les billets d'humeur de Jean Marie Philibert dans le Travailleur Catalan

Jean Marie PHILIBERT ( c'est moi ) écrit toutes les semaines un billet d'humeur dans le TRAVAILLEUR CATALAN, hebdomadaire de la fédération catalane du PCF.
Je ne peux que vous conseiller de vous abonner à ce journal qui est aujourd'hui le seul organe de presse de gauche du département des Pyrénées Orientales.
J'ai rassemblé dans ce blog quelques uns de ces billets d'humeur en rappelant brièvement les événements qu'ils évoquent

dimanche 24 mai 2020

Avancer ensemble


AVANCER ENSEMBLE



Les métaphores ont fusé comme chaque fois que l’on  a du mal à identifier une chose, des événements, des situations, des êtres qui nous surprennent parce que nous ne les connaissons pas. Les métaphores, elles, peuvent sécuriser et faire peur à la fois, ainsi de « la guerre », répétée à satiété par Macron et sa troupe pour nous faire comprendre que, face au corona, il faudra s’attendre à en baver. J’imagine même qu’il ne devait pas être totalement mécontent d’exagérer un peu pour qu’on ait une bonne trouille.

Et une fois que la métaphore a pris, il faut la tartiner en long en large pour qu’elle produise tous ses effets. Certes ça peut se discuter, mais les consciences ont compris que l’heure était grave, que la pandémie est là, que le confinement durerait longtemps. Il a duré et, pendant des semaines, il nous a contraints à faire le contraire de ce pour quoi on était fait, à nous enfermer, à nous désocialiser, à nous déshumaniser. Jusqu’à l’inacceptable …

Une acceptation critique

Deux exemples, un tragique : le sort réservé aux défunts et aux plus âgés, sans commentaire ! Un autre plus mélo, les êtres qui s’aiment que le confinement sépare pendant de longs jours. Je ne dirai rien de la dureté de l’enfermement pour tous ceux que la vie n’a pas gâtés. Mais globalement une situation acceptée par une très large part de la population, convaincue qu’il fallait arrêter la propagation du virus. Même si elle gardait une approche critique des mesures de l’état d’urgence, de la pression policière, de la remise en cause des droits sociaux sur lesquelles le gouvernement  s’était précipité, trop enclin à infantiliser son peuple.

Un peu de foutage de gueule

Il a fallu ensuite en sortir sans qu’on sache vraiment comment les choses pouvaient se passer. Peu à peu, avec des précautions, sans toujours une grande cohérence, avec une équipe gouvernementale qui navigue à vue, qui fait mine d’avoir compris les leçons de l’événement pour un hypothétique jour d’après, qui croit s’en tirer en donnant une médaille et quatre sous aux soignants. Et qui ressort de la naphtaline Nicole Notat, du syndicalisme « assoupi », pour mettre fin à la « paupérisation » des personnels soignants. Serait-ce pour solde de tout compte et pour en être quitte, le jour d’après… Il y aurait comme du foutage de gueule.

Un début de parole commune

D’où la plus grande attention que nous devons apporter à ceux, politiques, syndicalistes et syndiqués,  associatifs, intellectuels, citoyens, que le confinement n’a pas assoupis. Dans des conditions très difficiles, cette vie-là a perduré, elle a même retrouvé des paroles communes, des démarches (un peu) convergentes, peut-être un début d’ambition transformatrice, progressiste, perturbatrice du désordre dominant. Peut-être ?

Pour une classe ouvrière conquérante

Le TC s’en est fait l’écho.  Parce que si on veut que le jour d’après diffère des jours d’avant, il ne suffira pas d’un coup de pinceau, il y faudra des maçons, des architectes, des travailleurs manuels, intellectuels, engagés, des courageux, des syndicalistes, une classe ouvrière conquérante capable de renouer avec les grands rendez-vous, ceux que l’on prépare de loin. Souvenez-vous des mois passés à bouger, agir, manifester, pour les droits, pour les retraites, pour les services publics, pour un partage équitable des richesses de ce pays, pour une solidarité sociale sans faille. La situation est telle qu’elle peut permettre un élan nouveau porté par une aspiration revivifiée, construite dans les souffrances de l’heure qui sont réelles, et par une intense soif de vivre.

A tous ceux qui ont une parcelle de responsabilité dans la relance de cette vie sociale et politique, je voudrais souhaiter la plus grande ambition  et l’impérieux besoin d’avancer ensemble.

Jean-Marie Philibert

mardi 19 mai 2020

Au Café du Commerce


Au Café du Commerce



Le Café du Commerce est fermé, mais on y entend des voix.

« -Le jour d’après, ça ne peut pas être comme le jour d’avant… ?

-C’était pas possible que ça continue, tout le monde reconnait que ça ne pouvait plus durer, que le covid est à prendre comme un avertissement, … une chance pour sortir d’une spirale folle…

-Même le Président, il a dit que sur l’hôpital il s’était trompé…

-Il faut les croire…

-Regardez comme ils sont bons et charitables, ils veulent qu’on donne un peu de notre RTT pour les soignants…

-Ils ont un tel souci de notre santé que, non contents de nous confiner pendant plusieurs semaines, ils nous ont puni par des PV chaque fois qu’on a désobéi parce qu’ils nous aiment …

-Certes ils n’ont pas une grande idée de notre sens des responsabilités, ils nous croient un peu infantiles, mais ont-ils tort ? Regardez comme tous les Perpignanais se sont tous précipités au Perthus le premier jour du déconfinement…

Nous mettre au pas

-ça c’est vrai… La nature humaine est ainsi faite : il faut des Castaner pour nous mettre au pas…

-Je dirai même plus : il faut un chef,  et le Macron il l’a bien senti, dès le début, en faisant son petit Jupiter…

-Certes, mais quand même, la France n’est pas la Chine… Enfin si c’est pour notre bien…

-Oh moi, j’accepte. Vous savez ce qui me manque le plus ? Ce sont les matches de l’USAP… »

Le grincheux de service qui a entendu ce début de conversation, qui est bien sûr syndiqué dans un syndicat qui fait dans la résistance, qui est quasiment passé du jour au lendemain des manifs pour les retraites à la retraite forcée de toutes les manifs (disparues dans le confinement), qui a compris que la bande au pouvoir oscille depuis le début de la pandémie entre le déni, les cagades et l’esbroufe, qui sait que la situation est grave et compliquée et qu’il faut et faudra se préserver, jusqu’à ce qu’on ait un/des remède(s) et surtout un vaccin, n’en peut plus devant l’avalanche de niaiseries qui alimentent de telles conversations.

Il hésite avant d’intervenir entre le violent remontage de bretelles ou une approche dialectique digne du grand Karl.

Il déniaise

« -Quand je vous entends je mesure les dégâts du confinement, pénible pour tout le monde, le décervelage médiatique auquel nous n’échappons pas, et la propension de chacun à croire qu’il détient une vérité…

-Mais qu’est-ce qu’il dit celui-là ? … Il est pas d’ici ! … Pour qui il se prend… On serait des couillons ?... 

-Oh que non ! Vous n’êtes pas des couillons : la preuve, écoutez ce que vous dites dans les sondages, vous n’avez aucune confiance dans les gugus qui gouvernent, vous avez raison, comme quand nous étions ensemble pour défendre les retraites. Mais le pouvoir avec ses perroquets porte-voix, toujours les mêmes, une centaine de m’as-tu-vu sans conscience qui pérorent quotidiennement dans la petite-grande lucarne nous trempent (et nous trompent) dans un tel embrouillamini que nous pouvons dire à la fois une chose et son contraire (comme la clownesque Ndiaye, la porte-parole de Macron) au grand bonheur de ceux qui nous gouvernent et nous exploitent. Ils ne servent qu’à ça d’ailleurs, mais ils le font si bien et quand je vous entends je me dis vraiment  qu’il faut que ça s’arrête, que le jour d’après ne peut pas être comme le jour d’avant. »

Au TC on est convaincu que, si on les laisse dire et faire, le jour d’après ce sera pire que le jour d’avant. Et au TC on n’aime pas jouer au couillon. On y est très mauvais d’ailleurs.

Jean-Marie Philibert.




dimanche 10 mai 2020

Une parole qui fait du bien


Une parole qui fait du bien

Les temps bousculent les consciences : ils sont propices aux interrogations, à quelques éclairs de lucidité et sans doute aussi pour les plus téméraires, ou les plus craintifs, à des remises en cause, à des aggiornamenti ou à des ruptures plus radicales. La presse bruisse ainsi de propos personnels, collectifs qui, à la lumière du corona qui nous tombe sur le coin de la figure, disent le pourquoi, le comment, ce qu’il n’aurait pas fallu faire, ce qu’il est aujourd’hui urgentissime de faire enfin. Ils stigmatisent souvent une insouciance coupable. Ils déplorent les atermoiements, l’incapacité du gouvernement à prendre l’exacte mesure de la situation et remercient chaleureusement tous ceux qui des hôpitaux aux impératifs collectifs du quotidien font face. Très souvent la tonalité de ces propos insiste sur les souffrances imposées à une nature qui n’en peut mais,  et qui à travers le covid voudrait nous lancer un avertissement. Comme souvent, chacun voulant raconter la sienne, avec la haute idée de la légitimité de ce qu’on pense, ces déclarations ont surtout de l’intérêt pour ceux qui les profèrent.

Des perles

Mais, il peut y avoir quelques perles, quelques éclairs fulgurants, quelques moments où on aura l’impression d’entendre une parole qui nous enrichit. Ce ne sera pas dans la petite ou grande lucarne de la téloche qui n’a de cesse que de gloser sur le discours gouvernemental à des fins anesthésiantes et/ou effrayantes. Internet peut apporter des paroles qui ne nous laissent pas indifférents. Les déclarations de Vincent Lindon mises en ligne par Mediapart sont de cet ordre-là. C’est sans doute pour cela, parce qu’elles peuvent déranger, que les canaux médiatiques officiels restent très discrets. On les comprend. Ecoutez-les.

Pas un trublion

Le Vincent n’est pas un trublion : un de ses derniers grands rôles avait été celui d’un chômeur dans « La loi du marché » qui lui avait valu un prix d’interprétation à Cannes, mais il est issu de la haute, comme on dit, et  ses amours l’ont conduit à fréquenter les pouvoirs. Il a soutenu Bayrou, puis François Hollande. Aujourd’hui il dézingue sans sommation Macron et sa bande.

Il part de la difficulté du système de santé à faire face à la pandémie, des dégâts subis à cause de l‘imposition aux hôpitaux d’une rentabilité maximale, à la surdité du pouvoir devant les luttes des personnels. Il lie cette politique aux privatisations à tous crins menées avant Macron et avec Macron. Vendre ce qui fait la richesse du pays ! Il dénonce la dérive monarchique du régime et rappelle cette affirmation éclairante de l’impétrant monarque : « Dans la politique française, l’absent est la figure du roi dont je pense  fondamentalement que le peuple français n’a pas voulu la mort ».

Changer le système

Il revient sur les coups portés au droit du travail, aux allocations-chômage et à tous les cadeaux  à « ceux qui n’ont besoin de rien ». La politique de la carotte et du bâton est stigmatisée, tout comme l’incapacité à prendre la mesure des choses face à l‘épidémie et le recours au mensonge, comme dans l’épisode des masques. L’organisation du dé-confinement ne trouve pas grâce à ses yeux.

Il plaide pour changer le système, au profit de ceux pour qui les « lendemains ne chantent pas ». Contre les inégalités, il propose pour les plus riches une contribution exceptionnelle qu’il appelle taxe « Jean Valjean ». Il veut faire honte aux exilés fiscaux. Il veut réparer notre démocratie, en instituant de vrais contre-pouvoirs, en responsabilisant les élus, comptables de leurs actions et en sanctionnant les formes avérées de corruption politique.

Et cerise sur le gâteau, il veut la plus juste des rémunérations pour tous ceux qui choisiront de servir la collectivité. De façon à avoir les meilleurs.

Que du bon sens ! Enfin !

En ces temps troublés la rencontre d’une belle personne fait du bien. Profitons-en…

Jean-Marie Philibert.

vendredi 1 mai 2020

le premier mai confiné ou pas reste le premier mai 
et Macron et ses sbires n'ont qu'à bien se tenir
après le premier mai il y a le 11,
 le 12,
 le 13
 et tout ce qui s'en suit