les billets d'humeur de Jean Marie Philibert dans le Travailleur Catalan

Jean Marie PHILIBERT ( c'est moi ) écrit toutes les semaines un billet d'humeur dans le TRAVAILLEUR CATALAN, hebdomadaire de la fédération catalane du PCF.
Je ne peux que vous conseiller de vous abonner à ce journal qui est aujourd'hui le seul organe de presse de gauche du département des Pyrénées Orientales.
J'ai rassemblé dans ce blog quelques uns de ces billets d'humeur en rappelant brièvement les événements qu'ils évoquent

dimanche 17 septembre 2023

LA FETE DE L'HUMA... LE PARADOXE

La fête de l’Huma… le paradoxe…. De Juin Partons de chez nous, de notre fête à nous, celle du Travailleur Catalan, votre hebdomadaire préféré, je sais. Elle porte le nom d’un journal qui depuis des décennies trace un chemin difficile, qui subit les crises de la presse écrite et les soubresauts politiques du département comme du pays. Son avenir nous-vous inquiète parfois. Et pourtant chaque mois de juin ou juillet il draine du côté du Bocal du Tech des milliers de jeunes et de moins jeunes pour faire la fête et de la politique en même temps, pour faire bouger l’ordre ( ?) du monde. Cela nous fait du bien, fait du bien au parti qui le soutient, cela nous donne souvent un aperçu de l’état d’esprit du moment (combattif ? amorphe ?). L’aspiration à la transformation sociale traverse ces rassemblements et va à contre-courant de ce que le monde médiatique nous serine à longueur d’antenne… Mais l’ordre du monde est à peine égratigné. Paradoxe. A Septembre Au mois de septembre avec la fête de l’Huma, sur une autre échelle bien sûr, on assiste à des rassemblements populaires, massifs, bariolés, festifs, où autour du PCF se rencontrent de nombreuses forces politiques qui travaillent au changement, qui se reconnaissent dans les valeurs de la gauche, qui parlent, qui se parlent. Cette fête est un marqueur du climat social, des colères du peuple, de la dimension insupportable des inégalités, des injustices, de l’exclusion que partagent les milliers de citoyens venus faire la fête, mais pas pour oublier ce qui fait tache, pour dénoncer le monde comme il va … souvent mal. Du sens Et les militants de se dire que de tels rassemblements ont du sens, qu’ils sont porteurs de promesses d’engagement pour les temps qui viennent, qu’ils vont bousculer une idéologie dominante de soumission et de renoncement à l’action, qu’ils vont contrecarrer les dérives réactionnaires, extrême-droitières, xénophobes qui refont jour à intervalles très réguliers. Et de s’enthousiasmer que la Fête de l’Huma renforce nos espérances et donne du grain à moudre à nos engagements. Mais souvent les récoltes ne tiennent pas les promesses des fleurs et les colères exprimées ici, si elles ne restent pas lettres mortes, ne chamboulent pas tout ce qu’il y aurait à chambouler. Et le train-train des injustices du quotidien peut se poursuivre, tranquillou. Paradoxe. Encore que Encore que les choses soient sans doute plus complexes. Les comportements moins enclins au laisser-faire. Les consciences ne sont pas embourbées au point d’en oublier une lutte des classes qui fait rage. Les luttes sociales des derniers mois seraient là pour le prouver. La soif du rassemblement n’est plus à démontrer, même si les obstacles peuvent être nombreux. Les terrains politiques et sociaux sont volatils, mais ils sont construits sur des éléments tangibles, qui tiennent à nos conditions matérielles de vie, de travail, d’existence, ils les déterminent. Paradoxalement le Fête de l’Huma qui en dénonce l’inhumanité n’est pas en mesure, à elle toute seule, de la faire disparaître, même si elle apporte les bouffées d’oxygène à tous ceux qui ont la lutte chevillée au corps. C’est là la donnée la plus forte de ces rassemblements. Les fêtes coco la renforcent. C’est le rôle de notre presse, à Argelès comme à Paris. Jean-Marie PHILIBERT

mardi 12 septembre 2023

LA BRONCA

Le sens d’une bronca ! Résumons la situation On lui a tout fait, des manifs à répétitions, unitaires, combattives, pleines de gens et d’humour. On ne lui a donné qu’une toute petite majorité relative pour éviter la Marine. On l’a détesté, on le déteste, comme rarement un leader politique dans un pays démocratique. On l’a casserolé, méprisé, ignoré même. IL semble hors sol, au point que l’on douterait presque de son humanité. Rien ne semble l’atteindre. Il a mis en œuvre une politique violemment réactionnaire qui a reculé l’âge de départ à la retraite, recul massivement rejeté ; il n’a rien entendu des souffrances sociales, des salaires à la traîne, de la précarité, de l’exclusion. Avec la multiplication du 49/3, il a ridiculisé le rôle du Parlement. La répression policière a sous sa gouverne franchit des sommets pour laisser dans des chairs meurtries des traces indélébiles. Il se dit persuadé de bien faire et manœuvre pour continuer. La démocratie, Macron s’en moque Certes l’élection lui donne une légitimité, mais la légalité dont il se prétend porteur n’est pas celle d’un monarque absolu qui pourrait tourner le dos aux opinions, qui se devrait de concentrer tous les pouvoirs, qui n’aurait de compte à rendre à personne. Nous sommes un pays qui a construit durement, longuement sa démocratie, qui a fondé un état laïque, une citoyenneté, un état de droit qui fonde notre liberté. Macron visiblement s’en moque ! La bronca dont il fut victime lors de l’ouverture de la coupe du monde de rugby est plus que largement méritée et dévoile aux yeux du monde les sentiments qu’il inspire. Je ne sais si vous avez vu les images : il semblait surpris d’une telle détestation dont lui et son gouvernement sont l’objet. Comme on dit ici : ben fet ! On ne s’habitue pas Le peuple ne s’habitue pas à de tels dénis de démocratie : il le manifeste de nombreuses manières, abstention record, exaspération des divisions sociales, xénophobie, attirance pour l’extrémisme de droite, désespérance sociale, recours fréquent à la violence, remise en cause des forces de l’ordre … La 5° république et les pratiques mises en œuvre ont fait reculer la démocratie, retirant au parlement des pans entiers de ses prérogatives, Le président s’est octroyé des domaines réservés qui lui permettait de gérer à sa guise politique étrangères, politique militaire, c’est tout simplement le rapport de la France au monde dans les mains d’un seul, gouvernement et ministres sont aux ordres. Maintenant l’éducatif Et en cette période de rentrée scolaire aussi difficile que les rentrées précédentes, Macron s’arroge un nouveau domaine réservé : l’éducatif. Avec des projets sidérants dont il ne faut pas être grand clerc pour reconnaître la vacuité, mais qui auront le mérite de cacher les vrais problèmes : le délabrement du service public, la mixité sociale perdue, le manque d’enseignants, l’insuffisance des moyens, une hiérarchie dans l’incapacité de prendre à bras le corps les vrais problèmes. Mais il aura parlé de l’abaya pour amuser la galerie. Il fait mine de tenter de retisser des relations politiques crédibles en invitant tous les partis à débattre, mais quelques jours après la réunion, rien de sérieux, ni de tangible ne peut en sortir. On reste dans l’engagement qui ne coûte rien, qui ne remet surtout pas en cause les politiques menées. Parce que nous sommes les porteurs, les fers de lance, les acteurs de cette démocratie à régénérer, à transformer… nous continuerons le combat syndical, social, politique… fort de nos expériences. El pueblo unido… La bronca continuera, s’il le faut. Jean-Marie Philibert

lundi 4 septembre 2023

UNE HUMEUR BAROQUE

Une humeur baroque Pour la rubrique de l’humeur dans laquelle mes petits copains de la rédaction m’ont propulsé depuis des mois et des mois et même un peu plus, je me vois questionné à la fin de chaque comité de rédaction (parce que c’est souvent la dernière page) : « Jean-Marie, Ton humeur ?????... » Et moi, la tête vide, le sourire aux lèvres, de les regarder aussi interrogateur qu’eux. Mon humeur ??? Ils ont presque tout dit, ils vont tout dire sur tout, le département, la ville, la culture, la France, le monde… Il ne me reste plus que les yeux pour pleurer ou rire et espérer que l’actualité, les hasards des pensées nocturnes ou diurnes, la sottise prétentieuse de déclarations d’éminents responsables éveilleront, réveilleront mon aptitude à mettre les pieds dans le plat pour instruire, distraire, amuser le lecteur du TC qui parfois pourrait être déconfit d’une vision un peu sombre du monde. Voilà mon dilemme ! Le plaisir d’écrire Le miracle de l’écriture (merci petit jésus ! je me moque) fait que chaque semaine ou presque le boulot est fait, qu’il me vaut parfois quelques critiques, quelques regards sourires complices, des questions sur la santé de ma mémé, et pour moi un plaisir récurrent de m’imposer à écrire le monde, la vie, la culture et les idées qui vont avec. Arrêtons donc de tourner en rond et de parler pour ne rien dire ! Que dire d’une semaine de rentrée où tout le monde se cherche, moi compris après un possible sujet de billet d’humeur ? Aba (y a rien à dire) Aliot rêve de voir les écoliers de chez nous porter un uniforme bien de chez nous, pour que disparaissent d’une école laïque les signes abayesque d’une offensive sans doute réelle d’ultra-musulmans en mesure de déstabiliser les fondements d’une république que son parti ambitionne d’occuper de plus en plus largement. L’idée n’est pas nouvelle et les lycéens d’Arago ont déjà porté l’uniforme (voir photo). Quant à sa proposition, elle a déjà fait des petits puisqu’une école primaire privée de la ville (qui n’a jamais connu d’abaya) a décidé de la mettre en œuvre. La sottise transgresse le temps. L’abaya permet de ne pas parler des milliers de postes d’enseignants qui manquent et de laisser s’instaurer une absence de mixité sociale qui étouffe le service public. Macron et Aliot rament dans le même sens à contre-courant du progrès social. La droite et son extrême énamourées Et pourtant, le Macron, sans doute dominé par le remords (je plaisante), nous promet même une conférence sociale après sa rencontre avec tous les dirigeants des partis politiques, y compris de gauche. Mais où la question centrale qui nous a occupés pendant des mois, celle des retraites, sera hors-sujet, puisque la seule perspective d’un référendum pour sortir du conflit majeur de ces dernières décennies est repoussée par un pouvoir qui semble incapable de comprendre qu’à rejeter toute démarche politique et sociale d’ampleur, salaires, chômage, précarité, service public, sécurité sociale… il se jette sur un mur qui risque de faire le lit de son petit copain du paragraphe précédent et de sa clique d’extrémistes ripolinés. La droite et l’extrême droite ont des intérêts communs qui ne sont pas ceux du peuple. D’où la préférence donnée à la question de l’immigration bien sûr par des forces politiques qui ont fait de l’étranger le bouc émissaire. Aliot et Macron lavent plus blanc Ce monde étranger, africain en particulier, le Macron, comme l’Aliot, n’ont encore rien compris à ce que furent colonisation et surtout décolonisation et ils veulent faire comme si tout cela restait un domaine réservé de la France d’avant. L’Algérie reste française pour la municipalité de Perpignan qui lui a fait son musée. Quant aux états africains, ils doivent obéir aux injonctions du Jupiter de Paris et quand ils putschent pour renverser des dirigeants passablement corrompus, petits copains des anciens colonisateurs, Macron fait les gros yeux, menace. Comme si la vérité devait à tout jamais rester blanche. Et si beaucoup de nos difficultés naissaient, naissent et prolifèrent de cette incapacité des pouvoirs réactionnaires à voir, sentir, comprendre et admettre que le monde bouge à l’opposé de leur RRRRRéaction fantasmée, vers un monde de progrès, de liberté. Liberté un peu baroque comme mon humeur du jour. Prière de m’en excuser. Jean-Marie Philibert