Etranges
étrangers…
Avez-vous eu l’occasion de voir la vidéo du maire de Béziers,
grand humaniste devant l’éternel, ceint de son écharpe tricolore et entouré de
caméras et de policiers municipaux, rendant visite à des migrants syriens
installés dans SA ville et leur jetant au visage qu’ils n’étaient pas les
bienvenus ?
Face à ça, le moindre discours de la mère Merkel appelant les
Allemands à un effort important pour accueillir un nombre important de migrants
apparaît d’un progressisme auquel elle ne nous avait pas habitués. Entre les
deux, nombre de responsables politiques
français tiennent des propos mi-chèvres-mi-choux : on va accueillir, oui,
oui, il le faut, c’est humain, mais nous, on veut des chrétiens, nous on veut
des gentils, nous on veut… Et on fait mine de s’organiser à grands renforts de
relais médiatiques. Mais avec le trouillomètre à zéro, parce qu’il y a des
sondages qui disent que les Français ne sont pas favorables et que les
élections à venir sont dans toutes les têtes. Alors on tente le grand écart
entre la générosité, la solidarité d’un côté et la fermeté de l’autre. On ne se
laissera pas déborder !
Insupportable !
Et puis il y a l’image insupportable de ce petit migrant mort
sur une plage turque !
Cette mort est insupportable, comme beaucoup d’autres
malheureusement ; mais ce qui l’est aussi, c’est, face à ce drame, à ces
drames, à ces tragédies, faudrait-il dire, le repliement sur soi, la montée des
égoïsmes, l’aveuglement assumé, les manipulations médiatiques, idéologiques,
l’indifférence haineuse, porte ouverte à toutes les vilénies. D’autant que nos
parents, nos grands-parents, ici, ont pu vivre des événements comparables, ont
dû subir l’ostracisme et les portes fermées, la dureté du monde, dans un passé
pas si lointain. Serions-nous devenus un peuple sans mémoire ?
Et l’incurie de l’état
qui ne fait pas ce qu’il doit ! Je n’en veux pour preuve que la situation
dans laquelle il laisse croupir les centaines de migrants arrivés sur notre sol
depuis des années et qui, sans la solidarité active des associations, des
militants n’auraient pas de quoi survivre, se loger, se nourrir.
Demain ?
Le fera-t-il demain ? Il tentera de faire croire qu’il
le fait pour ne pas heurter une opposition divisée, il s’abritera derrière
l’inertie de l’Europe, il lâchera trois
sous, il dira que l’on ne peut pas accueillir toute la misère du monde, il
mettra les maires dans le coup et il passera à un autre sujet. Sans chercher à
aborder ce qui fait le cœur de cette situation.
Remettre de
l’humain
D’abord le sort inhumain de tous ceux qui, parce qu’ils
fuient la guerre, la famine, l’oppression, ne voient pas d’autre issue que
l’exil. Partir, comme on peut, où on peut, pour tenter de sauver sa peau et
celles de vos enfants, de votre famille. Et il nous revient à nous de remettre
de l’humain dans cette humanité. Nous, les états, les institutions, les
gouvernements, les associations, les individus, les citoyens. Sans chipoter.
Parce qu’ils sont très nombreux à attendre.
Agir
Ensuite la neutralisation des responsables d’une telle
situation, les responsables affichés, les fauteurs de violences en tous genres,
mais aussi ceux qui ouvertement, ou moins ouvertement, les soutiennent, ou
profitent de leurs « jeux » sur l’échiquier mondial. Les
organisations internationales, les « grands » pays, l’Europe, ont la
capacité d’agir.
Les
consciences
Enfin, ici, les consciences et les valeurs qui les
animent : il ne faut pas laisser le terreau xénophobe sans réponse. C’est
la porte ouverte à toutes les dérives. Une action d’ampleur de tous les démocrates, de tous les
progressistes s’impose. Nous étions des millions de Charlie : serions-nous
devenus des millions de péteux et de salauds ? Les difficultés de nos propres
vies ne justifient rien. La seule réponse à faire est celle de Jacques Prévert.
Elle a plus d’un demi-siècle :
Etranges étrangers
Vous êtes de la ville
Vous êtes de sa vie
Même si mal en vivez
Même si vous en mourez
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