les billets d'humeur de Jean Marie Philibert dans le Travailleur Catalan

Jean Marie PHILIBERT ( c'est moi ) écrit toutes les semaines un billet d'humeur dans le TRAVAILLEUR CATALAN, hebdomadaire de la fédération catalane du PCF.
Je ne peux que vous conseiller de vous abonner à ce journal qui est aujourd'hui le seul organe de presse de gauche du département des Pyrénées Orientales.
J'ai rassemblé dans ce blog quelques uns de ces billets d'humeur en rappelant brièvement les événements qu'ils évoquent

lundi 28 mai 2018

marché de dupes


Marché de dupes



Cette semaine sont tombées les premières réponses de Parcourssup mis en place pour affecter les étudiants dans l’enseignement supérieur : c’est la cata !

Vous pensiez que le bac avait un sens, une valeur. Il avait, dans des temps un peu anciens, ouvert tant de portes et symbolisé des avancées sociales pour des catégories sociales qui le considéraient un peu comme un sésame magique. Vous pensiez que le bac, premier titre universitaire vous offrait le droit de poursuivre, à l’université justement, votre formation. C’est fini ! Celle qui va vous ouvrir ou vous fermer la porte de l’université,  c’est une machinerie informatique incontrôlable qui décide pour vous sans que vous compreniez vraiment pourquoi et comment.

L’incompréhension

C’est le sentiment des futurs bacheliers, de leurs parents qui ont reçu le 22 mai les premières réponses de la machine. Première conséquence et premières incohérences : l’incompréhension ! Il y a plus de 800 000 demandes, il y a environ 800 000 places dans le supérieur (il en manquerait près de 50 000 pour accueillir tous les candidats) : plus de la moitié ne se voient rien offrir, et ce qui est proposé à environ 400 000 jeunes correspond pour la plupart à des vœux qu’ils ont élargis pour préserver leurs chances, mais qui dans la majorité des cas ne les satisfait pas.

Des dizaines de milliers de places restent vides alors qu’elles sont demandées.  Les critères sont restés opaques, les procédures plus que diverses. Les personnels chargés de la sélection embarrassés (c’est un euphémisme).Les seuls à décrocher le graal, ce sont les super dossiers qui ont attiré toutes les convoitises, ils ont été repérés dans tous les secteurs où ils ont concouru, et ils sont une petite minorité. Et encore même dans cette catégorie, les candidats mécontents sont légion, parce qu’ils n’ont pas tous suivi une même stratégie.

Le bac parasité

Les jeunes voient leur préparation au bac parasitée par l’incurie d’un gouvernement qui, dans les faits, veut rendre plus étroite l’entrée dans l’enseignement supérieur. Il cherche à renforcer la sélection, et à la mettre en œuvre là où elle n’existait pas, dans les facultés. Il n’a aucune ambition quant à la démocratisation véritable de l’éducation. Bien au contraire ! Dans ce secteur, comme dans les autres, il choisit la voie du recul des droits, celle l’inégalité programmée que justifieraient les mérites personnels. Il omet sciemment la seule solution véritable : la création de places dans les universités et les budgets qui vont avec.

JMP

mardi 22 mai 2018

le sens du 26


Le sens du 26

A force de tourner autour peut-être y parviendrons-nous ? Et l’on mesure sur le terrain social et politique, comme sur tous les terrains d’ailleurs, qu’il est plus difficile de faire que de dire. Ainsi de la convergence des luttes ! Depuis les batailles autour du code du travail, le mot est sur toutes les bouches et chacun y va  de sa proposition incontournable, de ses souvenirs fantasmés de mai 68, du Faucon, Yaqua. Dans la réalité, des yeux ouverts ne peuvent que constater une certaine stagnation. Ça converge un peu, assez, mais il en faut plus !

Même si

Même si les cheminots ouvrent une voie courageuse, même si les salariés d’Air France renvoient leur pdg à ses rêves de mettre les syndicats kaput, même si les étudiants bougent et bougent encore, même si la fonction publique se lance dans une nouvelle grève unitaire le 22, même si les organisations de retraités préparent une nouvelle manif le 14 juin. La confluence solide et durable tarde à venir alors que les esprits semblent prêts, que la situation sociale et politique est plus que tendue, que les orientations politiques de Macron et sa clique nous promettent plus pire encore, avec arrogance et violence. Observez les nouvelles stratégies policières : ils tapent sur tout ce qui bouge.

La faire bouillir

La journée du 26 mai devrait permettre de lever les obstacles, d’ouvrir une perspective, de faire descendre et redescendre dans la rue tous ceux qui sont le peuple et qui n’ont rien à attendre des parvenus friqués qui nous gouvernent, du monde de la finance qui les sponsorise. Le 26 mai met en avant l’ampleur du rassemblement à réaliser, dépasse les clivages, met le syndical, le politique, l’associatif dans une même marmite pour la faire bouillir tant et plus, sans réserve. Chacun peut s’y reconnaître pour ce qu’il est. La guéguerre des clans, des cliques et des egos, passe au second plan (n’ayez crainte,  les media se chargeront de brouiller les pistes et les esprits).La question dérisoire du leadership a-t-elle un sens quand l’unité est une nécessité ? Il est heureux que les mentalités aient évolué sur cette question et on pourrait penser à ce que des esprits lucides tirent les leçons des événements pour faire de cette unité la pierre angulaire d’une stratégie politique, sociale, gagnante. Parce qu’enfin c’est cela que le peuple attend : quelque chose qui ressemblerait à une victoire sur les sorts contraires qui aggravent sans cesse ses souffrances.

JMP

lundi 7 mai 2018

pour le numéro spécial "fête"du TC


Des fantômes chez les cocos

Par une chaude soirée de juin vous vous promenez ou vous vous promènerez dans les allées du Bocal du Tech dans les flonflons de la Fête du TC. Vous ne vous doutez pas qu’il s’agit là d’un lieu hanté. Des fantômes chez les cocos !

Eh oui ! Il y a tous ces jeunes et ces moins jeunes, toutes ces figures connues et inconnues qui font la foule bigarrée, tous ceux que vous avez rencontrés les mois précédents dans les multiples rassemblements-manifestations-défilés, tous ceux qui peuvent, comme dit le poète, porter le nom de camarades, tous ceux dont la solidarité vous réchauffe le cœur. Tous ceux bien réels, souriants et un peu poussiéreux, heureux de se voir si nombreux. Selon votre niveau d’absorption de pastaga, punch ou autre produits dopants, vous les verrez en double peut-être, mais il s’agira d’êtres de chair et de sang. Pas des fantômes !

Un personnage sans âge

Mais dans les interstices  d’une réalité obscure, au détour d’une allée un peu moins animée, loin des spots de la scène centrale, gardez l’esprit en éveil et vous verrez peut-être un personnage un peu flou, sans âge, tellement le temps l’a patiné : tous les ans il me donne rendez-vous au même endroit et il sait que je viendrai. On a plaisir à se retrouver.  Je pense qu’il fait de même avec beaucoup d’autres habitués de la fête.

 Il a, paraît-il,  deux cents ans maintenant et ne change pas. La longue barbe blanche, le cheveu long, quelque peu hirsute et cracra, la posture fière et le regard haut, sans complaisance, mais plein d’humanité. Certes le costume est un peu démodé, la redingote est élimée, mais rigoureusement boutonnée, pour éviter de donner une impression de négligé qui ne siérait pas à la majesté sobre d’un  personnage hors du commun.

Le papy-gâteau

Et il n’est jamais seul, il est entouré d’une bande de toujours jeunes et joyeux drilles qui contrastent avec son sérieux. On sent des fauteurs de troubles patentés et expérimentés. En papy-gâteau il s’amuse de leurs débordements. Eux, on les connaît et reconnaît, on les retrouve souvent lorsque dans la société les affaires tournent au vinaigre, lorsque le peuple rouspète, lorsque les ouvriers manifestent. Ils portent des noms si bizarres que l’on dirait des gros mots difficilement compréhensibles.

Et une

Il y a celle qui fourre son nez partout, qui s’amuse à dire à chacun qu’il est aussi son contraire et qui n’en a jamais fini de parler pour nous convaincre de l’étroitesse de notre esprit : c’est l’exubérante Dialectique. Elle est mignonne tout plein, mais je plains ses parents. A la maison elle doit être intenable, parce qu’elle veut se dépasser sans cesse pour saisir une vérité qui échappe.

Et deux et trois

Elle a toujours avec elle une bonne copine une dénommée Plusvalue qui est presque aussi insupportable qu’elle parce qu’elle se croit obligée de jouer sans arrêt à la marchande et de piquer du pognon à tous ceux qui la croient honnête. A cette Plusvalue là il ne m’étonnerait pas qu’il lui arrive des bricoles. Tout comme à la troisième de l’équipe, elle porte le doux nom d’Aliénation, elle en fait des dégâts celle-là, sans souvent que l’on s’en rende compte. Elle roule tout son monde dans la farine. Devant leur mentor elles sont sages comme des images, mais dès qu’il tourne le dos, c’est l’enfer.

Et quatre et cinq

Les deux garçons ont plus de retenue, ils portent des noms célèbres, mais qui ne sont pas non plus  dans le calendrier, Matérialisme pour l’un, et Socialisme pour l’autre. A la fête du TC ils baignent dans le bonheur, parce que tout le monde ne parle que d’eux pour en dire le plus grand bien.

La perle

Mais celle qu’ils entourent tous de la plus grande sollicitude, c’est une vraie princesse qui ouvre toutes les portes et toutes les consciences, qui contre vents et marées ne se trompe jamais en séparant le bon grain de l’ivraie, la classe laborieuse des zopulents, en montrant toujours la voie à suivre, c’est cette perspicace Luttedesclasses. C’est la préférée de son papy, celle qui lui permet de garder  son éternelle jeunesse et de revenir tous les ans prendre et reprendre ce bain de jouvence dans les allées du Bocal du Tech.

Le papy vous l’avez reconnu sans peine. Papy Karl qu’il s’appelle, un vrai fantôme ou un fantôme vrai, comme vous voudrez. Je suis sûr que vous le rencontrerez aussi. Quant à ses petits enfants, vous savez bien, ils ne nous quittent plus.



Jean-Marie Philibert