Des fantômes chez les cocos
Par
une chaude soirée de juin vous vous promenez ou vous vous promènerez dans les
allées du Bocal du Tech dans les flonflons de la Fête du TC. Vous ne vous
doutez pas qu’il s’agit là d’un lieu hanté. Des fantômes chez les cocos !
Eh
oui ! Il y a tous ces jeunes et ces moins jeunes, toutes ces figures
connues et inconnues qui font la foule bigarrée, tous ceux que vous avez
rencontrés les mois précédents dans les multiples
rassemblements-manifestations-défilés, tous ceux qui peuvent, comme dit le
poète, porter le nom de camarades, tous ceux dont la solidarité vous réchauffe
le cœur. Tous ceux bien réels, souriants et un peu poussiéreux, heureux de se
voir si nombreux. Selon votre niveau d’absorption de pastaga, punch ou autre
produits dopants, vous les verrez en double peut-être, mais il s’agira d’êtres
de chair et de sang. Pas des fantômes !
Un personnage sans âge
Mais
dans les interstices d’une réalité
obscure, au détour d’une allée un peu moins animée, loin des spots de la scène
centrale, gardez l’esprit en éveil et vous verrez peut-être un personnage un
peu flou, sans âge, tellement le temps l’a patiné : tous les ans il me
donne rendez-vous au même endroit et il sait que je viendrai. On a plaisir à se
retrouver. Je pense qu’il fait de même
avec beaucoup d’autres habitués de la fête.
Il a, paraît-il, deux cents ans maintenant et ne change pas.
La longue barbe blanche, le cheveu long, quelque peu hirsute et cracra, la
posture fière et le regard haut, sans complaisance, mais plein d’humanité.
Certes le costume est un peu démodé, la redingote est élimée, mais
rigoureusement boutonnée, pour éviter de donner une impression de négligé qui
ne siérait pas à la majesté sobre d’un
personnage hors du commun.
Le papy-gâteau
Et
il n’est jamais seul, il est entouré d’une bande de toujours jeunes et joyeux
drilles qui contrastent avec son sérieux. On sent des fauteurs de troubles
patentés et expérimentés. En papy-gâteau il s’amuse de leurs débordements. Eux,
on les connaît et reconnaît, on les retrouve souvent lorsque dans la société
les affaires tournent au vinaigre, lorsque le peuple rouspète, lorsque les
ouvriers manifestent. Ils portent des noms si bizarres que l’on dirait des gros
mots difficilement compréhensibles.
Et une
Il
y a celle qui fourre son nez partout, qui s’amuse à dire à chacun qu’il est
aussi son contraire et qui n’en a jamais fini de parler pour nous convaincre de
l’étroitesse de notre esprit : c’est l’exubérante Dialectique. Elle est
mignonne tout plein, mais je plains ses parents. A la maison elle doit être
intenable, parce qu’elle veut se dépasser sans cesse pour saisir une vérité qui
échappe.
Et deux et trois
Elle
a toujours avec elle une bonne copine une dénommée Plusvalue qui est presque
aussi insupportable qu’elle parce qu’elle se croit obligée de jouer sans arrêt
à la marchande et de piquer du pognon à tous ceux qui la croient honnête. A
cette Plusvalue là il ne m’étonnerait pas qu’il lui arrive des bricoles. Tout
comme à la troisième de l’équipe, elle porte le doux nom d’Aliénation, elle en
fait des dégâts celle-là, sans souvent que l’on s’en rende compte. Elle roule
tout son monde dans la farine. Devant leur mentor elles sont sages comme des images,
mais dès qu’il tourne le dos, c’est l’enfer.
Et quatre et cinq
Les
deux garçons ont plus de retenue, ils portent des noms célèbres, mais qui ne
sont pas non plus dans le calendrier,
Matérialisme pour l’un, et Socialisme pour l’autre. A la fête du TC ils
baignent dans le bonheur, parce que tout le monde ne parle que d’eux pour en
dire le plus grand bien.
La perle
Mais
celle qu’ils entourent tous de la plus grande sollicitude, c’est une vraie
princesse qui ouvre toutes les portes et toutes les consciences, qui contre
vents et marées ne se trompe jamais en séparant le bon grain de l’ivraie, la
classe laborieuse des zopulents, en montrant toujours la voie à suivre, c’est
cette perspicace Luttedesclasses. C’est la préférée de son papy, celle qui lui
permet de garder son éternelle jeunesse
et de revenir tous les ans prendre et reprendre ce bain de jouvence dans les
allées du Bocal du Tech.
Le
papy vous l’avez reconnu sans peine. Papy Karl qu’il s’appelle, un vrai fantôme
ou un fantôme vrai, comme vous voudrez. Je suis sûr que vous le rencontrerez
aussi. Quant à ses petits enfants, vous savez bien, ils ne nous quittent plus.
Jean-Marie
Philibert
Excellent Jean Marie et revigorant.
RépondreSupprimerCe sont de telles références qui nous permettent de rester jeunes !.....