les billets d'humeur de Jean Marie Philibert dans le Travailleur Catalan

Jean Marie PHILIBERT ( c'est moi ) écrit toutes les semaines un billet d'humeur dans le TRAVAILLEUR CATALAN, hebdomadaire de la fédération catalane du PCF.
Je ne peux que vous conseiller de vous abonner à ce journal qui est aujourd'hui le seul organe de presse de gauche du département des Pyrénées Orientales.
J'ai rassemblé dans ce blog quelques uns de ces billets d'humeur en rappelant brièvement les événements qu'ils évoquent

mercredi 1 avril 2015

Content ? Non ! Lucide !



Content ? Non ! Lucide !
Lors du dernier comité de rédaction, j’ai bien compris, en voyant les réactions que suscitaient les thèmes que je proposais, que si je ne voulais pas être déclaré hors sujet, il me fallait traiter des élections départementales. Et pour un ex-prof de français, être hors sujet c’est quasiment un péché mortel. Alors parlons des élections départementales, de la situation après ces élections, du pain sur la planche de la gauche (de la vraie), celle dans laquelle nous nous reconnaissons, celle pour laquelle les mots «progrès, justice sociale, droit des travailleurs… » ne sont pas des gros mots.
Le cap maintenu
Pour l’autre « gauche », celle de la rue de Solferino, celle de Matignon ou de l’Elysée, celle des panurges du groupe socialiste, je crains que la messe soit dite, puisque le premier ministre a clairement affirmé que rien ne changera, que le cap sera maintenu sur l’austérité, sur les restrictions budgétaires, sur les coups portés aux salaires, aux droits sociaux, aux services publics … jusqu’au naufrage final ? Question à poser au capitaine de pédalo et à son second, Manuel, qui sont « battus, mais contents », comme titrent certains journaux du jour.
J’avais prévu le pire, je craignais la déculottée du siècle et j’avais même un titre (toujours optimiste) à ma disposition, c’était « il y a une vie après une déculottée ». Ce qui tempérait mon optimisme forcené, c’était la présence  dans tous les recoins de l’hexagone, comme dans ceux du département, des représentants de la peste brune qui s’étaient donné des airs BCBG pour mieux tromper leur monde et faire oublier l’atmosphère nauséabonde qui se répand immanquablement autour d’eux. Ce qui m’inquiétait, c’était que mes concitoyens étaient très nombreux à avoir perdu l’odorat.
Du bourrage de crâne
Les médias avaient tout prévu qui nous bassinait depuis des semaines avec le feuilleton du moment : « Marine va rafler la mise ! ».Notre quotidien local se complaisait dans cette démarche vers le KO de la gauche départementale sous couvert de sondages à la prétention inversement proportionnelle à la fiabilité. La moindre déclaration du plus inconnu des retourneurs de vestes en mesure de jeter un peu de discrédit sur les réalisations de la majorité de gauche sortante était valorisée. De même la démarche du PCF était occultée au point que, à l’instar du ministère de l’intérieur, il passait le plus souvent à la trappe. On avait institué des prétendants quasiment officiels à la succession.
Et puis les isoloirs ont parlé pour dire qu’ici la débacle annoncée ne s’est pas produite (cela n’a pas été le cas partout, loin de là), que dans le département le conseil départemental gardait une majorité de gauche, que l’union sur laquelle elle reposait avait tenu bon, que la campagne avait été rude, mais efficace, qu’il y a eu comme un sursaut, républicain, diront certains, je préfèrerais progressiste, même si je suis conscient du boulot à accomplir.
Le boulot
C’est sur ce boulot que j’ai envie de terminer mon propos. Certes les compétences des conseils départementaux ne sont pas définitivement arrêtées, la réforme territoriale et régionale va complexifier les choses, mais des orientations peuvent être données qui feraient la démonstration hautement utile qu’une majorité de gauche est différente d’une majorité réac (appelons un chat un chat). D’abord en mettant en œuvre une pratique d’ouverture et de discussion systématique avec les organisations sociales, avec toutes les organisations sociales. On parle de conférence sociale, oui, mais il y faut des retombées tangibles. En privilégiant les dépenses socialement utiles, en aidant les plus démunis, en évitant  toutes les mesures bling-bling qui sont improductives économiquement et politiquement, en accompagnant les luttes qui passent souvent devant le quai Sadi Carnot… D’autres rendez-vous électoraux sont attendus : des capacités de résistance existent ici. Ne les galvaudons pas ! A l’inverse d’un gouvernement qui semble consolé d’aller dans le mur.
Et dans l’immédiat trois domaines dans lesquels il est loisible pour les nouveaux élus de marquer la différence : le 9 avril une journée d’action de grève, de manifestation à l’appel d’une majorité d’organisations syndicales. Les élus y ont toute leur place, et elle a du sens, à condition qu’ils viennent la prendre. La veille la Préfecture organise une manifestation autour de la laïcité, les élus sans doute y seront, mais il serait tout à fait judicieux qu’ils ne se limitent pas aux propos qui instrumentalisent la laïcité pour en gommer le pouvoir émancipateur. Enfin une réforme des collèges est en préparation qui fait ressurgir de vieilles lunes en les parant de vertus modernistes : les élus départementaux qui garderont sans doute la responsabilité des collèges pourraient dire au gouvernement qu’il se trompe.
Donc, au boulot ! Vite !
Jean-Marie Philibert

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