Pschiiiit !
« Le candidat du peuple »… C’est la dernière
trouvaille pour faire oublier que pendant 5 ans il n’a été que le président des
riches, le champion des inégalités, et le roi des injustices. Aux mots
« candidat du peuple », il est facile d’opposer des faits, des
gestes, des décisions : le Fouquet’s, le petit séjour sur le yacht de
Bolloré, le bouclier fiscal, la chasse aux sans-papiers… La liste serait interminable. Les faits sont ce qu’ils sont, tangibles, on
peut les cacher, les travestir, tenter de les faire oublier, ils résistent le
plus souvent et, mis à la porte, reviennent par la fenêtre.
Que les mots…
A Sarkozy, ils collent à la peau : le pouvoir d’achat
en berne, la multiplication des chômeurs, la destruction du tissu industriel,
le saccage des droits sociaux. Comment faire pour continuer sur la même voie en
demandant au peuple d’être d’accord avec lui ? Il ne lui reste que les
mots, le verbe, le baratin. « Vous allez voir ce que vous allez
voir ! » Tant pis si pour cela il faut les triturer, les torturer,
leur faire dire le contraire de ce qu’ils sont.
La « TVA sociale », parce qu’il y a social
dans l’expression, parce que le téléspectateur peu attentif va croire que l’on
va enfin faire dans le social, parce que le commentateur servile (et ils sont
légion) va enrober le tout d’une mixture
où l’on ne comprendra rien. Imaginez un instant l’ouverture du journal télévisé
de 20 heures : « Chers téléspectateurs, bonsoir, ça y est c’est décidé, la TVA sociale est sur
les rails, vous allez payer plus d’impôts indirects, mais vous ne bénéficierez
pas d’un centime des sommes prélevées, c’est par pour vous, c’est pour les
patrons dont seront réduites les charges ! » Ne disons donc plus TVA
sociale, mais arnaque sociale !
Super-incapable.
C’est la même chose avec la « compétitivité des
entreprises », un autre mensonge d’état. Ce serait le souci premier du
président-candidat ! Ou il ment, ou il est, non pas super-héros, mais super-incapable.
Plus il parle de compétitivité, plus le tissu industriel se délite, mais plus
les profits financiers prolifèrent. Ne disons plus « compétitivité des
entreprises », mais « aidons-les
patrons-à-se-gaver-toujours-un-peu-plus ».
C’est toujours au nom de la compétitivité des entreprises
que Sarkozy, avec des trémolos dans la voix, veut imposer aux syndicats de
négocier des accords dérogatoires aux droits les plus élémentaires des
salariés. A la place de compétitivité
des entreprises nous pouvons donc dire aussi « cassons-en-chœur-toujours-un-peu-plus-le
code du travail ».
Mais nous n’avons pas compris, manants et mauvais esprits
que nous sommes, que comme nous le serine le super-incapable, toutes ces
décisions ont pour but de sauver la valeur « travail » du naufrage.
Encore du vocabulaire perverti, quand on voit les cortèges de chômeurs qui
ne cessent de grossir. Et ce n’est pas
en jouant les pompiers de service auprès des usines qui ferment qu’il trompera
son monde.
L’estoqué.
La cerise sur le gâteau de cette entreprise de décervelage
électoral et de corruption du vocabulaire, c’est le « candidat du
peuple ». En terme tauromachique on pourrait parler d’estocade ; je
crains, que dis-je, j’espère, que
l’estoqué dans ce cas-là soit le super incapable lui-même.
Je n’ai qu’un regret, que les mots ne puissent pas eux-mêmes
protester, dénoncer la supercherie, pour dire « Attention ! Cet homme est
dangereux pour la démocratie… et pour le peuple. ! » La preuve :
l’attaque contre « les corps intermédiaires …les élites » qui
empêcheraient le peuple de s’exprimer. Et je te mets tout dans le même sac, les
partis politiques, les syndicats, les associations, les fonctionnaires, les
collectivités locales… Autant d’institutions que la démocratie a patiemment
mises en place.
Il rêve d’un face à face solitaire entre le peuple et lui,
entre lui plutôt, et, derrière des barrières de sécurité et des escadrons de
CRS, le peuple.
Je pense très
fortement qu’il s’agit surtout d’un face à face entre lui et lui.
Le peuple a disparu.
L’évocation incantatoire du peuple a fait pschiiiit.
Jean-Marie PHILIBERT.
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