les billets d'humeur de Jean Marie Philibert dans le Travailleur Catalan

Jean Marie PHILIBERT ( c'est moi ) écrit toutes les semaines un billet d'humeur dans le TRAVAILLEUR CATALAN, hebdomadaire de la fédération catalane du PCF.
Je ne peux que vous conseiller de vous abonner à ce journal qui est aujourd'hui le seul organe de presse de gauche du département des Pyrénées Orientales.
J'ai rassemblé dans ce blog quelques uns de ces billets d'humeur en rappelant brièvement les événements qu'ils évoquent

jeudi 19 juillet 2018

but !


BBBBBUUUUUUUTTTTTTTTT !!!!!!!!!



Mes petits copains et copines du TC entrainent mon humeur sur des voies où mes penchants naturels ne me conduiraient pas nécessairement. Je ne souviens d’un premier billet d’humeur qui remonte à quelques années (quand on aime on ne compte pas) : il m’avait fallu disserter aimablement, humoristiquement, mais aussi satiriquement sur une visite du pape chez la fille aînée de l’église, notre France chrétienne, apostolique et romaine. Mais très vite au fil des TC la politique nationale, comme locale était devenue ma tasse de thé. Ce qui fait le quotidien de notre vie, le concret, la réalité, ses luttes ( de classe), le tout bien sûr sous la vigilance de ma mémé et mon pépé. Pour ce dernier numéro avant les vacances, une grande première sous ma plume: je deviens commentateur sportif. Je n’y connais rien ou si peu. J’ai un mal fou à suivre un match en entier. Mais Mondial oblige !



AVANT LA FINALE



Au moment où j’écris ces lignes la finale n’a pas eu lieu : l’attente angoissée de mes petits-fils de 12 et 1O ans présents à la maison pendant ces vacances me permet de savoir tout ce qu’il est utile de connaitre. Ils croient dur comme fer que l’affaire est faite et se reconnaissent dans les drapeaux tricolores qui sillonnent les rues. Ils m’interrogent sur mes souvenirs bien brumeux de 98.

Y aurait-il quelque chose de la construction identitaire ? Sans doute, même si on peut déplorer qu’elle passe par les exploits de jeunes garçons jouant à la baballe devant des foules survoltées et des téléspectateurs anesthésiés. Reconnaissons que c’est bien moins sanguinaire pour le pays que les victimes des guerres. On reste ici dans l’ordre du symbolique, mais un symbolique surmultiplié par l’aura médiatique de l’événement, le sentiment d’en être un peu acteur.

Mais soyons lucides, la part d’irrationnel n’est pas négligeable. De l’histoire en direct sans sang, mais pas sans sens !



N’ATTENDONS PAS LE RÉSULTAT FINAL



J’ai envie de dire sans attendre le résultat final (même si positif il mythifiera un peu plus l’événement) que le jeu en vaut la chandelle, que par-delà la place prise par le pognon,  par-delà ce qui peut apparaître comme de l’aliénation collective et des comportements lourdingues, ces événements sportifs renforcent,  pour ceux qui ont peu ou rien ou presque rien, la part d’humanité, la part de rêve, un besoin d’exister ensemble, de partager une aventure que la marche quotidienne d’un monde, violent, dangereux, injuste et éclaté met à mal avec une  constance sans cesse renouvelée sous la houlette des puissants du jour. De l’oxygène pour ceux qui en manquent !



Il est heureux que cela passe par le sport. Cela doit permettre d’aller encore plus avant dans sa philosophie, de faire mieux partager ses valeurs positives : l’effort physique, la nécessite de l’apprentissage, la persévérance, le dépassement de soi, la construction de l’esprit d’équipe, la nécessité de la cohésion et de la modestie.  Sur ces terrains-là, l’exemplarité de la démarche initié par DD, champion du monde et maintenant entraîneur doit faire école.



LE TERRAIN SOCIAL



Enfin pour en terminer par ces prémices avant l’affrontement final, le terrain est aussi social, et vert d’espérance comme le gazon de toutes les pelouses du mondial. Dans un pays  où le racisme aurait tendance à se répandre, la réussite d’une équipe qui rassemble les origines, les couleurs, les histoires est une leçon de morale pour tous et un magnifique pied de nez à tous les malades de l’exclusion. Dans sa diversité cette équipe est notre France. POURVU QU’ELLE RÉUSSISSE !



QUELQUES HEURES PLUS TARD





Et puis l’heure tourne, le temps de l’affrontement approche, les drapeaux sortent. Les bistrots retrouvent la vie et on s’y entasse parés aux couleurs tricolores. La Marseillaise et le match dont je ne peux évoquer que l’affrontement très rugueux, la volonté de dominer un adversaire respectable et respecté, la soif de gagner. Les buts qui déchaînent les cris et les joies. Le sentiment progressif que le rêve devient réalité. La libération au coup de sifflet final; Et puis je n’ai plus rien à ajouter. La foule partout, du fond de la campagne aux Champs Élysées. Le vin est tiré, il faut le boire. Il fait d’autant plus de bien que nous sommes très-très nombreux à en goûter toute la richesse.



Jean-Marie Philibert

lundi 9 juillet 2018

un besoin immémorial


Un besoin immémorial

L’évocation de mai 68 pour son cinquantenaire m’a octroyé avant l’heure estivale des vacances journalistiques méritées, vous en conviendrez ; mais mai 68 (ah mémé !) ne va pas durer indéfiniment. Il faut remettre son humeur au travail : il y a des travaux plus pénibles. D’autant que, profitant des fortes chaleurs, je me sens des ailes pour me lancer dans une humeur estivale qui devrait me permettre toutes les libertés. Butinons donc tout ce que le monde nous propose et tentons de faire notre miel des fleurs qui embellissent le paysage. Tentons de prendre une bouffée d’optimisme…

Il y a un blème

Mais gros problème : certes il y a les fleurs… Elles ne sont pas seules. Tout ce qu’il y a autour pollue et empoisonne ma vie d’abeille, et m’incite à m’interroger comme peut le faire le poète « Est-ce ainsi que les hommes vivent ? », ou comme les font les apiculteurs de base : quel miel produire ? Pour qui ? Pour quels bienfaits ?, ou enfin comme le disait Lénine : «Que faire ? ».

Question « empoisonnement », au propre, comme au figuré, nous sommes servis. On n’a jamais autant invoqué l’écologie et on ne s’est jamais assis sur ses principes avec autant de désinvolture grâce à un ministre star de la téloche. On a mis la santé des français en avant  pour réduire la vitesse sur les routes et on rend intenable la vie dans les hôpitaux. On envisage une sécurité qui ne devrait plus rester sociale. On met les services publics dans la panade ! Notre Jupiter au petit pied visite le pape, se répand dans la planète pour apporter ses lumières, veut faire un max pour les migrants, mais il laisse quasi quotidiennement des femmes, des hommes, des enfants, errer et mourir dans la Méditerranée. Ne disons rien ou presque de ces maladies sociales que sont le chômage, la précarité, la misère, l’exclusion. La vie des gens de « rien » est ainsi progressivement empoisonnée. Pas grave, ce n’est rien !

Les fleurs de l’arrogance

C’est l’humanisme d’une république en marche vers la cata. La cata pour les pauvres, ceux qui gaspillent le pognon qu’on leur distribue généreusement, ceux qui en auront d’ailleurs de moins en moins, vu que les aides sociales, ça suffit. Que la soif des possédants est inextinguible.

Il faudrait butiner ces fleurs de l‘arrogance qui peuplent le paysage « no future » qui devient notre lot quotidien. Tu parles de bouffée d’optimisme… Il est temps que tu ouvres les yeux, que tu reprennes la plume…

Avec une cerise idéologique sur le gâteau : le sentiment que quelles que soient votre révolte, votre détermination à vous battre pour dire l’intolérable, vous n’y changerez rien, le fatum jupitérien est tel qu’il s’imposera inéluctablement. Le surnaturel revient au galop : il faut l’accepter, sinon les coups de matraques pleuvent.

Au pas et au pain sec !

 Si nous n’y prenons garde… les abeilles vaillantes et dignes qui veulent vivre du fruit de leur travail changeront de régime, de modèle social, de monde. Sous le masque policé d’un jeune homme de bonne famille promis à une brillante destinée, certes quelque peu ambitieux, ne se cache-t-il pas une volonté forcenée de mettre au pas et au pain sec de façon progressive et orchestrée celles et ceux qui dans ces temps estivaux rêvent encore de butiner un peu de bonheur.

Le peuple a un besoin immémorial de butiner.

Le jeune homme en question ne connaît pas sa persévérance !

Jean-Marie Philibert