les billets d'humeur de Jean Marie Philibert dans le Travailleur Catalan

Jean Marie PHILIBERT ( c'est moi ) écrit toutes les semaines un billet d'humeur dans le TRAVAILLEUR CATALAN, hebdomadaire de la fédération catalane du PCF.
Je ne peux que vous conseiller de vous abonner à ce journal qui est aujourd'hui le seul organe de presse de gauche du département des Pyrénées Orientales.
J'ai rassemblé dans ce blog quelques uns de ces billets d'humeur en rappelant brièvement les événements qu'ils évoquent

mercredi 7 mars 2012

le mou et le dur


Le mou et le dur
C’est paradoxal, mais c’est ainsi : toutes les démocraties  ne peuvent exister que, parce qu’en leur sein, elles entretiennent  un royaume, un royaume d’esclaves dociles et indispensables: le royaume des bulletins  (des bulletins de vote, bien sûr !). C’est de ce royaume et de ces esclaves-là que je veux vous parler.
Dans les périodes électorales on s’agite beaucoup au royaume des bulletins. Les disputes vont bon train pour être le plus beau, le plus fort, le plus séduisant, et donc le plus choisi. Une vie de bulletin, c’est très éphémère et les plaisirs sont rares; alors autant porter un nom qui va servir à quelque chose et attirer la sympathie. 
Pour les prochaines élections, il y a un nom qui leur fait honte, qui les fait  tous fuir parce qu’il est synonyme de haine, de racisme, d’exclusion. Vous savez lequel : les pauvres bulletins qui le portent sont appelés les bulletins KIPU.
On ne se bouscule pas non plus chez les bulletins pour porter le nom de l’agité-sortant .Les bulletins sont très bien placés pour savoir que dans toutes les élections qui ont dernièrement eu lieu, il y avait beaucoup de réticences chez les électeurs à prendre un bulletin qui portait son nom.  Les candidats de son propre  parti avaient d’ailleurs tout fait pour que son nom disparaisse.
Quelques bulletins, par coquetterie sans doute, par besoin de se singulariser,  aiment porter un nom peu connu. Ils permettent ainsi à la démocratie de s’exprimer. D’autres bulletins peureux  veulent cacher  leur opinion (de droite), ils  choisissent systématiquement le centre. On leur trouve toujours le nom d’un peureux à porter.
La solidité du bulletin.
A gauche, c’est parfois une affaire de couleur, il y a ceux qui aiment le rose, ceux qui préfèrent le rouge, ceux qui ne pensent qu’en vert. Mais à voir comment se présentent les choses,  je crois que, même si la couleur garde sa charge symbolique, l’essentiel doit résider dans la consistance du bulletin, dans la teneur, dans la solidité, dans les promesses d’avenir qu’il porte.  Les bulletins l’ont bien compris : ils se sont divisés en deux camps bien distincts les bulletins mous et les bulletins durs. Entre eux les débats sont très animés.
Les bulletins mous disent à satiété que, pour gagner, il ne faut pas effrayer l’électeur, qu’il faut être gentil, qu’il ne faut pas tout chambouler, que du passé il n’est pas nécessaire de faire table rase, qu’on ne pourra pas tout faire tout de suite, qu’il faut tenir compte de la crise financière, de la dette publique, de l’euro, de l’Europe, des contraintes internationales, de la mondialisation … que l’essentiel est de se débarrasser de l’agité-sortant. 
Construire du neuf.
Les bulletins durs veulent tout autant s’en débarrasser, mais ils sont plus raides. Ils veulent s’en débarrasser pour la plus longue période possible. Ils savent d’expérience que la patience est une vertu, eux qui attendent depuis bien longtemps que les choses changent vraiment. Mais ce n’est pas une raison suffisante pour en rabattre sur leurs ambitions qui sont immenses, elles risquent de décoiffer un peu. Les bulletins durs veulent un vrai partage des richesses : comment y parvenir sans augmenter les salaires,  les pensions, le pouvoir d’achat,  sans abolir la précarité ? Les bulletins durs n’ont pas peur de reprendre le pouvoir aux banques et aux marchés financiers. Pour promouvoir un progrès humain durable, ils savent qu’il sera nécessaire de produire autrement, de donner une vraie priorité à l’emploi et à la qualification, de jouer toutes les cartes de la solidarité. Les bulletins durs envisagent même  de refonder une 6° république, de s’affranchir du traité de Lisbonne, de construire une nouvelle Europe.  De construire du neuf !
Dans le royaume des bulletins aussi la subversion démocratique est à l’ordre du jour et c’est tant mieux : d’où l’importance du bulletin que nous choisirons.
Le mou n’est pas le dur et le dur n’est pas le mou.
Et nous savons tous que, pour construire, le dur est préférable au mou.
Jean-Marie Philibert.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire