les billets d'humeur de Jean Marie Philibert dans le Travailleur Catalan

Jean Marie PHILIBERT ( c'est moi ) écrit toutes les semaines un billet d'humeur dans le TRAVAILLEUR CATALAN, hebdomadaire de la fédération catalane du PCF.
Je ne peux que vous conseiller de vous abonner à ce journal qui est aujourd'hui le seul organe de presse de gauche du département des Pyrénées Orientales.
J'ai rassemblé dans ce blog quelques uns de ces billets d'humeur en rappelant brièvement les événements qu'ils évoquent

lundi 31 août 2020

 



la voie… la seule…

Perpignan, les municipales comme exemple de ce qu’il ne faut pas faire. Je veux parler de l’union. Chacun a voulu jouer sa partition se croyant plus malin que les autres, les artisans de l’union ont été marginalisés et nous nous sommes pris Aliot dans la gueule.

Ici, mais aussi ailleurs, dans des temps compliqués, dans des difficultés sociales majeures, confrontés à des pouvoirs qui ont brouillé les pistes, comme les valeurs, pour tromper leur monde et surtout ne pas répondre aux besoins sociaux du plus grand nombre, les citoyens y ont perdu leur latin politique pour s’éloigner des urnes, pour chercher de nouveaux visages, pour s’enfermer dans le repliement sectaire, raciste ou pour ne plus croire en rien, en tout cas pour s’éloigner de la politique.

Eclaté

Le paysage politique est éclaté, la gauche socialiste  a gouverné à droite, la droite a parodié la pseudo-gauche, l’extrême droite s’est pris pour la droite et même plus, un petit malin et de  jeunes ( ?) ambitieux, mal latéralisés, ont rejoué la fable du ni-gauche, ni-droite. La situation confuse n’est pas que franco-française, ça bouillonne un peu partout et ça part dans tous les sens, en général plutôt à droite toute. Vous mettez dans la sauce un corona inconnu qui pimente le tout pour brouiller les esprits. Et vous vous retrouvez dans une panade telle que vous oubliez un fondement de la vie sociale et politique : l’unité, l’union. L’union à gauche toute.

Les difficultés

Dans les esprits, elle est la référence constante. Elle rappelle les moments importants où les convergences ont permis des avancées inattendues et dont nous vivons encore les bienfaits. Elle n’est pas facile à construire et elle cache des rivalités, des ambitions contraires, des enjeux de pouvoirs, pour celui ou celle qui pourrait en tirer les marrons du feu. La plupart ne la supporte qu’à sa botte.

 L’union ne se suffit jamais à elle-même : elle n’est pas une fin en soi. Elle n’aura de sens que dans la mesure où elle nous aidera à transformer le réel. Il n’est pas dit que, dans ce cadre-là, chacun ait l’ambition de jouer la plus grande transparence, le poker menteur est souvent la règle, refroidissant tous ceux qui ont une foi progressiste chevillé au cœur.

Il est de la dignité des forces politiques qui se réclament de ce progrès, social, écologique, transformateur de sortir la vie publique de l’ornière réactionnaire de laquelle elle ne peut pas s’extirper, de dépasser les déclarations d’intention, d’écouter l’aspiration, certes multiforme, mais néanmoins très profonde, de ne plus se laisser enfermer, enliser, dans un monde d’avant où il ne faut rien changer pour que le pire perdure.

Pour que le pire ne perdure pas

Il y faudra des concessions, de la patience, des palabres, mais surtout un engagement à dire ce que l’on peut et veut faire ensemble pour un monde du travail en souffrance, pour les salaires qui lui permettront de vivre décemment, pour les droits qui élargiront sa vie, pour les services qui la lui faciliteront, pour tous ceux qu’il est urgent de sortir de la marginalité. Pas avec des formules creuses, mais avec du tangible. Il y faudra aussi que ce monde du travail s’en mêle syndicalement avec le même souci  des convergences.

Je suis de ceux qui ont toujours cru la chose possible, souhaitable, et plus encore. Serais-je l’optimiste impénitent ?

A la fin de cet été un peu drôle, les cocos, les écolos, les socialos, les insoumis, les agités du progrès de toutes les couleurs et de toutes les écoles ne pourraient-ils pas nous faire avancer sur cette voie, la seule possible … pour un monde enfin juste C’est un sens obligatoire !

Jean-Marie Philibert

 

 

lundi 24 août 2020

le corona le corps et la tête

 

Le corona, le corps et la tête.

Le corona a fait des dégâts, c’est le propre (enfin c’est une façon de parler) d’une maladie, d’une épidémie, d’une pandémie de ne pas nous vouloir du bien et de nous rappeler ce que nous sommes. Je ne reviendrai pas sur la maladie elle-même, je n’ai aucune compétence pour en parler, si ce n’est ce que mes lectures et les media m’ont appris, sans aucune garantie sur la véracité du propos et l’immensité de nos ignorances.

Mon propos est de tenter de montrer que cette maladie n’est pas qu’organique, que cette épidémie ne s’attaque pas qu’à nos corps, mais aussi à nos tronches et à ce que nous avons, ou nous n’avons pas dedans. Je crains moi aussi sur ce terrain glissant de m’aventurer vers des terres peu sûres, mais je pense que j’ai quand même quelques arguments à faire valoir.

C’était avant

D’ailleurs cela a démarré, ici avant que les premiers cas n’apparaissent. Nous avions la grosse tête. « Même pas peur ! » Alors que la Chine se confinait, que le virus échappait au contrôle, au plus haut sommet de l’état, on se la jouait décontracté, on allait au théâtre, on faisait le kakou, on se voulait rassurant. J’ai même le souvenir d’un conseil des ministres, officiellement consacré à l’épidémie : il avait servi à décider d’utiliser le 49/3 pour faire passer le projet de réforme des retraites au Parlement. C’est dire si l’épidémie on s’en tamponnait le coquillard.

Il était plus urgent de purger nos droits que, par exemple, de regarder si l’on aurait des masques, si on serait en capacité de tester les malades, d’organiser les hôpitaux (qu’on avait auparavant mis en coupe réglée). La première forme que le corona a prise pour brouiller les esprits, y compris les plus puissants, fut donc le déni. Il s’agissait de détourner les yeux d’une réalité qui fâche. Ce déni n’a pas touché que nos dirigeants.

Ce fut pendant

La deuxième fut le contraire. Devant la menace, on ferme tout, on reste à la maison, on vide les villes, les villages. C’est la guerre… Et on le répète à satiété.  On compte les morts chaque soir. Jusqu’à pousser les gens qui étaient vos amis à descendre du trottoir et à passer le plus loin possible de vous quand ils vous rencontraient dans des villes désertes, où le microbe, le virus, la bébête pouvaient vous sauter dessus à la moindre inattention. Jusqu’à ne plus se parler, si ce n’est par ordinateur interposé. Jusqu’à interdire la moindre sortie à tous ceux qui pouvaient avoir les moindres risques et même ceux qui allaient à merveille. C’était la trouillomanie sévère. Cette seconde atteinte a touché tout un chacun, les récalcitrants étaient regardés de travers, passaient pour des diffuseurs de la pandémie.

Et maintenant

Cette trouillomanie est telle chez nos gouvernants qu’ils font  ce qu’ils n’ont jamais fait : ils distribuent du pognon à tout va, «  quoi qu’il en coûte », c’est dire s’ils sont perturbés.

Mais les atteintes psychologiques ne s’arrêteront pas en si bon chemin. Avec le déconfinement, le rapport au réel restera très problématique, après le déni et la trouille, place à la paranoïa : les masques que je n’ai pas eus, je ne les veux plus, ils ne servent à rien. J’ai eu la trouille, mais maintenant je fais n’importe quoi. Les rassemblements  de plus de 5000 personnes sont interdits, mais pas au Puy du Fou, bravo De Villiers, là le virus est gentil. Le spectacle vivant est sinistré, qu’il le reste, là le virus n’est pas gentil. Et puis Bachelot peut à elle seule faire le spectacle! Les élucubrations sur le complotisme, sur les rivalités des labos pharmaceutiques, sur les chercheurs crédibles et ceux qui ne le sont pas prolifèrent. Le tableau est très parcellaire Un zinzin complet. Et beaucoup d’embrouillamini mental… Pendant que le corona, ici comme ailleurs, circule.

Deux bonnes nouvelles quand même, nos personnels de santé, même mal traités, sont efficaces. Et nous avons enfin des masques et des tests. Il vaut mieux s’en servir. Et il suffit de parcourir les rues de nos villes pour se rendre compte qu’il y a beaucoup plus de gens lucides et masqués, que de crétins allumés.

Jean-Marie Philibert