les billets d'humeur de Jean Marie Philibert dans le Travailleur Catalan

Jean Marie PHILIBERT ( c'est moi ) écrit toutes les semaines un billet d'humeur dans le TRAVAILLEUR CATALAN, hebdomadaire de la fédération catalane du PCF.
Je ne peux que vous conseiller de vous abonner à ce journal qui est aujourd'hui le seul organe de presse de gauche du département des Pyrénées Orientales.
J'ai rassemblé dans ce blog quelques uns de ces billets d'humeur en rappelant brièvement les événements qu'ils évoquent

mardi 3 février 2015

laïcité



Un combat permanent

La laïcité ! Une bataille qui semble ringarde et d’un autre âge et qui ressurgit tout aussi régulièrement lors de toutes les crises sociales, politiques, démocratiques que nous avons à affronter. Avec ses vieux routiers, ses néophytes, ses passionnés, ses indifférents, ses adversaires, ses rénovateurs.
La laïcité reste pour moi l’ultime rempart contre ceux qui n’en auront jamais fini de regretter l’ancien régime et ses formes multiples et variées d’obscurantisme, fantasmées comme de grands moments malheureusement perdus.
Revenir aux sources
Avec l’histoire, nous sommes confrontés dans un face à face qui n’en finit jamais entre l’ancien et le nouveau : l’ancien fait toujours de la résistance face au nouveau et le nouveau ne parvient jamais à tordre le cou définitivement à l’ancien. Quand le débat tourne autour de la question aussi large et controversée de la laïcité, le face à face semble s’éterniser et nous avons le sentiment de tourner en rond. Et pourtant je reste convaincu qu’il y a urgence à la prendre à bras-le-corps. Les événements tragiques de ce mois de janvier 2015 en apportent la preuve, si nécessaire. Mon humeur me pousse à revenir aux sources.
Avec la laïcité, nous avons mis en place au cœur de notre système démocratique une valeur (et les pratiques, les lois et les règles, les us et coutumes, les enseignements qui vont avec) qui est l’assise nouvelle sur laquelle repose la république. Une assise totalement indépendante de toutes les religions, et plus particulièrement de la religion catholique  qui, pendant des siècles, avait constitué la référence ultime et absolue de notre organisation politique, sociale, culturelle, morale.
 Cette laïcisation n’a pas été la seule œuvre d’un jour ou d’une année (serait-elle  1905, année du vote de la loi de séparation de l’église et de l’état). Elle a participé de tous les soubresauts de l’histoire, depuis essentiellement le siècle des philosophes des Lumières, en passant par la révolution de 1789, les luttes sociales du 19° siècle, jusqu’au siècle dernier qui a donné une dimension universelle à cette ambition. Sans jamais y parvenir puisqu’elle reste une spécialité en grande partie franco-française.
Remettre le ciel à sa place
Et pourtant l’universalité est son domaine puisqu’elle fait de leurs seules connaissances rationnelles, de leur seule intelligence, le seul outil que les hommes ont pour construire leur destin commun. Librement ! Sans référence aux croyances multiples, de l’ordre de la foi, qui n’ont de cesse de vouloir soumettre la connaissance à un surnaturel, à une transcendance, à un absolu qui sort de la sphère de l’humain, mais qui a souvent la prétention de nous apporter clés en main la réponse aux interrogations qui nous dépassent, ou aux savoirs qui nous manquent.
Toutes les religions ont vu du plus mauvais œil la place prise par la laïcité, faute d’être en capacité de l’abattre : la bataille de tranchées n’a jamais cessé. Avec la religion musulmane, comme avec l’ensemble des religions. Même si avec la religion musulmane la situation est plus récente et plus compliquée à cause de données sociales, culturelles, politiques et historiques qui peuvent rendre plus difficiles  les communications et les échanges possibles.
Laisser travailler les hussard(e)s de la république
L’école, vecteur central de cette valeur qui est la trame de toute activité pédagogique et éducative, est confrontée de plus en plus à ces difficultés (dans le même temps où le service public d’éducation voit ses moyens réduits et ses marges de manœuvre instrumentalisées). Elle se doit de faire face et elle le fait, mais il faut en finir avec les projecteurs braqués sur les incidents mineurs pour lui laisser une large responsabilité, à elle et à ses personnels, dans l’éveil des consciences à une démarche libre et indépendante des groupes de pression de tout acabit qui confondent vérité et révélation.
Les seules révélations qui intéressent la laïcité, ce sont celles que les faits dans une observation raisonnée et méthodique du réel, peuvent nous apporter, très loin de tous les ciels d’ici, de maintenant ou d’avant, ou d’ailleurs. Et quand on ne sait pas, on doute dans le respect total des opinions multiples que toute connaissance en devenir ne peut que susciter. La lumière n’a rien à voir avec les absolus de toute obédience, elle ne dépend que de la lucidité de notre esprit libre et exigeant. A ce moment-là la laïcité a rempli sa fonction. Elle est un combat permanent.
Jean-Marie Philibert.


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