Ne pas être
un peuple dindon !
(pardon pour les
dindons)
Le Macron avec l’assurance imperturbable de celui qui veut se
payer la démocratie avance ses pions dans la perspective de 2022 pour tenter de
nous refaire le coup de 2017, ni à droite, ni gauche, ni au centre d’ailleurs.
Ailleurs, c’est le mot qui lui va bien, avec ceux qui aiment
le pouvoir personnel d’un homme plus fortiche que les autres, avec ceux qui ont
la nostalgie du bonapartisme, avec ceux qui n’aiment la démocratie que
lorsqu’elle peut servir leurs intérêts, avec ceux pour qui l’horizon politique
se résume en embrouillaminis de toutes sortes, avec tous ceux qui ont compris
que, plus cela sera confus, plus ils pourront se remplir les fouilles et celles
de toute leur classe. La liste n’est pas exhaustive, et les ralliés de tous
acabits peuvent s’agréger à la troupe de parvenus qui remplissent depuis cinq
ans les allées du pouvoir.
L’homme de
la situation
Après l’épisode gilets jaunes, au beau milieu d’une pandémie
très utile d’ailleurs, le Macron multiplie les engagements qui n’engagent à
rien, le climat, le social, vous allez voir ce que vous ne verrez pas…Il se
répand à Marseille, sans convaincre. Il multiplie les postures internationales
sans effets sur le cours des choses, s’assied avec allégresse sur la souplesse
d’échine d’une bande de serviles affidés, pour se servir des événements afin de
montrer qu’il est et reste l’homme de la situation et qu’en 2022 cela devrait
marcher. En distribuant le pognon, « quoi qu’il en coûte ». En
faisant que les plus riches le soient toujours plus. En réduisant les partis au
rôle de faire-valoir. En se servant de l’emprise médiatique à sa botte, en
jouant au maximum sur les réseaux sociaux. Djeun je suis, djeun je reste. La
situation est mortifère pour la démocratie et à quelques mois des
présidentielles il est malheureusement loisible d’en mesurer les dégâts sur les
partis en particulier et sur les records d’abtention.
De la
droite à son extrême
La droite ne sait plus où elle couche, depuis que certains de
ses membres partagent la couche présidentielle ? A-t-elle une politique de
rechange, ferait-elle pire, aussi mal, aussi libéralisme échevelé ?
L’espace lui est chichement mesuré et ils sont pléthores à tenter de se le
disputer. Le centre se dit que le Bayrou a enfin trouvé chaussure à son pied et
un os à ronger, autant s’en satisfaire.
Reste une extrême droite dans le rôle du repoussoir qui ne
sait plus s’il faut jouer au grand méchant et flatter ce qu’il peut y avoir de
plus vil et barbare dans les soubassements d’un peuple en souffrance, racisme,
exclusion, hypertrophie d’un moi qui vit du rejet des autres, ou bien tenter de
se la jouer présentable, bien élevé, presque comme les autres ( observez
attentivement Aliot).
Du
morcellement à l’unité
Macron peut donc continuer sa route, les sondages lui ouvrent
la voie : l’électorat est divisé selon une tendance lourde et déjà un peu
ancienne des trois tiers, un pour la Marine, un pour la réaction sous la forme
que vous voulez et un, morcelé, pour la gauche, d’où un duel annoncé avec le FN
dont il sortirait vainqueur.
Un tel morcellement doit aussi beaucoup à l’entreprise
macronesque puisqu’il en est issu, il fut ministre socialiste, il s’en est
servi pour brouiller les pistes. Il illustre ainsi, on ne va pas être trop
méchant, disons une certaine incapacité du parti socialiste à jouer la carte
des transformations sociales et de la justice du même nom. Que le parti
socialiste reste un maillon faible est une évidence, que tous les socialistes
sincères ne s’en satisfassent pas aussi. Je reste convaincu que toute
perspective de changement impose cependant d’en faire une composante de cette
gauche qui est la seule à même d’y travailler. Au même titre que toutes les
autres composantes, insoumise, écolo, coco… Comme il est possible d’y
travailler dans les municipalités, les départements, les régions. Que chaque
composante de cette gauche tente sa chance en tentant d’occuper un terrain
préélectoral personne n’est en mesure de l’empêcher. Le PCF a sans doute raison
à ce moment de ne pas s’exclure d’une course qui ,quoi qu’on dise, n’a pas
encore commencé, parce qu’il incarne ce qu’il y a de plus crédible comme
capacité à bousculer les règles du jeu, à condition de s’appuyer sur un terrain
social qui y aspire, d’où le rôle essentiel des organisations syndicales. Mais
avec l’ambition que le moment viendra, personne ne sait quand, mais le moins
tard sera le mieux, où, pour ne pas être le peuple-dindon-de-la-farce il faudra
se rassembler, se réunir pour peser de tout le poids nécessaire et décrocher la
timbale. Le PCF est le mieux armé pour le faire Il faut se dire et se redire
que beaucoup du peuple qui croit dans cette gauche y aspire.
Jean-Marie Philibert
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