les billets d'humeur de Jean Marie Philibert dans le Travailleur Catalan

Jean Marie PHILIBERT ( c'est moi ) écrit toutes les semaines un billet d'humeur dans le TRAVAILLEUR CATALAN, hebdomadaire de la fédération catalane du PCF.
Je ne peux que vous conseiller de vous abonner à ce journal qui est aujourd'hui le seul organe de presse de gauche du département des Pyrénées Orientales.
J'ai rassemblé dans ce blog quelques uns de ces billets d'humeur en rappelant brièvement les événements qu'ils évoquent

mercredi 11 février 2015

Pour la dignité du monde du travail.



Pour la dignité du monde du travail.
Parmi les visages qui ont marqué l’actualité de ces derniers jours, il y en a un dont on peut dire qu’il l’a fait à double titre : tout d’abord parce qu’il est celui de Philippe Martinez, le nouveau secrétaire général de la CGT et ensuite parce que je lui trouve, je ne suis pas le seul,  une ressemblance étrange avec  le personnage du Beauf de Cabu qui meublait les pages de Charlie et du Canard Enchaîné et dont on a le sentiment qu’il a voulu et réussi à se faire la tête. Provocation ? Antiphrase ? Grâce à Philippe Marinez il nous reste un peu de Cabu, de son regard acéré, de sa lucidité, de sa dénonciation de la sottise humaine, si largement répandue.
Mais par-delà cette coïncidence, c’est le sens  que prend ce changement à la tête de la CGT qu’il m’intéresse d’interroger parce qu’il ne concerne pas qu’une organisation syndicale, fût-elle la première comme on dit,  mais parce qu’il est en mesure de participer à lever un certain nombre de blocages qui plombent depuis des mois, si ce n’est plus, la démarche syndicale.
L’urgence.
Et il y a urgence, devant le marasme actuel, et il y a urgence devant les projets débridés du gouvernement et de son Macron de service, et il y a urgence devant la montée inexorable du chômage, de la précarité, et il y a urgence devant la perte grave de repères que représente la montée du front national. Il y a urgence pour le syndicalisme.
 J’interprète les manifestations monstres qui ont marqué les événements de janvier comme les signes d’une attente sociale forte pour s’opposer aux formes les plus violentes de la barbarie, et dans le même temps pour retisser, reconstruire du lien social, de la solidarité, pour en appeler à la justice et au progrès. Et cela ne tombera pas d’un ciel, même laïque. Il y faut des organisations pour le(s) prendre en charge et les syndicats sont là pour ça.
Un aggiornamento.
Mais un aggiornamento me semble incontournable pour leur redonner leur pleine vigueur : il concerne les responsables, les syndiqués, les salariés et bien au-delà ceux qui aspirent à l’être (ils sont légion et ont perdu le chemin du syndicalisme), ceux qui l’ont été et qui vivent souvent chichement de leur retraite (le syndicalisme ne les intègre que marginalement).
C’est dire qu’il y a du pain sur la planche pour redonner sa pleine utilité au syndicalisme, d’autant qu’un simple constat impose de dire que les dernières décennies ont vu  de profondes désagrégations du « mouvement ouvrier » qui n’ont pas eu sur le terrain syndical des réponses à la hauteur des enjeux.
Une diversification de plus en plus marquée a  nourri la division. L’enfermement des organisations  sur leurs terrains privilégiés a pu laisser croire possible de préserver, ici où là, des acquis. Empêcher les reculs sociaux et défendre ce que l’on a, son statut, son travail, son service, ses droits, son salaire sont les B.A.BA de toute activité syndicale.
Mais l’utilité du syndicalisme, la nécessaire refondation de son efficacité, de sa combativité, de sa radicalité dans les luttes impose d’aller plus loin, dans sa capacité à être une véritable force de proposition, en mesure de répondre de façon globale et rassemblée au défi d’un désordre dominant qui ne produit que toujours plus d’exploitation, d’aliénation et de désespérance.
Les gros mots
Bien sûr on hésitera à utiliser des gros mots : lutte de classe, répartition équitable des richesses, révolution sociale, mais derrière toute activité sociale, il y a des choses, comme celles-là qui sont en mesure de mettre en transe la Medef et toute la finance internationale. Il ne me semble pas inutile que le syndicalisme se les réapproprie. Avec réalisme, avec le souci d’être suivi par le plus grand nombre, avec l’ambition de redonner au monde du travail la dignité qui est un des fondements de notre humanité.
Restent toutes les questions que ne manqueront pas de poser de telles exigences : comment s’organiser, quelles formes donner à l’unité, à la solidarité, et dans le même temps à l’expression de la pluralité, quelle démocratie sociale inventer, comment faire du syndicalisme un élément central de l’identité professionnelle, comment penser le rapport au politique (qui a souvent été le talon d’Achille du syndicalisme). La liste n’est pas exhaustive. Il serait illusoire de vouloir construire un projet global clé-en-main. L’heure est à la mise en route.
Souhaitons les meilleures chances à Philippe Martinez, à son équipe, aux organisations de la CGT, à tous les syndicalistes, lucides, sincères et désintéressés, de toutes les organisations de ce pays. N’oublions pas non plus que ce combat nous concerne.
Jean-Marie Philibert.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire