Paroles de
virus
L’actualité n’est pas enthousiasmante : pandémie,
fermeture d’usines, blocage du pouvoir d’achat, coups portés à la démocratie,
aux droits sociaux, services publics en souffrance, Macron en nouveau empereur
européen, migrants à la mer, Zémour qui s’y croit, la droite qui y croit et la
gauche qui poursuit sa course vers un mur sur lequel le risque de s’escagasser
est réel.
Mon optimisme naturel se bat tous les matins avec ma
lucidité, mais là, il prend des coups. Je pense qu’il faut raison garder sans
se raconter les seules histoires qu’on a envie d’entendre, mais en cherchant à
creuser les choses, ou à s’élever au-dessus d’un horizon plombé.
Au dessus
de l’horizon
Et au-dessus de
l’horizon il y a les galaxies. Il y en a de toutes les couleurs, de toutes les
opinions. Il y en a même une qui est constituée de tous les virus qui depuis la
nuit des temps ont comme une fascination pour notre pauvre planète : ils
viennent sans se montrer nous voir de temps en temps, ils aiment bien nous
taquiner, nous refiler une petite chtouille par-ci, une grippette ou une
grippasse par-là, parfois nous envoyer ad patres.
Je me plais à imaginer ce que ces bébêtes-là se racontent de
nos prétentions, de nos inquiétudes à un moment où elles ont décidé de nous
pourrir la vie.
Mon iPhone dernier cri, grâce à la 5, à la 6, à la 7 G me
permettra peut-être de capter leurs conversations interstellaires… Ça
marche !
Ma conscience journalistique m’impose de ne pas taire ce que
j’entends.
Ecoutons
… « Ces
humains sont insupportables… Ils se sont pris pendant des siècles pour le
centre du monde… Ils ont inventé un peu de sciences (si peu)... Mais ils
n’ont pas compris qu’elle ne leur a pas tout dit… Ils nous ont envoyé des
vaccins pour nous embêter… Nos réserves sont inépuisables… Qu’est-ce qu’ils
croient ? Moderna ! Pfizer ! Astra Zenéca ! Même pas
peur ! Ils ne savent pas que nos variants sont justement faits pour varier
et pour leur compliquer la tâche… En plus tous les soirs ils nous donnent à la
téloche les informations qui nous manquent pour atteindre notre but. Ils se
prennent tous pour de grands infectiologues. La cerise sur le gâteau pour nous,
c’est que le plus souvent ils ne sont d’accord sur rien… Les antivax bavent sur
les provax… Les riches ne veulent pas donner de vaccins aux pauvres. Il faut
protéger les vieux ! Non les jeunes ! Il faut fermer les
écoles ! Non, il faut les ouvrir ! Il ne faut pas danser pour noël !
Les pauvres ! C’est vrai on est dur
avec eux, on n’est pas très humain…
Humains ?
Mais au
fond les humains ce sont eux et ils ne nous donnent pas beaucoup l‘exemple, ils
parlent de justice, de solidarité et ne la pratiquent qu’à l’occasion. Ils nous
reprochent de tuer sans pitié, mais ils ont inventé des armes de destructions
massives. Ils salopèjent la nature à qui mieux mieux et ils prétendent la
protéger. Il y en a parmi eux qui ne sont obsédés que par l’idée de s’en
mettre, toujours plus, plein les fouilles… Ils pensent même que nous les virus,
on va les aider !...
Bien sûr ce sont les mêmes qui nous font la
morale… Ils se servent de nous comme d’une mauvaise conscience qui ronge tout
ce monde de l’intérieur pour l’inciter à rester sage. » …
Ils ne
renonceront pas
Un virus moins stupide que les autres fait entendre sa voix
fluette ;
« On est des
imbéciles…On mélange tout… on est bête comme des virus sans empathie et sans
intelligence. On participe sans vergogne du désordre de la nature.
Macarel ! Un destin de propagateurs de malheurs qui se heurte à une farouche
résistance… »
-Eh oui !
Virus de mes deux, il y a ici des gens qui souffrent et qui luttent, des
tonnes de courageux qui ont toute la richesse et la complexité l’humanité en
bandoulière et qui ne renonceront jamais à la défendre.
Jean-Marie Philibert.
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