les billets d'humeur de Jean Marie Philibert dans le Travailleur Catalan

Jean Marie PHILIBERT ( c'est moi ) écrit toutes les semaines un billet d'humeur dans le TRAVAILLEUR CATALAN, hebdomadaire de la fédération catalane du PCF.
Je ne peux que vous conseiller de vous abonner à ce journal qui est aujourd'hui le seul organe de presse de gauche du département des Pyrénées Orientales.
J'ai rassemblé dans ce blog quelques uns de ces billets d'humeur en rappelant brièvement les événements qu'ils évoquent

samedi 3 mars 2012

pschiiiittttttttt


Pschiiiit !
« Le candidat du peuple »… C’est la dernière trouvaille pour faire oublier que pendant 5 ans il n’a été que le président des  riches, le champion des inégalités,  et le roi des injustices. Aux mots « candidat du peuple », il est facile d’opposer des faits, des gestes, des décisions : le Fouquet’s, le petit séjour sur le yacht de Bolloré, le bouclier fiscal, la chasse aux sans-papiers…  La liste serait interminable.  Les faits sont ce qu’ils sont, tangibles, on peut les cacher, les travestir, tenter de les faire oublier, ils résistent le plus souvent et, mis à la porte, reviennent par la fenêtre.
Que les mots…
A Sarkozy, ils collent à la peau : le pouvoir d’achat en berne, la multiplication des chômeurs, la destruction du tissu industriel, le saccage des droits sociaux. Comment faire pour continuer sur la même voie en demandant au peuple d’être d’accord avec lui ? Il ne lui reste que les mots, le verbe, le baratin. « Vous allez voir ce que vous allez voir ! » Tant pis si pour cela il faut les triturer, les torturer, leur faire dire le contraire de ce qu’ils sont.
La « TVA sociale », parce qu’il y a social dans l’expression, parce que le téléspectateur peu attentif va croire que l’on va enfin faire dans le social, parce que le commentateur servile (et ils sont légion) va enrober le tout  d’une mixture où l’on ne comprendra rien. Imaginez un instant l’ouverture du journal télévisé de 20 heures : « Chers téléspectateurs, bonsoir,  ça y est c’est décidé, la TVA sociale est sur les rails, vous allez payer plus d’impôts indirects, mais vous ne bénéficierez pas d’un centime des sommes prélevées, c’est par pour vous, c’est pour les patrons dont seront réduites les charges ! » Ne disons donc plus TVA sociale, mais arnaque sociale !
Super-incapable.
C’est la même chose avec la « compétitivité des entreprises », un autre mensonge d’état. Ce serait le souci premier du président-candidat ! Ou il ment, ou il est,  non pas super-héros, mais super-incapable. Plus il parle de compétitivité, plus le tissu industriel se délite, mais plus les profits financiers prolifèrent. Ne disons plus « compétitivité des entreprises »,  mais « aidons-les patrons-à-se-gaver-toujours-un-peu-plus ».
C’est toujours au nom de la compétitivité des entreprises que Sarkozy, avec des trémolos dans la voix, veut imposer aux syndicats de négocier des accords dérogatoires aux droits les plus élémentaires des salariés.  A la place de compétitivité des entreprises nous pouvons donc dire aussi « cassons-en-chœur-toujours-un-peu-plus-le code du travail ».
Mais nous n’avons pas compris, manants et mauvais esprits que nous sommes, que comme nous le serine le super-incapable, toutes ces décisions ont pour but de sauver la valeur « travail » du naufrage. Encore du vocabulaire perverti, quand on voit les cortèges de chômeurs qui ne  cessent de grossir. Et ce n’est pas en jouant les pompiers de service auprès des usines qui ferment qu’il trompera son monde.
L’estoqué.
La cerise sur le gâteau de cette entreprise de décervelage électoral et de corruption du vocabulaire, c’est le « candidat du peuple ». En terme tauromachique on pourrait parler d’estocade ; je crains, que dis-je, j’espère,  que l’estoqué dans ce cas-là soit le super incapable lui-même.
Je n’ai qu’un regret, que les mots ne puissent pas eux-mêmes protester, dénoncer la supercherie, pour dire « Attention ! Cet homme est dangereux pour la démocratie… et pour le peuple. ! » La preuve : l’attaque contre « les corps intermédiaires …les élites » qui empêcheraient le peuple de s’exprimer. Et je te mets tout dans le même sac, les partis politiques, les syndicats, les associations, les fonctionnaires, les collectivités locales… Autant d’institutions que la démocratie a patiemment mises en place.
Il rêve d’un face à face solitaire entre le peuple et lui, entre lui plutôt, et, derrière des barrières de sécurité et des escadrons de CRS, le peuple.
 Je pense très fortement qu’il s’agit surtout d’un face à face entre lui et lui.
Le peuple a disparu.
L’évocation incantatoire du peuple a fait pschiiiit.
Jean-Marie PHILIBERT.

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