les billets d'humeur de Jean Marie Philibert dans le Travailleur Catalan

Jean Marie PHILIBERT ( c'est moi ) écrit toutes les semaines un billet d'humeur dans le TRAVAILLEUR CATALAN, hebdomadaire de la fédération catalane du PCF.
Je ne peux que vous conseiller de vous abonner à ce journal qui est aujourd'hui le seul organe de presse de gauche du département des Pyrénées Orientales.
J'ai rassemblé dans ce blog quelques uns de ces billets d'humeur en rappelant brièvement les événements qu'ils évoquent

lundi 27 avril 2015

de l'ânerie



De l’ânerie !
Même proférée par la plus haute instance de l'état, même exprimée avec la certitude de celui qui sait pour les manants qui n'ont pas de mémoire, même relayée par tous les bénis-oui-oui qui ont l'anticommunisme primaire, secondaire et tertiaire comme fondement de toute leur psychologie, une ânerie reste une ânerie et celle qu'Hollande a subrepticement glissée dans l'émission de Canal plus mettant un signe d'équivalence entre le FN de maintenant et le PCF des années soixante-dix est un modèle du genre.
Le propre de l’ânerie
Le propre (cest une façon de parler !) d'une ânerie est de n'avoir aucun fondement sérieux, vérifiable, tangible, de ne s'appuyer sur aucune rationalisation, d'être apparemment d'une gratuité absolue et de donner le sentiment que l'on s'adresse à des imbéciles prêts à gober n'importe quoi. Enfin une ânerie n'est jamais totalement innocente et elle ne dédaigne pas de répandre son venin sur ceux qui n'en peuvent mais. On est exactement dans ce cas de figure avec la niaiserie hollandaise. Il n'est pas à son coup d'essai.
Un non-sens qui a du sens.
Mettre sur le même plan un parti d'extrême droite qui a fait de l'exclusion, de la ségrégation, de l'injustice son fonds de commerce et le PCF (des années soixante-dix comme de celles qui ont précédé ou suivi d'ailleurs) qui les a toujours combattues est un non-sens, mais un non-sens qui peut accréditer l'idée que du  communisme au fascisme la frontière est ténue et qu'il est préférable de renoncer à toute ambition de changer le monde plutôt que de courir un risque. C'est là un discours que de nombreux zozos sous l'effet de campagnes médiatiques et idéologiques sans retenue sont prêts à entendre, à répéter : l'esprit critique est une denrée si rare et rechigne souvent à s'attaquer aux lieux communs (fussent-ils les plus éculés) qui obstruent notre conscience. Si vous ne les partagez pas, ces lieux communs, vous devenez le mécréant qu'il importe de circonscrire, l'empêcheur de penser bêtement en rond : le communiste est de ceux-là. Tout est fait pour vous exclure parce que vous troublez le ronron dominant. D'où le coup de griffe d'Hollande qui aimerait bien que l'on oublie l'ensemble de ses renoncements aux valeurs de la gauche, à la diversité de la gauche, à la radicalité de certaines de ses composantes, et en particulier la composante communiste. Parce que, lui, le ronron il adore.
Il aimerait pouvoir poursuivre sa politique qui tourne le dos aux besoins sociaux sans crainte d’être un peu bousculé par une France qui résiste.
Moi Président, hi-han !
Il fait l’âne avec la fausse naïveté qui le caractérise pour se donner les moyens de continuer un peu, en crachant sur certains de ceux qui lont élu (sans beaucoup dillusion certes).
Il fait l’âne en travestissant lhistoire et en gommant les avancées sociales importantes dont le PCF a été un acteur important, du Conseil National de la Résistance à larrivée de la gauche au pouvoir en passant par la difficile préservation dacquis systématiquement grignotés.
On aura du mal à comprendre la vie politique en cours et les manœuvres en tous genres qui la traversent si on refuse de voir comment la plus grande partie des appareils politiques (y compris celui qui a pignon sur rue à lElysée et à la rue de Solferino)  orientent leurs interventions pour réduire au maximum tous les penchants vers la mise en œuvre d'une politique de réelle transformation sociale. La radicalité leur fout la trouille et pourtant c'est la seule issue. Écoutez leurs dénigrements systématiques de ce que tentent les grecs, de ce qu'aimeraient tenter les espagnols.
« Moi, président, je ferai l’âne chaque fois quil le faudra pour que vous soyez les plus dociles possible ! »
François, arrête de dire des bêtises !

Jean-Marie Philibert.

mardi 7 avril 2015

manuelete



La tragique histoire de Manuelete
Vous vous souvenez sans doute tous de la tragique histoire de Manolete, ce grand torero qui dans les années qui suivirent la guerre civile espagnole remplissait les arènes : il révolutionna la tauromachie. Il est considéré comme le fondateur de la corrida moderne. Il était à la recherche de la passe idéale et sur le sable de l’arène du lieu géométrique où il pourrait la mettre en œuvre et esquiver la charge du fauve. Malheureusement ça n’a pas toujours marché comme il le souhaitait et le 28 août 1947, il s’est fait prendre par la corne d’un taureau qui lui perça l’artère fémorale provoquant une hémorragie qui lui sera fatale.
Des airs de toréador qui entre dans l’arène
Manolete disparu, il a gardé des admirateurs qui cultivent son souvenir. Une indiscrétion parvenue jusqu’à la rédaction du tc, à cause de notre situation frontalière,(sa famille espagnole a parlé), nous a appris que Manuel Valls est un fan absolu du toréro défunt au point que dans l’intimité il impose que l’on ne l’appelle que Manuelete. Et il est vrai que notre premier ministre prend très souvent des airs de toréador qui entre dans l’arène.
D’abord il est droit comme un i, la cambrure toujours très marquée. Ses vestes, ses jaquettes n’ont aucune amplitude et il les garde toujours très bien boutonnées, très près du corps, son port de tête est altier et même s’il n’est pas de grande taille, il donne le sentiment de vous regarder de haut. Surtout il est vingt-quatre heures sur vingt-quatre d’un sérieux imperturbable : son regard acéré et volontairement fixe donne systématique le sentiment de passer au-dessus du vôtre, histoire de vous faire clairement comprendre qu’il n’est pas exactement du même monde que vous. Ses traits expriment le moins de sentiments possible et jamais le moindre doute. Quant au sourire, à la bienveillance, à l’ouverture aux autres, un grand matador n’en a pas besoin puisqu’il doit s’imposer à des monstres de chair et de violence armés de cornes redoutables qui n’ont aucune sensibilité à la gentillesse humaine. A l’observer attentivement depuis qu’il fait premier ministre, il donne le sentiment de se complaire dans ce monde et d’être toujours prêt à entrer dans quelque arène que ce soit pour affronter la bête.
Raide comme un piquet
Observez-le à la Chambre des députés, dans des réunions publiques, dans des cérémonies officielles, Manuelete est raide comme un  piquet ( au propre et au figuré), fier comme Artaban, prêt à en découdre avec quiconque ne baissera pas les yeux devant sa toute puissance.
Rien ne l’arrête : il conduit sa majorité dans une bérézina électorale, des voix nombreuses s’élèvent pour demander une réorientation politique, tous les clignotants économiques sont au rouge, la souffrance sociale prolifère, les injustices s’accroissent… Il n’entend rien, ne voit rien. Il maintient le cap. Il torée :  olé ! Hollandino semble d’accord, ses péons vont au charbon, les aficionados du parti socialiste restent sans voix. Le peuple en a marre des coups de muleta. Un grand nombre d’électeurs perdent la jugeote au point de croire le racisme et la xénophobie sont des valeurs humaines. Valls s’en fout, il torée : olé !
Le peuple n’a pas perdu ses cornes
Manuelete devrait méditer le destin du grand matador : il est tombé sur une bête qui lui a appris que toute gloire est éphémère. Ils sont nombreux les premiers ministres qui se sont pris pour des matadors, pour des cadors, pour des petits chefs qui n’ont pas voulu entendre le peuple.
Ils ont sans doute cru qu’il avait perdu ses cornes, sa puissance, sa force.
Tu te trompes, Manuelete ! Après la tragique histoire de Manolete, ne nous oblige pas d’écrire celle beaucoup plus modeste de Manuelete.
Si tu insistes, tu y auras droit !
Jean-Marie Philibert.

mercredi 1 avril 2015

Content ? Non ! Lucide !



Content ? Non ! Lucide !
Lors du dernier comité de rédaction, j’ai bien compris, en voyant les réactions que suscitaient les thèmes que je proposais, que si je ne voulais pas être déclaré hors sujet, il me fallait traiter des élections départementales. Et pour un ex-prof de français, être hors sujet c’est quasiment un péché mortel. Alors parlons des élections départementales, de la situation après ces élections, du pain sur la planche de la gauche (de la vraie), celle dans laquelle nous nous reconnaissons, celle pour laquelle les mots «progrès, justice sociale, droit des travailleurs… » ne sont pas des gros mots.
Le cap maintenu
Pour l’autre « gauche », celle de la rue de Solferino, celle de Matignon ou de l’Elysée, celle des panurges du groupe socialiste, je crains que la messe soit dite, puisque le premier ministre a clairement affirmé que rien ne changera, que le cap sera maintenu sur l’austérité, sur les restrictions budgétaires, sur les coups portés aux salaires, aux droits sociaux, aux services publics … jusqu’au naufrage final ? Question à poser au capitaine de pédalo et à son second, Manuel, qui sont « battus, mais contents », comme titrent certains journaux du jour.
J’avais prévu le pire, je craignais la déculottée du siècle et j’avais même un titre (toujours optimiste) à ma disposition, c’était « il y a une vie après une déculottée ». Ce qui tempérait mon optimisme forcené, c’était la présence  dans tous les recoins de l’hexagone, comme dans ceux du département, des représentants de la peste brune qui s’étaient donné des airs BCBG pour mieux tromper leur monde et faire oublier l’atmosphère nauséabonde qui se répand immanquablement autour d’eux. Ce qui m’inquiétait, c’était que mes concitoyens étaient très nombreux à avoir perdu l’odorat.
Du bourrage de crâne
Les médias avaient tout prévu qui nous bassinait depuis des semaines avec le feuilleton du moment : « Marine va rafler la mise ! ».Notre quotidien local se complaisait dans cette démarche vers le KO de la gauche départementale sous couvert de sondages à la prétention inversement proportionnelle à la fiabilité. La moindre déclaration du plus inconnu des retourneurs de vestes en mesure de jeter un peu de discrédit sur les réalisations de la majorité de gauche sortante était valorisée. De même la démarche du PCF était occultée au point que, à l’instar du ministère de l’intérieur, il passait le plus souvent à la trappe. On avait institué des prétendants quasiment officiels à la succession.
Et puis les isoloirs ont parlé pour dire qu’ici la débacle annoncée ne s’est pas produite (cela n’a pas été le cas partout, loin de là), que dans le département le conseil départemental gardait une majorité de gauche, que l’union sur laquelle elle reposait avait tenu bon, que la campagne avait été rude, mais efficace, qu’il y a eu comme un sursaut, républicain, diront certains, je préfèrerais progressiste, même si je suis conscient du boulot à accomplir.
Le boulot
C’est sur ce boulot que j’ai envie de terminer mon propos. Certes les compétences des conseils départementaux ne sont pas définitivement arrêtées, la réforme territoriale et régionale va complexifier les choses, mais des orientations peuvent être données qui feraient la démonstration hautement utile qu’une majorité de gauche est différente d’une majorité réac (appelons un chat un chat). D’abord en mettant en œuvre une pratique d’ouverture et de discussion systématique avec les organisations sociales, avec toutes les organisations sociales. On parle de conférence sociale, oui, mais il y faut des retombées tangibles. En privilégiant les dépenses socialement utiles, en aidant les plus démunis, en évitant  toutes les mesures bling-bling qui sont improductives économiquement et politiquement, en accompagnant les luttes qui passent souvent devant le quai Sadi Carnot… D’autres rendez-vous électoraux sont attendus : des capacités de résistance existent ici. Ne les galvaudons pas ! A l’inverse d’un gouvernement qui semble consolé d’aller dans le mur.
Et dans l’immédiat trois domaines dans lesquels il est loisible pour les nouveaux élus de marquer la différence : le 9 avril une journée d’action de grève, de manifestation à l’appel d’une majorité d’organisations syndicales. Les élus y ont toute leur place, et elle a du sens, à condition qu’ils viennent la prendre. La veille la Préfecture organise une manifestation autour de la laïcité, les élus sans doute y seront, mais il serait tout à fait judicieux qu’ils ne se limitent pas aux propos qui instrumentalisent la laïcité pour en gommer le pouvoir émancipateur. Enfin une réforme des collèges est en préparation qui fait ressurgir de vieilles lunes en les parant de vertus modernistes : les élus départementaux qui garderont sans doute la responsabilité des collèges pourraient dire au gouvernement qu’il se trompe.
Donc, au boulot ! Vite !
Jean-Marie Philibert