Des
Guignols aux Grecs et des Grecs au Guignols
Fini de rigoler et surtout fini de rigoler des puissants qui
nous gouvernent : les Guignols sont dans le collimateur et Bolloré le tout
puissant a le doigt sur la gâchette. Il est décidé à tirer sur tous les
effrontés qui font rire sans respecter ce qui doit l’être : le pouvoir et
le pognon ! Et il ne sait pas le Bolloré en question que malgré ses
interdits et ses entraves nous continuerons à nous moquer. Mais il est comme la
mère Merkel, à propos de la Grèce, comme le grand sachem de la BCE, comme la
grande duduche du FMI, comme tous ceux qui ont fait de l’Europe la chasse
gardée de leurs portefeuilles : il est persuadé à 120% que l’argent a tous
les pouvoirs et que les peuples ne sont là que pour lui obéir, que pour le
vénérer. Qu’il ne leur vienne pas l’idée, le soupçon d’idée, le rêve confus de
contester une règle aussi divine, inscrite dans les gènes de l’humanité depuis
la nuit des temps.
Obéir, pas
rigoler
Les Grecs et les Guignols de l’info sont logés à la même
enseigne : ils doivent obéir à ceux qui ont la tune, sinon
pan-pan-cucu : le chômage pour les humoristes de Canal Plus (ils
comprendront-là les limites de l’humour !), et pour les Grecs, comme le
chômage, la précarité, les coups portés aux salaires, aux pensions, aux droits
sociaux, ils connaissent déjà, il leur faut une couche supplémentaire de misère
pour bien comprendre. Un vidage brutal de la zone euro, une mise en quarantaine
de l’Europe, une guerre économique et financière sans merci doivent leur faire
comprendre que les noms de Tsipras, de Syriza ne leur porteront pas chance.
Faire la
guerre
La guerre a été pendant des siècles un moyen pratique pour
les puissants, aristos, bourges, richards, fachos, et mamamouchis de toutes
obédiences de faire combattre les peuples entre eux, de provoquer ainsi de
saines purges démographiques, qui pouvaient avoir des effets économiques
bénéfiques. Elle détournait l’attention de l’essentiel, la perpétuation d’un
système d’exploitation, d’aliénation dont les valeurs (dans tous les sens du
terme) étaient partagées par tous ceux qui avaient par hasard, par choix, par
turpitude choisi d’être du bon côté du manche, souvent avec une bénédiction divine
à la clef. Ça aide ! Un beau Te deum à l’arrivée, avec de nombreux
monuments aux morts, pourrait ensuite faire passer les pilules amères et les
douleurs humaines.
La guerre est devenue économique, sociale, financière :
les souffrances du peuple grec sont de cet ordre. Les morts sont sans doute
moins violentes, mais pas moins réelles, quand on voit les malades grecs qui ne
peuvent plus avoir les soins que nécessite leur état, quand on entend les
difficultés qu’ils ont à se nourrir, à se loger, à vivre tout simplement.
Pour faire
grossir le tas d’or
Le prétexte de la dette, des déficits, des erreurs
économiques commises, a bon dos. Comme si l’Europe n’avait pas les moyens de
nourrir décemment ses enfants. Comme si tous les Bolloré qui l’encombrent pour l’empêcher
de vivre et de rire étaient dans l‘incapacité congénitale de lâcher un peu de
leur pèze, comme si la finance internationale avait l’obligation absolue de
continuer à faire grossir le tas d’or sur lequel elle se pavane.
Au moment où j’écris ces lignes, Tsipras travaille à une
nouvelle recherche de compromis, propose un nouveau plan pour sortir d’une
crise infernale son peuple qui le soutient. L’issue est incertaine. Il a choisi
la seule voie possible, celle de la démocratie. Les Grecs nous donnent une
leçon de courage, de dignité. A nous de les soutenir pour que la loi de
l’argent se casse enfin les dents sur les murs de nos résistances. En Grèce,
comme ailleurs.
Bolloré sans dents… Ce serait un bon sketch pour les
Guignols ! Et un juste retour des choses.
Jean-Marie Philibert.
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