les billets d'humeur de Jean Marie Philibert dans le Travailleur Catalan

Jean Marie PHILIBERT ( c'est moi ) écrit toutes les semaines un billet d'humeur dans le TRAVAILLEUR CATALAN, hebdomadaire de la fédération catalane du PCF.
Je ne peux que vous conseiller de vous abonner à ce journal qui est aujourd'hui le seul organe de presse de gauche du département des Pyrénées Orientales.
J'ai rassemblé dans ce blog quelques uns de ces billets d'humeur en rappelant brièvement les événements qu'ils évoquent

lundi 23 septembre 2024

LE SENS D'UN PROCES

Le sens d’un procès L’actualité n’est pas que politique, elle bruisse de toutes sortes de bruits qui ne sentent pas toujours la rose, mais qui ont des choses à nous dire sur notre monde. Ainsi les faits divers. Ils peuvent nous amuser parce qu’ils dérogent à ce qui est attendu. Ils peuvent nous inquiéter en nous confrontant à des situations qui sortent des normes. L’accident, les turpitudes, les comportements coupables et leurs victimes surprennent nos sentiments, éveillent des réactions compréhensibles pour tous ceux qui aspirent au calme, à la sérénité. La presse, les médias en font leur quotidien parce qu’ils ont perçu notre intérêt curieux devant les méandres des comportements humains. Punir le viol Avec le procès de Dominique Pélicot et de sa kyrielle d’acolytes qui occupent les assises du Vaucluse nous sommes confrontés au « nec plus ultra » du fait divers sur un domaine, la sexualité, les relations de couples, les rapports hommes-femmes. Les attentes sociales ont changé. L’inégalité foncière qui a été au cœur de la place faite au mâle dominant a changé, les luttes féministes, celles des femmes, mais aussi de certains hommes, ont bousculé les consciences, au point de mettre de la liberté et du respect d’autrui là où il n’y en avait pas… dans le monde judéo-chrétien, ne parlons pas du reste. La justice a avancé, à son rythme… lent. Il a fallu des procès, des avocats célèbres pour dépénaliser l’avortement, reconnaître et punir le viol, sortir l’idéologie masculine dominante de sa complaisance à voir son horizon limité au pénis de monsieur. Le droit a mis du temps et il continue à en mettre, pour reconnaître l’égale dignité des sexes dans une réciprocité qu’il importe de construire ardemment. Urgemment ! Le pire Avec le procès du Vaucluse, nous voyons le pire dans les comportements. Dans l’impensable, mais pas dans l’impensé. Tout a été monté, organisé, pour être partagé entre prédateurs aux dépens de Gisèle Pélicot offerte comme une proie aux désirs obsessionnels de son conjoint dont elle découvre la duplicité cachée, la perversion résolue à humilier celle qui partage sa vie. Il cultivait ses fantasmes, en les faisant partager dans une démarche de groupes qu’il invitait à assouvir des pulsions de viol, sans les risques qui vont avec. Une victime chimiquement endormie et des dizaines de participants, comme pour diluer les responsabilités de tous ces sbires à la conscience enfuie. L’attitude de la victime, sa volonté d’un procès public, le soutien de ses enfants, la dévastation personnelle et morale qu’elle tente d’assumer avec dignité, force un respect que les avocats de la défense ne partagent pas toujours. S’ils pouvaient en faire la complice de son conjoint… On comprend qu’ils aient du mal à trouver des arguments pour réduire la responsabilité de leurs clients. Ils n’y parviendront pas (même avec le soutien du Maire de Mazan qui semble satisfait que si crimes il y a, il n’y a pas « mort d’hommes »). Marquer des points Parce que devant la violence des faits, leur multiplicité, leur horreur nauséabonde, la résonance qu’ils trouvent dans l’opinion, il est important de marquer des points décisifs dans le patriarcat qui empoisonne la sexualité et qui a beaucoup de mal à sortir la femme d’une soumission dans laquelle il voudrait continuer à la voir piégée. Il y faudra sans doute d’autres faits divers, mais un mouvement est en marche : il concerne tous ceux femmes et hommes qui sont convaincus qu’il est temps d’en finir avec la toute-puissance d’une libido masculine, folle et sans morale. Jean-Marie Philibert

mardi 16 juillet 2024

LES CHICAYAS

Les chicayas ! Parlons le Macron : à Marseille, il avait dénoncé les chicayas, traduisez les chicaneries. Sans dire que les chicayas sont aussi son domaine. La preuve ! En annonçant de façon précipitée la dissolution de l’assemblée, concoctée au sein d’un groupe de cloportes (c’est Le Maire qui le dit), Macron voulait réaliser le coup politique qui restaurerait son autorité, qui redonnerait confiance à ses troupes nidedroite-nidegauche, qui couperait l’herbe sous les pas du Rassemblement national, qui ferait définitivement éclater la gauche. Il a toujours pensé que la politique se résume à des coups, à des manœuvres dilatoires, à des paroles présidentielles jupitériennes très au-dessus de toute expression populaire. Les corps constitués, il ne les connaît pas. Le matraquage médiatique sans retenue que lui procurent religieusement ses affidés de la petite lucarne lui suffit. Il adore les chi… noiseries. Il pense ! « Le rapport au monde, à son histoire, au social, les difficultés de vivre du plus grand nombre sont des billevesées. La politique, comme la banque, c‘est de la tambouille. C’est ce que Rothschild m’a appris. Il y faut du culot, un mépris souverain (ah que j’aime ce mot) pour tout ce qui n’est pas moi, et une ambition à ma démesure… » De tout ça la bête est bien pourvue qui adore le pouvoir au point de ne jamais le partager… Mais cela ne le préserve pas des bêtises, que dis-je bêtises… des erreurs funestes qui plongent la Macronie et tous ceux qui y ont cru dans un merdum insondable où sa superbe croit qu’il est encore possible de surnager. D’où après quelques jours de silence inhabituel, une lettre aux Français –pour tenter de ne pas sombrer. Il se félicite de la « vitalité de notre République », considère que personne n’a gagné… donc qu’IL n’a pas perdu. Et préconise « un large rassemblement… des forces politiques qui se reconnaissent avec LUI dans les institutions républicaines » qui excluent l’extrême droite et la France Insoumise. Sauvons-nous ensemble, encore et toujours. Vive les chi…canes Le réel est gommé, la majorité relative du Nouveau Front Populaire, la reconnaissance du verdict des urnes, le rejet républicain du Rassemblement national, le rôle essentiel que le Parlement devrait jouer pour construire des convergences n’existent pas. Son pouvoir ne cherche qu’à se perpétuer autour d’un régime présidentiel et d’une constitution bien eu encline à la démocratie : il a perdu toute crédibilité, mais sans doute pas toute nocivité. Un signe fort que rien n’est sauvable chez Macron, les chantres du pouvoir, les serviteurs, les profiteurs, regardent ailleurs, cherchent l’issue personnelle qui les aidera à sortir de leur rôle d’utilité momentanée. Ils prennent leurs distances, d’Attal, à Darmanin, en passant par Le Maire, comme si l’histoire finie il faut inventer autre chose. Un miracle… La droite présentable fait aussi ses offres de service. Larcher s’y verrait bien, mais il n’est pas le seul. Ça grouille. On a perdu aux élections, mais on ne sait jamais. Un miracle est toujours possible. Des prétentieux sans scrupule dans une gadoue fétide. Cela ne nous étonne pas. Un miracle est toujours possible… grâce aux chicayas. On peut se désoler que du côté de Front Popu on mette autant de temps à mettre en œuvre un pouvoir qui en préserve l’unité, la détermination, la dimension sociale proclamée, le changement espéré. Les vieux démons survivent-ils ? Foin de chica…neries ! L’impatience est grande du côté de l’opinion bousculée et troublée par l’épisode, du côté des partenaires sociaux, syndicaux qui se reconnaissent dans le Front Popu qui ont prévu cette semaine de redescendre dans la rue, du côté de tous ceux qui attendent des mesures sociales , retraite, smic, salaire, droits… Elles seules sont en mesure de répondre à la demande populaire (les élections l’ont dit, faut-il le rappeler). Alors les chicayas, point final ! Jean-Marie Philibert

lundi 24 juin 2024

CLUONS-LUI LE BEC

Clouons-lui le bec ! Mes longues années d’enseignement m’ont confronté à toutes sortes de lycéens : il y avait les taiseux, ceux qui au fond de la classe veulent se faire oublier, vous écoutent, ou font semblant, avec le regard plongé sur la feuille où ils étaient censés consigner l’essentiel de votre cours. Au premier rang il y avait les sérieux de chez sérieux, ceux qui partageaient l’ambition de leurs parents de les voir réussir au bac et donc d’écouter, de noter, de boire les paroles du prof. Au beau milieu, tous les autres, plus distraits, mais mimant apparemment une attention soutenue au cours, avec parfois le regard rêveur d’un ailleurs. Immanquablement, pratiquement dans toutes les classes, à un endroit stratégique, un olibrius, sûr de lui, fier et dominateur, vous suivait du regard, opinant du chef à certaines de vos interventions, exprimant sur son visage son approbation ou sa désapprobation à vos propos et imparablement, comme mu par un besoin irrépressible, prenant la parole pour vous faire connaître son sentiment, son interrogation, ses doutes. Cela pouvait avoir du sens, mais pas nécessairement. Il avait surtout besoin de parler, de montrer qu’il était là, d’exister aux yeux du groupe, qu’il semblait agacer parfois. Là est le Macron Vous avez compris que là est le Macron, un tantinet parano, matuvu, conscient de sa fonction, de son rôle, de son ego démesuré. Il est incapable de se taire. Même quand ses soutiens lui disent de la fermer. Plus on le lui dit, plus il l’ouvre à tort et à travers, comme pour maîtriser un jeu qui lui échappe. Il va se trouver nu malgré tous les avertissements. D’Edouard Philippe par exemple « C’est le président de la République qui a tué la majorité présidentielles. Il l’a dissoute. Alors on passe à autre chose et on crée une nouvelle majorité parlementaire qui fonctionnera sur des bases différentes. » Macron s’y emploie d’ailleurs à créer cette nouvelle majorité en fustigeant avec des arguments frontistes le programme du Nouveau Front Populaire « totalement immigrationniste » selon lui. Cette attitude laisse pantoise, sa majorité, ce qu’il est reste. Oublie complètement ses principes, « ni gauche, ni droite ». Ravit le Rassemblement National qu’il avait promis d‘éliminer. Fait de la gauche son adversaire quasiment unique. S’assied sur la démocratie comme pour ne plus laisser le temps du débat en imposant des délais si courts qu’ils risquent d’entraîner des réponses sommaires et dangereuses qui ne répondront en rien aux attentes du peuple. Une nouvelle lettre Ce lundi, personne ne lui a posé de questions, mais il reprend la plume pour écrire à la presse quotidienne régionale. Il lui dit qu’il a presque tout bien fait, « J’ai pris cette décision (la dissolution) en responsabilité avec beaucoup de gravité… dans l’intérêt du pays avant tout autre considération… » Il donne l’image d’un président aux abois et d’un gouvernement déboussolé. Il a permis, à son détriment, à la gauche de retrouver un Nouvel Front Populaire. Sa tentative d’autocritique se perd dans les généralités, mais pas que… Il veut éviter les extrêmes, et bien sûr le Nouveau Front Populaire dont il semble penser plus mal de que de la dérive fascisante dont le RN est porteur (voir plus haut). Les démocrates sont estomaqués, inquiets. Le peuple fait de la résistance. Il ne sait pas ce qui peut advenir. Les organisations syndicales qui le structurent ont pris la parole pour dire que la démocratie est un bien précieux et que le Nouveau Front Populaire est une perspective d’émancipation, qu’il doit être soutenu. Les rues bruissent, les débats sont réels. Faire taire le trublion qui a déclenché la tempête est une urgence. Je fais le vœu que les résultats du premier tour lui clouent le bec. Jean-Marie Philibert

lundi 17 juin 2024

CEUX QUI ENRICHISSENT LA VIE CEUX QUI L'EMPUANTISSENT

Ceux qui enrichissent la vie, ceux qui l’empuantissent De Ben Avant le soir du 9 Juin, et la menace qui pèse sur nos têtes, je voulais consacrer mon humeur à un artiste niçois qui venait de mourir : Ben ! Vous connaissez sans doute. C’est un adepte du groupe Fluxus qui s’inscrit dans la lignée du dadaïsme. Il a écrit tant et plus pour orner, amuser notre quotidien, des propos inattendus, absurdes, provocateurs intrigants. Sur tous les supports. Nous avons acheté les carnets Ben, les mots de Ben. La ville de Blois lui a consacré un lieu. Ses petites phrases ont fait sa richesse, son art, mais la disparition de sa compagne après 40 ans de vie commune l’a conduit à mettre un terme à sa vie… sans rien dire … sans déconner une fois de plus. Il y a des phrases dont le sens échappe, mais il y a des gestes qui peuvent dire la puissance de l’amour et la richesse de l’humanité d’un artiste… provocateur. Dans nos temps troublés, cela peut faire du bien d’évoquer un artiste pas tout à fait comme les autres, mais qui a eu le souci d’agrémenter, d’enrichir notre vie. A Macron Malheureusement, il y a aussi ceux qui l’empuantissent grave : ne voilà-t-il pas que le saltimbanque sinistre qui « fait » président s’y emploie. Il nous avait promis de nous débarrasser du Front national ; après une consultation européenne qui propulse l’extrême droite aux portes du pouvoir, lui le Zorro, à l‘ego démesuré, dissout, tout seul, l’Assemblée nationale, organise en catastrophe des élections législatives comme pour inventer le suicide démocratique imparable. Il nous met dans le merdum. J’ai beaucoup de mal à comprendre, je m’appuie sur les propos de Gérard Aschieri. Ni fou ni stupide « Macron n’est ni fou ni stupide. Il est calculateur cynique et sans scrupule. Avec la dissolution il a fait un choix qu’il espère gagnant à tous les coups ( et si j’en crois ce je j’ai lu il l’a élaboré il y a plusieurs jours dans un dîner entre amis) : il espère profiter de l’état de la gauche pour qu’elle soit réduite en miettes afin de multiplier les duels avec le RN et essayer d’avoir une majorité ainsi ( éventuellement avec quelques Républicains ); et si jamais il n’a pas cette majorité et que le RN arrive au pouvoir il pense qu’il prouvera que ce parti est incapable de tenir ses engagements et qu’il va multiplier les fautes si bien que lui et le siens apparaîtront comme un recours au moment de la présidentielle. C’est irresponsable mais cohérent et le court délai qu’il a fixé pour l’élection le confirme. » Le Front populaire L’union des forces de gauche seule peut empêcher le plan du Machiavel de l’Elysée, peut arrêter la Marine dans sa conquête du pouvoir. Ils l’ont bien compris : depuis que le Front Populaire, tel le phénix, renaît, toute la bande à Macron s’emploie à en dire tout le mal possible. Cette union est plus que nécessaire : il est heureux que toute la gauche l’ait compris. Elle peut empêcher l’extrême droite de conquérir le pouvoir et elle imposera les avancées sociales qu’un peuple attend. D’où la fébrilité des hommes du président, jusqu’à faire comme si le Rassemblement National était un parti présentable, qui peut même constituer un rempart contre un Front Populaire destructeur. Au diable le désistement républicain. D’où leur silence plus que troublant sur les perspectives d’affrontement au second tour où Macron et Le Pen pourraient se donner la main pour bâillonner la démocratie. Ils en sont capables ! La politique est pleine de « surprises » et il y faut la plus grande des vigilances pour en déjouer les pièges. Il y faut aussi une volonté sans faille, de se rassembler pour déjouer les turpitudes de ceux qui n’ont d’intérêt que dans le renforcement d’une aliénation, d’une domination, d’un asservissement du peuple au profit des puissants. Les événements en cours dessinent la voie à suivre : la mobilisation fait son chemin, elle doit tous nous concerner sans état d’âme et avec la détermination de ceux qui savent que leur destin est entre leurs mains. Jean-Marie Philibert

mardi 4 juin 2024

GAZA, un sujet imposé, dur, dur

Un sujet imposé : dur ! dur ! Les humeurs se suivent et ne se ressemblent pas : il y a les sujets libres, comme à l’école, qui peuvent susciter des plaisirs, mais il peut aussi y avoir des sujets imposés, souvent plus douloureux. En particulier dans les temps troublés, les sujets imposés vous valent des regards solidaires et compatissants de la rédaction quand elle en subodore la complexité. Gaza Aujourd’hui, le sujet imposé, c’est la situation à Gaza après les massacres du Hamas du 7 octobre, Israël en effervescence, les victimes, les otages, les émois, les manœuvres, les politiques à l’œuvre, les paix impossibles, les pièges, les mensonges. Essayer de cerner un conflit qui s’est enkysté si profondément qu’il peut sembler difficile d’en dire autre chose que l’émotion, l’empathie pour les morts, les blessés, les issues fermées à double tour : la tâche est considérable et pourtant il y a une volonté largement partagée dans l’opinion publique internationale de ne pas se taire. Un discours de raison est-il possible ? Le jusqu’au-boutisme Le gouvernement de Netanyahou s’enferre dans un jusqu’au-boutisme qui n’aurait pas d’autres perspectives que l’éradication affichée d’un Hamas qui l’a bien servi à diviser les Palestiniens et dont il n’est pas impossible qu’il puisse encore se servir pour faire durer un conflit utile à sa survie. Le peuple d’Israël est divisé, manifeste régulièrement, mais une perspective politique reste difficile à concevoir. L’OLP n’est pas en mesure de sortir de ses errements. Les terres palestiniennes sont colonisées jusqu’à en perdre toute identité. On a du mal à imaginer leur quotidien. Pendant ce temps les bombes continent de tomber sur Gaza où il n’y a plus de quotidien du tout, si ce n’est la désespérance à l’état brut. Des pays arabes semblent contribuer à la recherche d’un début d’arrêt du conflit, ils jouent les intermédiaires avec des résultats très limités. L’ONU, et les organisations humanitaires tentent d’apporter une aide minimale à une population aux abois. La justice internationale s’en mêle : des mandats d’arrêts internationaux sont émis par la Cour pénale internationale contre Benyamin Netanyahou et trois dirigeants du Hamas pour crimes de de guerre et crimes contre l’humanité. L’entreprise génocidaire à Rafah poursuit son cours comme pour rendre impossible toute existence d’une entité palestinienne. Pour une sortie durable Les Etats Unis, soutien inébranlable d’Israël, tente de donner le change, en donnant des conseils, des leçons, parfois des réprimandes, en élaborant des plans de paix qui laissent en suspens ce que peut être une sortie durable de crise qui permette aux Israéliens et aux Palestiniens de vivre sinon ensemble, au moins à côté les uns des autres dans un respect mutuel. Penser le temps d’après, c’est le souci de tous les pays qui ont reconnu officiellement l’Etat de Palestine. Les trois derniers en date l’Espagne, l’Irlande, la Norvège : il est plus que temps que la France s’y mette. Non pas comme un aboutissement, un point d’orgue, signe de décolonisation achevée. Mais comme un passage obligé pour garantir au peuple palestinien son droit à la justice et à la dignité, et dire au Israéliens que la coexistence de deux états est la seule solution viable. Je n’en vois pas d’autres. Jean-Marie Philibert

lundi 27 mai 2024

Le p'tit truc en plus

Le p’tit truc en plus. Un film à voir AB-SO-LU-MENT par tous ceux qui ne l’ont pas vu. Un p’tit bonheur ! Je pense, je sais, qu’il n’a pas dû être facile à faire, qu’il tient de la prouesse, malgré la modestie de son titre et qu’il mérite grandement le succès qu’il obtient, dû essentiellement au bouche à oreille des premiers spectateurs qui y ont pris un plaisir surprenant. Un film qui fait du bien dans le monde « raide » qui est le nôtre. Il met en scène une troupe de jeunes en situation de handicap qui partent, avec leurs éducateurs, pour un séjour de vacances. Les bras cassés Au moment où deux bras cassés, le père et le fils, Paulo et Sylvain, braquent une banque, se font surprendre, s’enfuient comme ils peuvent, ne retrouvent pas leur voiture, envoyée à la fourrière parce que mal garée. Pour échapper à leurs poursuivants, ils vont se retrouver devant l’éducatrice, organisatrice du séjour, qui prend l’un d’eux pour le retardataire qu’elle attend et qui accepte l’autre comme éducateur supplémentaire. Et c’est parti ! Nous partageons la vie du gite, Sylvain a du mal à se faire passer pour ce qu’il n’est pas, mais parvient à tisser des liens avec tous, en jouant sans vraiment y parvenir au handicapé. Son père cherche en vain une issue. Des relations se nouent. La vie s’organise. Souvent foutraque, mais jamais lassante. Du suspense. Des surprises jusqu’au bout. Une histoire toujours bondissante ! Des personnages émergent. Une (des) histoire(s) d’amour aussi. Un très subtil équilibre Il ne s’agit en rien d’un nouveau pensum sur le handicap, mais d’un équilibre très subtil qu’Artus, réalisateur et acteur, a su installer entre l’humour potache, les vies pas comme les autres, l‘humanité pleine de tendresse et le besoin de montrer qu’il n’y a pas que des raisons de désespérer, bien au contraire. Ce p’tit truc en plus est un ferment de notre condition à préserver. Mais il est vrai qu’il détonne dans un monde du cinéma qui ne cesse de nous amener de l’autre côté d’un miroir pour éveiller nos fantasmagories : le festival de Cannes célèbre à outrance ce clinquant comme pour nous faire oublier un réel souvent pesant. C’est une belle revanche que l’équipe du film ait pu prendre lors de leur montée des marches où les différences affichées jouaient une autre carte que celle de la convention du lieu, de ses artifices, de ses sourires aseptisés, une carte faite de joie de vivre, d’espoir, d’acceptation des autres, de tous les autres. Que tous les acteurs et artisans du film soient remerciés pour un tel moment de respiration humaine. Jean-Marie Philibert.

jeudi 23 mai 2024

LES MENTEURS

Les menteurs La chronique d’une « victoire annoncée ». Il n’est pas un jour où l’occasion ne se présente de lire, d’entendre que les élections européennes, c’est joué, achevé, bouclé, que Bardella va empocher la mise, que Macron et sa liste sont foutus, que la gauche est plus que divisée, que plus de trente listes vont brouiller un peu plus les esprits, que le PCF et Léon Deffontaines n’existent pas, que l’abstention va croître et proliférer. Indifférence ? Pendant ce temps, la vie continue, morose. L’espace laissé au RN s’élargit dans une indifférence largement partagée à l’exception d’esprits plus démocrates que les autres qui restent peu audibles, d’autant moins que la dédiabolisation, l’habileté de Marine Le Pen, la gestion sans trop de vagues réacs de la ville par Aliot, nos trois députés RN aussi inutiles que grassement payées pour ce qu’elles font, contribuent à faire presque oublier que l’extrême droite est là, qu’elle cherche à étendre ses pouvoirs, que les perspectives qu’elle porte sont en mesure de faire crever notre démocratie, de ranimer des temps oubliés : « Travail, Famille, Patrie » et sans doute pire. Des racines profondes, internationales Il me semble vain de chercher une responsabilité dans une vie politique qui a délibérément tourné le dos aux besoins, aux revendications du peuple. Avec la réforme des retraites, la bande à Macron y a apporté sa pâte. Mais je crois que les explications ne se limitent pas au passé immédiat et à la droite, que les racines sont profondes et sans doute pas seulement franco-françaises. Regardons les pays européens. Observons la réunion organisée à Madrid, ce dimanche, par Vox où toute l’extrême droite européenne se retrouve ravie de ce qui lui arrive, y compris la Marine. Aliot était déjà allé soutenir Vox pour les élections catalanes… Soyons réalistes, concrets. Ces dérives sont mortifères pour nous, pour nos valeurs, pour la justice sociale : un combat politique est à mener qui consiste à éveiller les consciences avant qu’il ne soit trop tard. C’est la tâche du PCF ! Au travail ! Derrière la démagogie de façade du RN, les phobies de l’étranger dont il se nourrit, la survalorisation d’une identité nationale qui est un leurre pour un peuple qui devrait garder un minimum de conscience, les atermoiements d’une vie politique où chacun s’emploie à sauver son pré carré, rien n’est à attendre d’un vote RN. Aucun argument ne saurait le justifier. Sur les salaires, le pouvoir d’achat, les droits sociaux, l’économie, les loyers, les services publics, rien ne viendra que des paroles lénifiantes pour abuser les naïfs qui croient que les illusions sont le fondement de la conscience sociale et que, peut-être, il serait « bon d’essayer » un pire que des décennies récentes nous ont pourtant appris à connaître. Même les rodomontades sur la sécurité, sur la fermeture des frontières feront pschitt. Des vérités à imposer. Une lucidité, une conscience sont à construire. Elles doivent aborder l’attitude trouble, nauséabonde et dangereuse que le pouvoir macronien entretient avec le RN dont il fait un épouvantail. Il serait le champion pour nous en protéger, pour sauver la démocratie : ça a marché. Dans leur tête, continuons donc à utiliser le RN pour brouiller les pistes politiques, jusqu’à quand ? Le rôle du parti est de ne pas laisser faire l’entourloupe. S’extirper de la confusion. Pour nous déterminer dans la seule direction possible: celle de la transformation sociale et de l’action pour y parvenir. Une ambition à faire partager ! Une masse énorme de la société y aspire pour sortir des difficultéz : il faut travailler à son émergence. Très-très loin des mensonges dont le seul but est de nous abuser. Jean-Marie Philibert