les billets d'humeur de Jean Marie Philibert dans le Travailleur Catalan

Jean Marie PHILIBERT ( c'est moi ) écrit toutes les semaines un billet d'humeur dans le TRAVAILLEUR CATALAN, hebdomadaire de la fédération catalane du PCF.
Je ne peux que vous conseiller de vous abonner à ce journal qui est aujourd'hui le seul organe de presse de gauche du département des Pyrénées Orientales.
J'ai rassemblé dans ce blog quelques uns de ces billets d'humeur en rappelant brièvement les événements qu'ils évoquent

lundi 26 septembre 2011

le centre

Ah ! Le centre !  Être au centre… le centre de la terre… le centre ville… le centre de gravité… les centres nerveux… les centres vitaux… Il ne faut pas cacher l’importance du centre : c’est le point de convergence, le point de rencontre. Tout part de là. Là se passent les choses importantes. Que serions-nous sans les centres d’affaires ? Sans les centres commerciaux ? Sans les centres du pouvoir ? Les sportifs l’ont compris : ils vous diront tous que le match se gagne au centre. Et de très nombreux politiques sont convaincus que la France se gouverne au centre. Normal ! Les centres de décision peuvent-ils être ailleurs qu’au centre. Mais ce centre, où est-il ?
Partout.
La réponse est peut-être chez nos grands auteurs : Blaise Pascal par exemple. L’homme des « Pensées » avait une formule qui peut nous éclairer. A la recherche de l’infiniment grand, il parle du monde  en disant : « C’est une sphère dont le centre est partout… » Le centre est partout, partout, partout. Chacun voit midi et le centre à sa porte. Salvador Dali n’a jamais été en reste dans cette quête du centre. Il avait bien compris qu’un ego surdimensionné accompagné de quelques talents, de beaucoup d’imagination et de culot pouvait rapporter très gros. Grâce à lui,  le centre de tout, la gare de PERPIGNAN devint le centre du monde. Une idée enthousiasmante : quant à être le centre de quelque chose, autant être le centre du monde. La modestie catalane dût-elle en souffrir. Une idée qui va croître et proliférer : le centre va devenir une marque de fabrique de la ville. La dynastie des seigneurs d’Alduy qui avaient il y a fort longtemps conquis ces terres l’avait bien compris : ils avaient fait du centre leur horizon indépassable, leur référence constante et ultime.
Les seigneurs d’Alduy et le centre.
Ils avaient bien compris toute la puissance  « enfarinante » du concept de centre. Comme personne ne sait où il est, si vous êtes au centre, personne ne sait où vous êtes et vous pouvez, subrepticement  et sans en avoir l’air, glisser vers la droite ou vers la gauche pour piquer quelques voix chez vos voisins. Au centre, vous pouvez faire copain-copain  avec tous les bords du centre. Au centre, vous pouvez toujours vous balancer d’un côté ou de l’autre à condition que vous ne perdiez pas trop l’équilibre. Au centre, vous bougez sans changer de place. Au centre, vous n’avez pas de doctrine à avoir, vous les avez toutes et vous vous servez de celles qui vous vont bien au moment opportun. Vous serez social et réactionnaire à la fois, libéral, réformateur, républicain, écolo, démocrate et tout et tout. Vous critiquerez toutes étiquettes qui n’ont plus de sens. Vous serez moderne, djeun ! Vous aurez dans l’escarcelle quelques grands mots ronflants que vous utiliserez au besoin pour épater la galerie. Et vous aurez quelques obligés pour les basses œuvres… et l’entretien des chaussettes.
Le grand sachem fait plouf.
On ne saura jamais qui vous êtes, où vous êtes. Le centre est votre cache-sexe et votre porte-bonheur. Les seigneurs d’Alduy ont excellé sur ces terres du centre ; ils y ont duré. Cela n’a pas été sans difficulté, ni soubresaut, mais à chaque obstacle le centre a été le recours utile. C’est sans doute pour payer son tribut  à ces idoles du centre que le dernier des seigneurs d’Alduy s’est fait construire un centre du monde à sa mesure à la gare de PERPIGNAN, avec juste à côté son palais translucide de l’Agglo (le tout d’une hauteur à faire pâlir de jalousie Manhattan). Le centre prend de l’ampleur :  tous les vassaux du voisinage sont contraints de venir faire allégeance auprès du grand sachem de l’agglo qui est le centre de tout.
Les sénatoriales de dimanche dernier ont jeté le trouble sur les centres, et plus particulièrement sur celui de PERPIGNAN ( oh pardon du monde !). Le centre a fait plouf et le seigneur d’Alduy avec. Morale de l’histoire : du centre du monde il est possible de passer très vite au centre de pas grand-chose.
Jean-Marie PHILIBERT

mardi 20 septembre 2011

humeur....


L’humeur, c’est compliqué, ça ne surgit pas nécessairement là où vous l’attendez, ça ne démarre pas toujours comme vous voulez, ça peut vous entraîner là où vous n’avez pas envie d’aller. Il faut gérer. Au début ça vous amuse, ça vous surprend, puis avec l’habitude vous arrivez à maîtriser le tout de façon à donner un peu de cohérence à ce que vous écrivez et vous avez parfois le sentiment de mettre un peu de clarté dans votre tête et dans une actualité qui en manque souvent. Ce qui vous facilite la tâche, c’est d’avoir un événement fort dans l’actualité qui vous sert de fil conducteur pour canaliser votre humeur. Si pour des raisons diverses l’actualité vous échappe ou vous déborde… mal de cap ! La tâche est rude : vous ferez de nombreux faux départs jusqu’à ce que vous ayez l’impression que ce que vous écrivez a du sens et de l’intérêt. Et par les temps qui courent ça déborde de tous les côtés, il y a de quoi écrire des tonnes de billets d’humeur pleins de fiel et d’ironie. Trop, c’est trop…
De la circulation effrénée des liquidités…
Regardez ces présidents africains qui envoyaient des valises de billets à Chirac, Villepin et Sarkozy. C’est drôle, dans ce continent ils sont des millions à avoir du mal à se nourrir et puis quelques-uns bien placés jettent l’argent par les fenêtres. Ils vont vous dire que c’est pas vrai, mais à voir le pedigree de ceux qui ont porté les valises, je crains que tout cela ait comme un air de vérité. Et que la Banque France-Afrique spécialisée dans la circulation effrénée de liquidités entre réactionnaires de tous poils et de toutes couleurs ait encore de beaux jours devant elle. Et tu me donnes des sous… et je t’envoie mes troufions pour assurer ton pouvoir…et tu m’autorises  à pomper (dans tous les sens du terme) tes richesses. La colonisation se perpétue.
Aux tripatouillages démocratiques…
Mais mon fiel sur ces pratiques n’a pas fini de se déverser que déjà mon humeur vagabonde vers d’autres domaines. Ceux de la primaire socialiste et du débat télévisé auquel elle a donné lieu. Pourquoi pas donner la parole à un parti pour l’aider à désigner son candidat, mais pourquoi à celui-là, et pas à un autre. Curieuse conception de la démocratie sur le service public d’information !  D’autant que dans le même temps, les mêmes vous expliquent que le favori c’est Hollande, qu’il va gagner. Les instituts de sondage et leurs experts qui appartiennent au même monde confirmeront : ainsi il en va des tripatouillages démocratiques. La messe est dite. La démocratie, c’est eux !
L’humeur résiste.
Et ce n’est pas fini, le bourrage de crâne, le décervelage, le lavage de cerveau, appelez-le comme vous voulez, mais surtout ré-sis-tez, ré-sis-tons. Mon humeur est pleine de cette résistance sans laquelle la vie n’aurait pas de sel et le temps n’aurait pas d’avenir. Sans relâche, sans temps morts, sans la moindre hésitation. Sur tous les terrains, ici et partout, faire front… de gauche nécessairement. Pour l’emploi, pour les salaires, pour les services publics, pour la santé, pour l’école, pour la jeunesse, pour la culture, pour vivre enfin. Et ce dimanche je sais que nous sommes des milliers à résister, à la Courneuve et ailleurs. Fête de l’Humanité ! Oui ! Faites de l’humanité, faisons de l’humanité parce que c’est elle qui nous manque cruellement dans un monde dominé par la bourse, le CAC 40, les banques, les agences de notation, les plans d’austérité, par l’argent. Dans les semaines à venir la résistance continuera, le 27 septembre, le 6 octobre, le 11 octobre. De l’humeur à la colère et de la colère à l’espoir : c’est un  mélange détonant et il faut que ça détone de plus en plus. Surtout ! Surtout ! Surtout ! Ne pas attendre les tièdes, les mous, les hésitants, les sondages, les élections. L’humeur est impatiente, et elle a raison de l’être, l’humeur est exigeante  et le monde lui impose de l’être. L’humeur gronde !
Jean-Marie Philibert

jeudi 8 septembre 2011

décervelage

Depuis le Père Ubu et sa Chanson de décervelage, et même avant sans doute, les campagnes de décervelage n’ont jamais cessé. Par les temps qui courent (on ne sait où) elles prennent une ampleur inégalée avec des objectifs cousus de fil blanc. Que ce « bon »peuple fasse le moins de politique possible, qu’il écoute bien son père Ubu, qu’il considère les événements  du monde comme une fatalité que seul son père Ubu peut comprendre et affronter, qu’il manifeste le moins possible, qu’il oublie de faire grève, qu’il oublie jusqu’au mot de « grève », c’est un mot et une chose qui ne servent à rien, qu’il considère toute agitation comme dépassée et anachronique dans un mode évolué et moderne comme celui du père Ubu. Nous « enduire » de passivité, de résignation, d’acceptation de l’inacceptable… et nous amuser, nous distraire du clinquant des uns, des turpitudes des autres de telle façon que nous y perdions nos repères et notre cervelle. Et notre ambition de vivre décemment, dignement, librement de notre travail, d’exister tout simplement.
La voix de son maître.
Pour cela la machine à décerveler va s’attaquer à tous ceux qui prônent un véritable changement de façon à ce qu’ils ne soient plus audibles, de façon à ce que leurs messages soient caricaturés, submergés de commentaires acerbes de la part de « journalistes » qui appartiennent ( au sens premier) tous ou presque à une seule unique rédaction, celle de « LA VOIX DE SON MAÎTRE ». Et si en plus l’actualité est porteuse d’événements susceptibles de nous enfumer un  peu plus, alors là c’est l’apothéose, le décervelage à la puissance cent, mille… Ubu est définitivement battu.
Par exemple, l’affaire DSK : pendant trois mois nous  voilà occupés par la libido du dirigeant du FMI, par les menottes qui enserrent ses menottes, par ses nuits en prison, par les millions dépensés pour le sortir de là, par le soutien indéfectible de son épouse, par les méandres de la justice américaine qui transforment en quelques semaines le présumé violeur en oie blanche. Des régiments de journalistes le suivent, le filment, le traquent au mépris de toute décence. Son retour en France est digne d’une super production. Le film est parfait. Pour quel intérêt politique ? Le dézingage d’un candidat du parti socialiste à la présidentielle de 2012 … qui peut être n’est pas tombé du ciel tout seul. Pendant ce temps sur ceux qui travaillent à la construction d’une véritable alternative progressiste, silence radio ! C’est beaucoup moins captivant que le film « Turlute or not turlute au Sofitel».
Le changement n’est plus à l’ordre du jour.
L’Europe est en crise financière, et autres, des peuples résistent, les conflits sociaux sont puissants, durables, déterminés pour dire non aux injonctions du FMI et de la finance internationale : tout ça ne vaut pas quelques instants de DSK foulant le pavé de la Place des Vosges. Nous sommes à la veille de la fête de l’Huma : son traitement dans les média tiendra du même décervelage. Il y aura du monde, on le dira bien vite, on le montrera bien peu. Il y aura la joie de la fête, on n’en montrera que les poncifs. Il y aura de la diversité, on n’y verra que du suivisme. Il y aura le PCF et Mélenchon, on aura des citations tronquées, des commentaires alambiqués pour nous démontrer que le combat est perdu d’avance, que les temps ont changé et que le changement n’est plus à l’ordre du jour, pas plus que progrès social.
Ils se trompent.
Et c’est là qu’ils se trompent tous ! Aussi puissante soit leur capacité à nous décerveler, aussi modernes et complexes soient les moyens dont ils disposent, aussi serviles soient les porte-flingues de l’ordre dominant qu’ils engraissent, les réalités demeurent avec leurs cortèges, d’injustices, de souffrances, d’exclusion, de précarité et avec l’espoir de millions de femmes et d’hommes, de jeunes et de moins jeunes à en changer. Pas un tout petit peu, mais profondément, complètement.
Les décerveleurs vont s’employer à nous montrer  que même si c’est souhaitable, cela reste impossible. A nous, ensemble, nombreux, unis de leur montrer que dans l’histoire, quand l’impossible est nécessaire, il devient possible.

lundi 5 septembre 2011

Les combattants de l'arrière-garde


Ils n’en loupent pas une, nos parlementaires locaux pour se faire remarquer. Rappelez-vous le tout dernier, le suppléant d’Arlette Franco, Fernand Siré demandant au Ministre de l’enseignement supérieur de ne plus consacrer le moindre crédit à des disciplines aussi inutiles que la psychologie, la sociologie et la géologie, depuis on ne l’appelle plus que Fernand la Science ! Rappelez –vous Daniel Mach, tout fier de ses insuccès scolaires et se parant des vraies valeurs de la culture frrrrançaise pour fustiger  les rappeurs. Passons sur Jacqueline Irles ; dite Bécassine du lac, toute à sa fébrile agitation chronique. Leur dernier exploit en date porte un  nom ; c’est la théorie du genre ! Macarel ! Quézaco ?
Mais oui, vous en avez entendu parler : la théorie du genre, ils ne supportent pas, ça les énerve, ça les excite. Et avec eux tout ce groupe de députés UMP  qui sous le nom de « Droite Populaire » essaient de vendre la camelote fascisante du Front National. Et avec eux quelques associations catholiques ultra-ultra…  En bref tout ce que notre beau pays compte de progressistes patentés.
Le nouveau visage de l’homophobie.
Pourquoi donc tant de tapages ? Tout simplement parce que de nouveaux manuels scientifiques pour les lycées font référence à la théorie du genre qui malheureusement pour nos réactionnaires impénitents fait actuellement l’objet d’un vaste consensus scientifique. Les auteurs du manuel, sans doute de très dangereux gauchistes pour nos parlementaires, expliquent donc que la différenciation des individus en genre masculin et féminin repose en grande partie sur des données physiologiques, mais pas seulement, que peuvent aussi intervenir des facteurs culturels, sociaux, psychologiques qui auront une influence. C’est schématiquement résumée la théorie du genre.
Pour nos mousquetaires des P.O., c’est insupportable, c’est une hérésie porteuse de dangers incommensurables pour la société française. Il faut donc interdire ces manuels, les refaire, les brûler peut-être… et revenir à cette bien bonne vérité biblique qui a vu Eve naître d’une « coustelle » d’Adam : les hommes d’un côté (au café) et les femmes de l’autre ( au fourneau). Aucun dérapage, aucun glissement, aucune ambiguïté possible entre les deux sexes. D’ailleurs si on les questionne plus avant ils vont vous expliquer que l’école n’a pas à s’occuper de tout cela, qu’il suffit d’y apprendre à obéir. A quoi peut bien servir la théorie du genre ? On remplit la tête de nos jeunes de bêtises sans nom. L’intelligence du monde, de la société, des êtres, de la psychologie, de la sexualité, pour eux, c’est du pipeau !
Plasticité cérébrale .
Ces gens me représentent à l’Assemblée Nationale ! Que faire ? Pour nous ? Pour eux ? Peut-être leur faire écouter l’interview d’une scientifique  qui expliquait de façon très calme et très modeste que le mot de théorie était sans doute trop ambitieux pour décrire une réalité sur laquelle on ne savait pas tout. Ellel évoquait ensuite la formation de l’identité sexuelle des individus pour laquelle selon elle les données physiologiques sont efficientes  à 90%, elle parlait aussi des 10% d’influences culturelles, sociales, psychologiques, psychanalytiques, parentales. Elle expliquait que le cerveau humain est une réalité mouvante en constante évolution, que la femme et l’homme ont une « plasticité cérébrale » qui va se modeler en fonction de leur propre histoire et qui va intervenir dans la construction de l’individu  et de sa sexualité.
Plasticité cérébrale ! mais oui bien sûr. Oh combien, je l’ai perçue chez mes élèves, chez mes enfants, chez mes petits enfants et j’ai bien vu le rôle qu’elle a pu jouer dans leur façon d’aborder leur vie d’adultes.
Cette plasticité cérébrale, je ne la perçois pas chez nos parlementaires.
« Mademoiselle Irles, Messieurs Mach, Siré, vous me copierez cent fois l’expression plasticité cérébrale : j’espère que ça vous permettra, sinon de l’acquérir, au moins de la retenir ! »
Jean-Marie PHILIBERT.