les billets d'humeur de Jean Marie Philibert dans le Travailleur Catalan

Jean Marie PHILIBERT ( c'est moi ) écrit toutes les semaines un billet d'humeur dans le TRAVAILLEUR CATALAN, hebdomadaire de la fédération catalane du PCF.
Je ne peux que vous conseiller de vous abonner à ce journal qui est aujourd'hui le seul organe de presse de gauche du département des Pyrénées Orientales.
J'ai rassemblé dans ce blog quelques uns de ces billets d'humeur en rappelant brièvement les événements qu'ils évoquent

lundi 24 août 2020

le corona le corps et la tête

 

Le corona, le corps et la tête.

Le corona a fait des dégâts, c’est le propre (enfin c’est une façon de parler) d’une maladie, d’une épidémie, d’une pandémie de ne pas nous vouloir du bien et de nous rappeler ce que nous sommes. Je ne reviendrai pas sur la maladie elle-même, je n’ai aucune compétence pour en parler, si ce n’est ce que mes lectures et les media m’ont appris, sans aucune garantie sur la véracité du propos et l’immensité de nos ignorances.

Mon propos est de tenter de montrer que cette maladie n’est pas qu’organique, que cette épidémie ne s’attaque pas qu’à nos corps, mais aussi à nos tronches et à ce que nous avons, ou nous n’avons pas dedans. Je crains moi aussi sur ce terrain glissant de m’aventurer vers des terres peu sûres, mais je pense que j’ai quand même quelques arguments à faire valoir.

C’était avant

D’ailleurs cela a démarré, ici avant que les premiers cas n’apparaissent. Nous avions la grosse tête. « Même pas peur ! » Alors que la Chine se confinait, que le virus échappait au contrôle, au plus haut sommet de l’état, on se la jouait décontracté, on allait au théâtre, on faisait le kakou, on se voulait rassurant. J’ai même le souvenir d’un conseil des ministres, officiellement consacré à l’épidémie : il avait servi à décider d’utiliser le 49/3 pour faire passer le projet de réforme des retraites au Parlement. C’est dire si l’épidémie on s’en tamponnait le coquillard.

Il était plus urgent de purger nos droits que, par exemple, de regarder si l’on aurait des masques, si on serait en capacité de tester les malades, d’organiser les hôpitaux (qu’on avait auparavant mis en coupe réglée). La première forme que le corona a prise pour brouiller les esprits, y compris les plus puissants, fut donc le déni. Il s’agissait de détourner les yeux d’une réalité qui fâche. Ce déni n’a pas touché que nos dirigeants.

Ce fut pendant

La deuxième fut le contraire. Devant la menace, on ferme tout, on reste à la maison, on vide les villes, les villages. C’est la guerre… Et on le répète à satiété.  On compte les morts chaque soir. Jusqu’à pousser les gens qui étaient vos amis à descendre du trottoir et à passer le plus loin possible de vous quand ils vous rencontraient dans des villes désertes, où le microbe, le virus, la bébête pouvaient vous sauter dessus à la moindre inattention. Jusqu’à ne plus se parler, si ce n’est par ordinateur interposé. Jusqu’à interdire la moindre sortie à tous ceux qui pouvaient avoir les moindres risques et même ceux qui allaient à merveille. C’était la trouillomanie sévère. Cette seconde atteinte a touché tout un chacun, les récalcitrants étaient regardés de travers, passaient pour des diffuseurs de la pandémie.

Et maintenant

Cette trouillomanie est telle chez nos gouvernants qu’ils font  ce qu’ils n’ont jamais fait : ils distribuent du pognon à tout va, «  quoi qu’il en coûte », c’est dire s’ils sont perturbés.

Mais les atteintes psychologiques ne s’arrêteront pas en si bon chemin. Avec le déconfinement, le rapport au réel restera très problématique, après le déni et la trouille, place à la paranoïa : les masques que je n’ai pas eus, je ne les veux plus, ils ne servent à rien. J’ai eu la trouille, mais maintenant je fais n’importe quoi. Les rassemblements  de plus de 5000 personnes sont interdits, mais pas au Puy du Fou, bravo De Villiers, là le virus est gentil. Le spectacle vivant est sinistré, qu’il le reste, là le virus n’est pas gentil. Et puis Bachelot peut à elle seule faire le spectacle! Les élucubrations sur le complotisme, sur les rivalités des labos pharmaceutiques, sur les chercheurs crédibles et ceux qui ne le sont pas prolifèrent. Le tableau est très parcellaire Un zinzin complet. Et beaucoup d’embrouillamini mental… Pendant que le corona, ici comme ailleurs, circule.

Deux bonnes nouvelles quand même, nos personnels de santé, même mal traités, sont efficaces. Et nous avons enfin des masques et des tests. Il vaut mieux s’en servir. Et il suffit de parcourir les rues de nos villes pour se rendre compte qu’il y a beaucoup plus de gens lucides et masqués, que de crétins allumés.

Jean-Marie Philibert

 

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