les billets d'humeur de Jean Marie Philibert dans le Travailleur Catalan

Jean Marie PHILIBERT ( c'est moi ) écrit toutes les semaines un billet d'humeur dans le TRAVAILLEUR CATALAN, hebdomadaire de la fédération catalane du PCF.
Je ne peux que vous conseiller de vous abonner à ce journal qui est aujourd'hui le seul organe de presse de gauche du département des Pyrénées Orientales.
J'ai rassemblé dans ce blog quelques uns de ces billets d'humeur en rappelant brièvement les événements qu'ils évoquent

lundi 18 janvier 2021

La familia grande

 

UN LIVRE UTILE

 

« La familia grande », c’est ainsi que Camille Kouchner intitule son livre, par antiphrase, parce que ce qu’elle nous raconte au fil des 200 pages , c’est l’éclatement de cette familia grande, le-les mensonge(s) sur lesquels elle s’est construite, les acteurs, les victimes, le coupable, les sentiments qui s’y sont exarcerbés ou enfouis et les douleurs qui ne se sont pas éteintes  trente ans plus tard.

Un récit vrai

Ce livre fait l’actualité : il a été au cœur de la dernière Grande Librairie  de François Busnel.  Ce n’est pas une fiction mais un récit vrai, très personnel, d’une histoire familiale qui concerne l’autrice (fille de Bernard Kouchner qui, sans être totalement absent, verra les choses de trop loin), son frère jumeau dont elle change le prénom, sa mère, première épouse du french doctor et son beau-père, Olivier Duhamel, éminence médiatico-politique, qui participe activement à leur éducation, semble-t-il avec bonheur.

Nous sommes dans un monde où l’on ne manque de rien, pas loin de la « Haute », mais où l’on ne donne ni dans le conservatisme, ni dans le conformisme. Des valeurs nouvelles s’y font jour : le féminisme, l’émancipation, la gauche au pouvoir, la libération des moeurs, la réussite sociale, les vacances ensemble à Sanary. Un moment de l’histoire récente (les années 80) y est décrit avec justesse à travers les yeux d’une petite (puis un peu moins petite) fille qui découvre la belle vie et la richesse des relations décontractées qui peuvent s’y tisser  Une grande partie du livre se fait l’écho de ces moments de bonheur. Mais une menace plane et avance qui mettra du temps à apparaître pour ce qu’elle est  Il y faudra de douloureux événements familiaux pour que l’édifice se lézarde, pour que les équilibres précaires perdent de leur superbe, pour que la mère de Camille se mette à boire.

Un trouble bouleversant

Dans un premier temps, le secret le restera,. Le beau-père rend souvent visite la nuit à son beau-fils, jeune garçon de treize ans, pour assouvir des penchants pédophiles, qui se doublent d’actes incestueux. Le trouble est jeté sur un jeune garçon qui ne comprend pas nécessairement  tout, sur sa sœur jumelle Camille qui ne sait pas quoi faire d’une histoire qui, profondeur de la gémellité, la bouleverse et ne finira pas de la bouleverser au point d’avoir besoin de s’en libérer (?) en écrivant «  La familia grande ». Raconter la suite serait amoindrir l’intérêt du livre, la force du témoignage que je voudrais inciter les lecteurs à partager, la langue sobre et personnelle qui captive. On y voit les souffrances d’une conscience : elles dureront, hydres insatiables, elles dévoreront la vie de Camille qui tente courageusement de se construire.

D’autres strates

A s’en tenir à cette approche personnelle, psychologique, la pertinence du livre serait déjà saisissante ; mais le propos de l’autrice va au-delà et les strates invisibles dans lesquelles elle inscrit son histoire justifient amplement les échos qu’elle éveille : qu’ils soient moraux, juridiques, sociaux, philosophiques.

L’inceste est une réalité et la morale s’en est accommodée pendant trop longtemps sans s’interroger vraiment sur l’ampleur des dégâts occasionnés. Ce livre veut sans doute réveiller notre conscience ; là  l’auteur de ces actes est un éminent juriste qui s’accroche à une forme de déni, qui l’arrange comme il a arrangé pendant des décennies tout le tissu social.

Autant de questions qui semblent soulever l’intérêt du comité de rédaction du TC : elles devraient avoir des suites auxquelles les lecteurs du TC peuvent s’associer s’ils le souhaitent.

Avec une certitude ! L’outrage ainsi fait par ceux qui sont censés les aimer à des êtres qui ne sont pas encore adultes et qui souvent se construisent avec difficulté aboutit imparablement à une grande souffrance. Il rend quasiment impossible la conquête de leur liberté en les enfermant dans une négation de leur humanité.

Finissons-en avec des comportements criminels Il est heureux que, dans un air du temps compliqué, des ouvrages nous le rappellent

Jean-Marie Philibert

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