venait de mourir : Ben ! Vous connaissez sans doute. C’est un adepte du groupe Fluxus qui s’inscrit dans la lignée du dadaïsme. Il a écrit tant et plus pour orner, amuser notre quotidien, des propos inattendus, absurdes, provocateurs intrigants. Sur tous les supports. Nous avons acheté les carnets Ben, les mots de Ben. La ville de Blois lui a consacré un lieu. Ses petites phrases ont fait sa richesse, son art, mais la disparition de sa compagne après 40 ans de vie commune l’a conduit à mettre un terme à sa vie… sans rien dire … sans déconner une fois de plus. Il y a des phrases dont le sens échappe, mais il y a des gestes qui peuvent dire la puissance de l’amour et la richesse de l’humanité d’un artiste… provocateur. Dans nos temps troublés, cela peut faire du bien d’évoquer un artiste pas tout à fait comme les autres, mais qui a eu le souci d’agrémenter, d’enrichir notre vie. A Macron Malheureusement, il y a aussi ceux qui l’empuantissent grave : ne voilà-t-il pas que le saltimbanque sinistre qui « fait » président s’y emploie. Il nous avait promis de nous débarrasser du Front national ; après une consultation européenne qui propulse l’extrême droite aux portes du pouvoir, lui le Zorro, à l‘ego démesuré, dissout, tout seul, l’Assemblée nationale, organise en catastrophe des élections législatives comme pour inventer le suicide démocratique imparable. Il nous met dans le merdum. J’ai beaucoup de mal à comprendre, je m’appuie sur les propos de Gérard Aschieri. Ni fou ni stupide « Macron n’est ni fou ni stupide. Il est calculateur cynique et sans scrupule. Avec la dissolution il a fait un choix qu’il espère gagnant à tous les coups ( et si j’en crois ce je j’ai lu il l’a élaboré il y a plusieurs jours dans un dîner entre amis) : il espère profiter de l’état de la gauche pour qu’elle soit réduite en miettes afin de multiplier les duels avec le RN et essayer d’avoir une majorité ainsi ( éventuellement avec quelques Républicains ); et si jamais il n’a pas cette majorité et que le RN arrive au pouvoir il pense qu’il prouvera que ce parti est incapable de tenir ses engagements et qu’il va multiplier les fautes si bien que lui et le siens apparaîtront comme un recours au moment de la présidentielle. C’est irresponsable mais cohérent et le court délai qu’il a fixé pour l’élection le confirme. » Le Front populaire L’union des forces de gauche seule peut empêcher le plan du Machiavel de l’Elysée, peut arrêter la Marine dans sa conquête du pouvoir. Ils l’ont bien compris : depuis que le Front Populaire, tel le phénix, renaît, toute la bande à Macron s’emploie à en dire tout le mal possible. Cette union est plus que nécessaire : il est heureux que toute la gauche l’ait compris. Elle peut empêcher l’extrême droite de conquérir le pouvoir et elle imposera les avancées sociales qu’un peuple attend. D’où la fébrilité des hommes du président, jusqu’à faire comme si le Rassemblement National était un parti présentable, qui peut même constituer un rempart contre un Front Populaire destructeur. Au diable le désistement républicain. D’où leur silence plus que troublant sur les perspectives d’affrontement au second tour où Macron et Le Pen pourraient se donner la main pour bâillonner la démocratie. Ils en sont capables ! La politique est pleine de « surprises » et il y faut la plus grande des vigilances pour en déjouer les pièges. Il y faut aussi une volonté sans faille, de se rassembler pour déjouer les turpitudes de ceux qui n’ont d’intérêt que dans le renforcement d’une aliénation, d’une domination, d’un asservissement du peuple au profit des puissants. Les événements en cours dessinent la voie à suivre : la mobilisation fait son chemin, elle doit tous nous concerner sans état d’âme et avec la détermination de ceux qui savent que leur destin est entre leurs mains. Jean-Marie Philibert

mardi 4 juin 2024

GAZA, un sujet imposé, dur, dur

Un sujet imposé : dur ! dur ! Les humeurs se suivent et ne se ressemblent pas : il y a les sujets libres, comme à l’école, qui peuvent susciter des plaisirs, mais il peut aussi y avoir des sujets imposés, souvent plus douloureux. En particulier dans les temps troublés, les sujets imposés vous valent des regards solidaires et compatissants de la rédaction quand elle en subodore la complexité. Gaza Aujourd’hui, le sujet imposé, c’est la situation à Gaza après les massacres du Hamas du 7 octobre, Israël en effervescence, les victimes, les otages, les émois, les manœuvres, les politiques à l’œuvre, les paix impossibles, les pièges, les mensonges. Essayer de cerner un conflit qui s’est enkysté si profondément qu’il peut sembler difficile d’en dire autre chose que l’émotion, l’empathie pour les morts, les blessés, les issues fermées à double tour : la tâche est considérable et pourtant il y a une volonté largement partagée dans l’opinion publique internationale de ne pas se taire. Un discours de raison est-il possible ? Le jusqu’au-boutisme Le gouvernement de Netanyahou s’enferre dans un jusqu’au-boutisme qui n’aurait pas d’autres perspectives que l’éradication affichée d’un Hamas qui l’a bien servi à diviser les Palestiniens et dont il n’est pas impossible qu’il puisse encore se servir pour faire durer un conflit utile à sa survie. Le peuple d’Israël est divisé, manifeste régulièrement, mais une perspective politique reste difficile à concevoir. L’OLP n’est pas en mesure de sortir de ses errements. Les terres palestiniennes sont colonisées jusqu’à en perdre toute identité. On a du mal à imaginer leur quotidien. Pendant ce temps les bombes continent de tomber sur Gaza où il n’y a plus de quotidien du tout, si ce n’est la désespérance à l’état brut. Des pays arabes semblent contribuer à la recherche d’un début d’arrêt du conflit, ils jouent les intermédiaires avec des résultats très limités. L’ONU, et les organisations humanitaires tentent d’apporter une aide minimale à une population aux abois. La justice internationale s’en mêle : des mandats d’arrêts internationaux sont émis par la Cour pénale internationale contre Benyamin Netanyahou et trois dirigeants du Hamas pour crimes de de guerre et crimes contre l’humanité. L’entreprise génocidaire à Rafah poursuit son cours comme pour rendre impossible toute existence d’une entité palestinienne. Pour une sortie durable Les Etats Unis, soutien inébranlable d’Israël, tente de donner le change, en donnant des conseils, des leçons, parfois des réprimandes, en élaborant des plans de paix qui laissent en suspens ce que peut être une sortie durable de crise qui permette aux Israéliens et aux Palestiniens de vivre sinon ensemble, au moins à côté les uns des autres dans un respect mutuel. Penser le temps d’après, c’est le souci de tous les pays qui ont reconnu officiellement l’Etat de Palestine. Les trois derniers en date l’Espagne, l’Irlande, la Norvège : il est plus que temps que la France s’y mette. Non pas comme un aboutissement, un point d’orgue, signe de décolonisation achevée. Mais comme un passage obligé pour garantir au peuple palestinien son droit à la justice et à la dignité, et dire au Israéliens que la coexistence de deux états est la seule solution viable. Je n’en vois pas d’autres. Jean-Marie Philibert