La méthode
Macron
De la méthode Macron : les événements de la semaine ont
apporté une nouvelle illustration de sa capacité à gouverner et de l’état
d’esprit qui l’anime.
Les
procureurs
D’abord pour créer un état d’esprit idoine au respect de la
parole présidentielle : une petite provocation est toujours la bienvenue.
Rappelez-vous « les riens… les fainéants… ceux qui ne savent pas traverser
la rue pour chercher un boulot… le pognon de dingue que l’on fout en l’air pour
faire du social… » Cette semaine ce fut « les soixante millions de
procureurs » qui n’arrêtent pas de dézinguer son éminence. Les
Francais : des râleurs invétérés qui ne savent pas reconnaître la vraie
valeur du « conduttore » de la nation. Il faut donc les tancer pour
qu’ils perdent de leur superbe.
La seule superbe autorisée, homologuée, c’est la mienne
parole de Manu…
Toute la forme de ses discours découle de cette
autosatisfaction première, de cette incapacité à voir comme des citoyens
lucides et responsables ceux qu’il ne sait considérer que comme des sujets. De
la forme au contenu, on reste dans la même veine (déveine, j’ai envie
d’écrire) : la situation concrète, les difficultés de vie, les besoins
sociaux, les aspirations, les revendications, le peuple et son inconséquence il
ne faut surtout pas l’écouter.
Les
étudiants
Les universités ne fonctionnent plus depuis des mois, les
étudiants n’étudient plus, si ce n’est dans le meilleur des cas en pratiquant
cette hérésie du distanciel. Tu écoutes (ou pas) pendant des heures ton
ordinateur qui débite un cours. Tu es comme un zombie qui a le droit de tourner
un peu dans sa cage. Rien de ce qui fait la transmission du savoir : le
dialogue avec celui qui apporte la connaissance à transmettre, la maïeutique
(on va dire le questionnement qui accouche les esprits) qui n’est rien sans le
retour de l’étudiant, le contact éclairant entre le savoir, la quête du savoir,
la recherche de la (d’une) vérité. Les universités sont les seuls lieux où dans
le même temps la connaissance se transmet et s’invente. On les ferme
presque !
Les mettre hors jeu est suicidaire pour une société et une immense douleur pour
les étudiants, qui prennent conscience qu’en dépit des efforts de tous ordres
qu’ils font avec leur famille, ils auront du mal à être les ingénieurs, les
médecins, les enseignants, les cadres, les juristes, les inventeurs de demain.
Il y a chez eux une énorme ambition dévoyée, abusée…
Antisocial
et antidémocratique
La réponse de Macron : le retour dans les amphis,
oh ! que non ! mais un chèque pour aller voir un psy, et deux repas
par semaine à un euro (pour ne pas totalement crever de faim sans doute). C’est
sa méthode, alors que dans les écoles, les collèges, les lycées le présentiel fonctionne
sans catastrophe sanitaire. Antisocial et incompréhensible.
Quant à ce qui est actuellement en débat autour d’une
perspective de troisième confinement, il apparaît comme participant de la même
incapacité à écouter qui que ce soit d’autres que les stratèges que l’on s’est
choisis, dans un comité ad hoc, de façon à ne pas avoir à faire un quelconque
cas des élus, des représentants du monde du travail, des opinions des partis
politiques, du terrain associatif… Comme pour les vaccins, pourquoi ne pas tirer
au sort trente pèlerins chargés de représenter le vulgus pecum auprès de
l’imperator qui décidera ce qu’il veut. Réponse dans la semaine. Elle sera un
nouveau poison pour la démocratie.
Jean-Marie Philibert