les billets d'humeur de Jean Marie Philibert dans le Travailleur Catalan

Jean Marie PHILIBERT ( c'est moi ) écrit toutes les semaines un billet d'humeur dans le TRAVAILLEUR CATALAN, hebdomadaire de la fédération catalane du PCF.
Je ne peux que vous conseiller de vous abonner à ce journal qui est aujourd'hui le seul organe de presse de gauche du département des Pyrénées Orientales.
J'ai rassemblé dans ce blog quelques uns de ces billets d'humeur en rappelant brièvement les événements qu'ils évoquent

jeudi 8 septembre 2011

décervelage

Depuis le Père Ubu et sa Chanson de décervelage, et même avant sans doute, les campagnes de décervelage n’ont jamais cessé. Par les temps qui courent (on ne sait où) elles prennent une ampleur inégalée avec des objectifs cousus de fil blanc. Que ce « bon »peuple fasse le moins de politique possible, qu’il écoute bien son père Ubu, qu’il considère les événements  du monde comme une fatalité que seul son père Ubu peut comprendre et affronter, qu’il manifeste le moins possible, qu’il oublie de faire grève, qu’il oublie jusqu’au mot de « grève », c’est un mot et une chose qui ne servent à rien, qu’il considère toute agitation comme dépassée et anachronique dans un mode évolué et moderne comme celui du père Ubu. Nous « enduire » de passivité, de résignation, d’acceptation de l’inacceptable… et nous amuser, nous distraire du clinquant des uns, des turpitudes des autres de telle façon que nous y perdions nos repères et notre cervelle. Et notre ambition de vivre décemment, dignement, librement de notre travail, d’exister tout simplement.
La voix de son maître.
Pour cela la machine à décerveler va s’attaquer à tous ceux qui prônent un véritable changement de façon à ce qu’ils ne soient plus audibles, de façon à ce que leurs messages soient caricaturés, submergés de commentaires acerbes de la part de « journalistes » qui appartiennent ( au sens premier) tous ou presque à une seule unique rédaction, celle de « LA VOIX DE SON MAÎTRE ». Et si en plus l’actualité est porteuse d’événements susceptibles de nous enfumer un  peu plus, alors là c’est l’apothéose, le décervelage à la puissance cent, mille… Ubu est définitivement battu.
Par exemple, l’affaire DSK : pendant trois mois nous  voilà occupés par la libido du dirigeant du FMI, par les menottes qui enserrent ses menottes, par ses nuits en prison, par les millions dépensés pour le sortir de là, par le soutien indéfectible de son épouse, par les méandres de la justice américaine qui transforment en quelques semaines le présumé violeur en oie blanche. Des régiments de journalistes le suivent, le filment, le traquent au mépris de toute décence. Son retour en France est digne d’une super production. Le film est parfait. Pour quel intérêt politique ? Le dézingage d’un candidat du parti socialiste à la présidentielle de 2012 … qui peut être n’est pas tombé du ciel tout seul. Pendant ce temps sur ceux qui travaillent à la construction d’une véritable alternative progressiste, silence radio ! C’est beaucoup moins captivant que le film « Turlute or not turlute au Sofitel».
Le changement n’est plus à l’ordre du jour.
L’Europe est en crise financière, et autres, des peuples résistent, les conflits sociaux sont puissants, durables, déterminés pour dire non aux injonctions du FMI et de la finance internationale : tout ça ne vaut pas quelques instants de DSK foulant le pavé de la Place des Vosges. Nous sommes à la veille de la fête de l’Huma : son traitement dans les média tiendra du même décervelage. Il y aura du monde, on le dira bien vite, on le montrera bien peu. Il y aura la joie de la fête, on n’en montrera que les poncifs. Il y aura de la diversité, on n’y verra que du suivisme. Il y aura le PCF et Mélenchon, on aura des citations tronquées, des commentaires alambiqués pour nous démontrer que le combat est perdu d’avance, que les temps ont changé et que le changement n’est plus à l’ordre du jour, pas plus que progrès social.
Ils se trompent.
Et c’est là qu’ils se trompent tous ! Aussi puissante soit leur capacité à nous décerveler, aussi modernes et complexes soient les moyens dont ils disposent, aussi serviles soient les porte-flingues de l’ordre dominant qu’ils engraissent, les réalités demeurent avec leurs cortèges, d’injustices, de souffrances, d’exclusion, de précarité et avec l’espoir de millions de femmes et d’hommes, de jeunes et de moins jeunes à en changer. Pas un tout petit peu, mais profondément, complètement.
Les décerveleurs vont s’employer à nous montrer  que même si c’est souhaitable, cela reste impossible. A nous, ensemble, nombreux, unis de leur montrer que dans l’histoire, quand l’impossible est nécessaire, il devient possible.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire