La tragique
histoire de Manuelete
Vous vous souvenez sans doute tous de la tragique histoire de
Manolete, ce grand torero qui dans les années qui suivirent la guerre civile
espagnole remplissait les arènes : il révolutionna la tauromachie. Il est
considéré comme le fondateur de la corrida moderne. Il était à la recherche de
la passe idéale et sur le sable de l’arène du lieu géométrique où il pourrait
la mettre en œuvre et esquiver la charge du fauve. Malheureusement ça n’a pas
toujours marché comme il le souhaitait et le 28 août 1947, il s’est fait
prendre par la corne d’un taureau qui lui perça l’artère fémorale provoquant
une hémorragie qui lui sera fatale.
Des airs de
toréador qui entre dans l’arène
Manolete disparu, il a gardé des admirateurs qui cultivent
son souvenir. Une indiscrétion parvenue jusqu’à la rédaction du tc, à cause de
notre situation frontalière,(sa famille espagnole a parlé), nous a appris que
Manuel Valls est un fan absolu du toréro défunt au point que dans l’intimité il
impose que l’on ne l’appelle que Manuelete. Et il est vrai que notre premier
ministre prend très souvent des airs de toréador qui entre dans l’arène.
D’abord il est droit comme un i, la cambrure toujours très
marquée. Ses vestes, ses jaquettes n’ont aucune amplitude et il les garde
toujours très bien boutonnées, très près du corps, son port de tête est altier
et même s’il n’est pas de grande taille, il donne le sentiment de vous regarder
de haut. Surtout il est vingt-quatre heures sur vingt-quatre d’un sérieux
imperturbable : son regard acéré et volontairement fixe donne systématique
le sentiment de passer au-dessus du vôtre, histoire de vous faire clairement
comprendre qu’il n’est pas exactement du même monde que vous. Ses traits
expriment le moins de sentiments possible et jamais le moindre doute. Quant au
sourire, à la bienveillance, à l’ouverture aux autres, un grand matador n’en a
pas besoin puisqu’il doit s’imposer à des monstres de chair et de violence
armés de cornes redoutables qui n’ont aucune sensibilité à la gentillesse
humaine. A l’observer attentivement depuis qu’il fait premier ministre, il
donne le sentiment de se complaire dans ce monde et d’être toujours prêt à
entrer dans quelque arène que ce soit pour affronter la bête.
Raide comme
un piquet
Observez-le à la Chambre des députés, dans des réunions
publiques, dans des cérémonies officielles, Manuelete est raide comme un piquet ( au propre et au figuré), fier comme
Artaban, prêt à en découdre avec quiconque ne baissera pas les yeux devant sa
toute puissance.
Rien ne l’arrête : il conduit sa majorité dans une
bérézina électorale, des voix nombreuses s’élèvent pour demander une
réorientation politique, tous les clignotants économiques sont au rouge, la
souffrance sociale prolifère, les injustices s’accroissent… Il n’entend rien,
ne voit rien. Il maintient le cap. Il torée : olé ! Hollandino semble d’accord, ses
péons vont au charbon, les aficionados du parti socialiste restent sans voix. Le
peuple en a marre des coups de muleta. Un grand nombre d’électeurs perdent la
jugeote au point de croire le racisme et la xénophobie sont des valeurs
humaines. Valls s’en fout, il torée : olé !
Le peuple
n’a pas perdu ses cornes
Manuelete devrait méditer le destin du grand matador :
il est tombé sur une bête qui lui a appris que toute gloire est éphémère. Ils
sont nombreux les premiers ministres qui se sont pris pour des matadors, pour
des cadors, pour des petits chefs qui n’ont pas voulu entendre le peuple.
Ils ont sans doute cru qu’il avait perdu ses cornes, sa
puissance, sa force.
Tu te trompes, Manuelete ! Après la tragique histoire de
Manolete, ne nous oblige pas d’écrire celle beaucoup plus modeste de Manuelete.
Si tu insistes, tu y auras droit !
Jean-Marie Philibert.
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