Le bison et
la grenouille
La
grenouille qui voulait se faire aussi grosse que le bœuf … vous
connaissez.
Une nouvelle version est en cours sur le terrain …
diplomatique… va-t-on dire.
Le petit
pays
Il était un petit pays, enfin pas si petit que ça, mais qui
avait perdu de son lustre, de sa puissance impériale, en se faisant mettre à la
porte de ses colonies pour se replier sur un hexagone tricolore, en devenant un
pays comme les autres, dont les habitants se prenaient un peu pour le centre du
monde. La modestie n’était pas leur vertu cardinale. Les chefs d’état
successifs qui l’avaient dirigé avaient flatté cet orgueil national lié à une
puissance passée et à une culture qui avait beaucoup d’admirateurs. Il faut
dire qu’ils avaient le toupet nécessaire, faute d’avoir la lucidité qui aurait
pu les éclairer. Le jeune blanc bec qui avait dernièrement pris les rênes du
pays sans doute plus que les autres.
Un grand
pays
Ce petit pays dont l’industrie était en souffrance, s’était
fait une solide réputation dans la fabrication et le commerce des armes, sans
être bien regardant sur l’utilisation que des clients sans éducation, et même parfois sans morale, pouvaient
en faire. Ainsi donc on restait au cœur de guerres pas jolies-jolies auxquelles
nos armes participaient. On avait beaucoup de mal à trouver des clients
présentables. Jusqu’au jour où un grand pays bien éloigné, mais propre sur lui,
manifesta un intérêt évident pour nos sous-marins et s’engagea à nous en
acheter quelques-uns. Une aubaine et une occasion de se refaire la cerise morale ! Grâce à
l’Australie. Et nous voilà au travail…
Et le
maître du monde
C’était sans compter sur celui qui se prend pour le maître du
monde, le chantre du capitalisme mondial, le grand organisateur de la toute-puissance étasunienne qui veut
voir les peuples à sa botte. Sitôt dit, sitôt fait, les Australiens se couchent
devant le grand manitou américain, s’excusent d’avoir succombé aux charmes des
sous-marins français, pour acheter les sous-marins américains qui pourraient
peut-être leur servir pour aller faire le ménage et un peu de grabuge en mer de
Chine, si nécessaire.
Parce que c’est bien connu il faut toujours se méfier des
Chinois.
Le bœuf (pardon le bison) américain qui venait d’être élu en
remplacement de la bourrique insupportable qui l’avait précédé, ne se laissa
pas émouvoir par les véhémentes protestations venue du marigot français où un chœur de grenouilles s’étaient mis à coasser des chants presque guerriers contre
les bisons d’outre Atlantique, sans principe, sans éducation. Les bisons en
question, sûrs de leur supéiorité, ne cherchaient pas à en rajouter dans
l’humiliation infligée à la grenouille française.
Le syndrome
mortel
Le bison en chef a même téléphoné à la grenouille en chef, la
conversation est restée secrète, mais des indiscrétions nous ont confirmé que
notre grenouille à nous, fidèle à elle-même a joué les matamores, jusqu’au
moment où le bison lui a raccroché au nez, après un « SHIT »
retentissant.
La grenouille ulcérée, dans une rage folle, prise d’un
orgueil démesuré, d’une ambition sans limite, devant tant de mépris, est
victime du syndrome mortel de La FONTAINE.
Rappel :
« Une grenouille vit un boeuf qui lui sembla de belle taille. Elle qui
n’était pas grosse comme un œuf, envieuse, s’étend et s’enfle et se travaille
pour égaler l’animal en grosseur…La chétive pécore s’enfla si bien… qu’elle
creva.
Jean-Marie PHILIBERT