les billets d'humeur de Jean Marie Philibert dans le Travailleur Catalan

Jean Marie PHILIBERT ( c'est moi ) écrit toutes les semaines un billet d'humeur dans le TRAVAILLEUR CATALAN, hebdomadaire de la fédération catalane du PCF.
Je ne peux que vous conseiller de vous abonner à ce journal qui est aujourd'hui le seul organe de presse de gauche du département des Pyrénées Orientales.
J'ai rassemblé dans ce blog quelques uns de ces billets d'humeur en rappelant brièvement les événements qu'ils évoquent

vendredi 24 février 2012

je suis venu vous dire que je m'en vais


Mercredi 15 Février, 20 heures, fermez les yeux, allumez la radio, le Président Sarkozy vous parle :
Ch’ suis venu vous dire que ch’ m’en vais.
Ça vous en bouche un coin (hein !). Je crois que ce qui vous étonne le plus, c’est l’éclair de lucidité dont ce départ, au faîte (j’ai du vocabulaire, hein) de ma grandeur, témoigne. Je sais pendant cinq ans je ne vous avais pas habitué à cela ; je me suis accroché au pouvoir comme un malade, je me suis augmenté comme un malpropre,  je me suis comporté comme un sagouin. J’étais le Président, et tous les Ministres à la fois, du premier au dernier. J’engueulais tous ceux qui  autour de moi voulaient me donner le moindre conseil. Je parlais mal, de plus en plus mal. J’avais la baraka et malgré ma petite taille j’avais l’ambition des géants. Mais mon bel édifice (c’est une belle image, n’est-ce pas ?) … Je ne parle pas de l’Elysée, je parle de moi (vous suivez ?) … Mon bel édifice s’est soudainement lézardé, sans raison apparente. Un signe de la Providence sans doute puisque c’est au retour de la visite à Jeanne d’Arc en Lorraine que j’ai senti qu’il se passait quelque chose en moi d’inhabituel : un calme constant dans la vie quotidienne, une écoute attentive de mes interlocuteurs, une empathie (encore un mot savant, c’est Carla qui me l’a appris) très profonde pour toutes les souffrances qui m’entouraient. Pendant des années je ne les ai pas vues ! C’est drôle ! Non !
Tu es tout sauf un imbécile
Je n’avais plus aucun goût pour le bling-bling, c’est dire !  J’étais devenu un autre : je ne savais plus mentir, je ne savais plus promettre ce que je ne pourrais par tenir, je ne savais plus faire semblant d’aimer les gens que je n’aimais pas. Je voyais tout avec des yeux neufs. Je me suis dit : « Nicolas ne laisse pas passer ta chance !  Tu peux relancer ta vie sur des bases plus solides, tu peux avoir le temps de faire des mamours à ta fifille et à ta Carlita : n’hésite pas. Il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis. Et toi, tu es tout sauf un imbécile »  Vous trouvez, vous aussi ?
Ma décision a mis peu de temps à mûrir ; j’aurais pu continuer à faire semblant. Les ors de la république ça vous rend la vie drôlement facile. Les courtisans de toutes sortes qui vous flattent à longueur de journée, ça vous aide  à croire à votre génie. Et tout ce pognon qui tombe… Et  tous ces honneurs … Et tout ce faste … Et tous ces avions que pour moi. J’avais pris goût à la puissance. Je sauvais le Monde tous les quinze jours.  Pécadille que tout ce tralala : la vérité n’est pas là.
Au bout du monde.
Carla m’a dit : « Je te suivrai au bout du monde avec la petite ! » J’ai donc décidé de partir au bout du monde. J’ai acheté une maison à Finestret, une maison toute simple. Et je vais m’y retirer pour me consacrer à la vie humble et modeste de celui qui a enfin trouvé la paix de l’âme.
Je sais que vous allez avoir beaucoup de mal à trouver un président de ma trempe, mais comprenez l’impérieuse nécessité qui est la mienne. Après avoir sauvé le monde tant de fois, il faut bien que j’essaie au moins une fois de me sauver moi-même. L’heure a sonné.
Françaises, Français, je vous quitte donc, je sais que mon départ va faire plaisir à quelques uns, même dans mon propre camp où les faux culs pullulent.
 Je penserai à vous.
Vous penserez à moi … assis sur le banc des sénateurs de Finestret et refaisant le monde.
Ch’suis venu vous dire que ch’m’en vais… à Finestret.
Vive Finestret ! Vive la France et vive Moi ! Enfin !
Vive la  lucidité retrouvée !
(Cela peut faire du bien de rêver un peu, avant de l’envoyer bientôt et pour de vrai… très-très loin de Finestret et d’ailleurs)
Jean-Marie PHILIBERT.

mercredi 15 février 2012

la polémique et le bon sens


La polémique et le bon sens
 « Toutes les civilisations ne se valent pas »
La petite phrase de Guéant a déclenché une polémique, mais pas seulement ; au delà de la petite phrase et de la pêche aux voix du Front national qu’elle vise, des questions de fond sont posées.
Elle a été à l’origine d’une séance houleuse à la chambre des députés à la suite d’une question d’un député martiniquais, Serge Letchimy. Je me dois de la citer.
« Non, M. Guéant, ce n'est pas “du bon sens”, c'est simplement une injure qui est faite à l'homme. C'est une négation de la richesse des aventures humaines. C'est un attentat contre le concert des peuples, des cultures et des civilisations. Aucune civilisation ne détient l'apanage des ténèbres ou de l'auguste éclat. Aucun peuple n'a le monopole de la beauté, de la science du progrès ou de l'intelligence. Montaigne disait “chaque homme porte la forme entière d'une humaine condition”. J'y souscris. Mais vous, M. Guéant, vous privilégiez l'ombre. Vous nous ramenez, jour après jour, à des idéologies européennes qui ont donné naissance aux camps de concentration au bout du long chapelet esclavagiste et colonial. Le régime nazi, si soucieux de purification, était-ce une civilisation ? La barbarie de l'esclavage et de la colonisation, était-ce une mission civilisatrice ? »
Ils ont vociféré.
Je la cite dans son intégralité, parce que très vite les députés de droite se sont mis à vociférer de façon à la rendre inaudible. J’imagine que nos trois mousquetaires locaux Jacqueline Yrles, Daniel Mach et Fernand Siré, à l’ouverture d’esprit bien connue ne se sont pas privés de participer à une chorale qui leur ressemble tant. J’imagine sans peine ce qu’ils ont pu dire et penser.
« - Retourne dans ton île !
-Supérieurs on est, supérieurs on restera !
-La France au Français !
-Le relativisme ne passera pas !
-Guéant on t’aime ! »
Pour eux la supériorité de la civilisation frrrrrançaise est de la même veine que la supériorité incontestable de la culture, de la langue, des modes de vie catalans. Sempre en davant ! Il y a nous et très loin derrière les autres. Le monopole de la beauté, de la science, du progrès, de l’intelligence c’est Perpignan qui l’a dont la gare est le centre du monde.
C’est tout simplement du bon sens. Sarkozy rejoint Salvador Dali ! L’histrion devient penseur.
Diversité et universalité.
Ne rions pas, car derrière la polémique se joue quelque chose de beaucoup plus fondamental qu’une attitude débile qui consiste à se prendre pour le nombril du monde. C’est de toute notre humanité qu’il s’agit dans sa diversité et dans son universalité. Ce sont les principes qui devraient fonder l’égalité qui sont en cause. Pas seulement l’égalité dans l’hexagone, mais l’égalité entre les peuples, entre les nations, entre les cultures, entre les religions. Pour eux  pas d’égalité possible, puisqu’elles ne se valent pas. La droite (républicaine) rejoint l’extrême droite qui ne l’a jamais été. Tout l’édifice républicain se lézarde.
A partir de là tout est possible, même et surtout le pire, on trie, on sélectionne, on écarte le moins avancé, on valorise le « supérieur ». Comme si notre mémoire historique avait tout oublié !
Une seule attitude est possible : l’égalité donc, toujours et encore, et le refus de toute distinction hiérarchique entre races, religions et croyances. Libertés et progrès en dépendent. Elle ne peut être fondée que sur le droit naturel, c’est-à-dire celui qui tient à notre « nature », au sens premier et matériel  du terme, d’homme. C’était la leçon des philosophes des Lumières. Il y a plus de 250 ans. Elle est toujours d’une brûlante actualité.
Jean-Marie PHILIBERT.

samedi 11 février 2012

MELENCHONS-NOUS


Eh bien ! Oui ! Mélenchons-nous ! Osons !  Mélenchons- nous nombreux, déterminés, ambitieux et résolus. Mélenchons- nous à la ville et à la campagne,  à la mer et à la montagne, dans les quartiers et même sur les places publiques. Mélenchons-nous sans retenue dans toutes les richesses de notre diversité. Mélenchons-nous sans crainte pour faire bouger une société que les puissants du jour sclérosent pour mieux la dominer. Mélenchons-nous pour faire tomber les barrières de la peur, de la peur des autres en particulier dont se nourrissent les dérives xénophobes et fascisantes d’une droite extrême et d’une droite un peu moins extrême, mais tout de même contaminée. Mélenchons-nous parce qu’il est sûr que tout seuls nous n’y arriverons pas. Mélenchons-nous parce que c’est la voie de ceux qui veulent construire ensemble.
Mélenchons-nous, parce qu’ils ont une trouille bleue que ce « mélenchons » réussisse à faire bouger les lignes d’un partage du pouvoir entre gens de bonne compagnie qui ont fait du traité de Lisbonne, de la concurrence libre et non faussée, des contraintes du marché, de l’austérité, la pierre angulaire de la mise au pas des peuples. Mélenchons-nous parce que la finance y est violemment hostile, c’est un signe qui ne trompe jamais.
Vite et bien
Mais qu’est-ce qu’on attend ? Ils ont cassé les retraites (pour les sauver, paraît-il). Ils ont saccagé les services publics. Ils ont privatisé tout ce qui pouvait rapporter quatre sous. Ils n’en finissent pas de détruire tout ce qui peut représenter un acquis : la protection sociale, le code du travail, les 35 heures, l’école. En revenant ainsi sur toutes les avancées qui remontent au programme du Conseil National de la Résistance (il y a plus de 60 ans), on dirait qu’ils regrettent que l’occupation allemande ait pris fin, on dirait que le pétainisme de cette époque et son cortège de soumissions, de veuleries, de mensonges et d’horreurs  sont leur horizon  indépassable.
Mélenchons-nous pour résister, mélenchons-nous vite et bien.
Des plus jeunes aux moins jeunes, des plus timorés aux plus audacieux, cela ne peut que nous faire un bien énorme de ne plus rester figés dans la glèbe de nos solitudes, de nous mettre en situation d’agir ensemble, tous ensemble- tous ensemble-tous ensemble.
 Pour construire un avenir : un avenir, pas un cauchemar, avec ses femmes et ces hommes qui dorment dans les rues ! Avec ses maisons de l’emploi qui portent si mal leur nom (les personnes qui y travaillent sont les premières à le dire) , avec ses Samu sociaux, ses restos du cœur et leur cortège d’exclus, de malheureux.
Construire du neuf !
Ils nous ont habitués et condamnés au rafistolage, à la survie, à la « sagesse », comme ils disent, au « réalisme ». Ils ont tout fait  pour démontrer que c’était la seule et unique issue possible au nom du pragmatisme. Les plus téméraires ont même osé invoquer le réformisme de leur démarche politique pour nous faire avaler des couleuvres plus grosses qu’eux, et pour nous faire croire que nous avancions en reculant. Ils ont distribué quelques miettes aux plus dociles et enrichi quelques courtisans. Regardez dans la lucarne extra-plate , vous les verrez à satiété. Ils ont fait parader les forces de police pour impressionner les plus récalcitrants. Tous les matins et tous les soirs sous les prétextes les plus divers et souvent les plus malhonnêtes, ils ont cassé du lien social … qu’il a fallu jour après jour retisser  difficilement.
A chaque manifestation du peuple ils n’ont pas vu, pas entendu. Les millions de manifestants pour défendre les retraites…. Invisibles.
Ils espèrent encore et toujours nous enfermer dans la résignation … pendant que d’autres ont toujours du mal à prendre l’exacte mesure des attentes populaires.
Le peuple dans sa diversité, dans toutes ses couleurs, dans toutes ses espérances, dans toutes ses inventions, dans toutes ses expériences, et elles sont infinies, est notre bien commun. Alors Mélenchons-nous sans trêve, ni repos. Pour être nous-mêmes.
Jean-Marie PHILIBERT.

dimanche 5 février 2012

le off

Le « Off»
A l’occasion de son voyage aux Antilles, Sarkozy nous a une nouvelle fois amenés à découvrir les charmes et les plaisirs du « off ». Le « off », mais quèsaco ? Mais oui ! Vous connaissez, c’est quand les grands de ce monde confient des secrets en leur demandant de les garder pour eux à des journalistes qui s’empressent d’aller tout raconter à la cantonade.  Aux Antilles  donc, notre Nicolas des Sept Douleurs s’est épanché devant un groupe de journalistes qui , sans aucun doute, ont pris des notes… pour ne pas s’en servir.
L’épanchement.
Et vas-y que je te dise mes états d’âme : «  Cinq ans ce n’est rien. La vie passe tellement vite. De toute façon je suis au bout. Et cela ne me fait pas peur… » Et je t’évoque la défaite, et je t’évoque la mort. A la question du choix qu’il ferait en cas de défaite entre le Carmel et l’UMP, il répond sans hésiter : « Le Carmel ». C’est dire si l’UMP c’est rigolo ! A la question « Mais vous croyez que vous avez une chance encore d’être élu ? », il répond en commençant ainsi : « Le miracle… ».
Il envisage d’écrire : attention aux fotes, Nicolas. Il est conscient de ses limites, « C’est difficile l’écrit, c’est hyper intime, c’est douloureux. » Et d’ajouter, « un homme politique  qui est creux en off, c’est qu’il est nul ! » Là on est très-très loin des phrases de Bossuet. Mais c’était du « off », ce n’était pas lui, il n’a rien dit, vous n’avez rien lu, rien entendu… Mais tout le monde en parle.
La prétérition.
Le « off »  c’est le retour d’un procédé rhétorique bien connu et paradoxal, la prétérition. Feindre de ne pas vouloir dire ce que néanmoins on dit très clairement et même souvent avec force. Par exemple : « Par respect pour le chef de l’état, je ne dirai pas ici que sa défaite éventuelle aux prochaines élections présidentielles sera une source de joie pour beaucoup d’entre nous, non je ne le dirai pas ! » Je ne l’ai pas dit puisque j’ai dit que je ne l’ai pas dit, mais maintenant tous les lecteurs du TC le savent pourtant, et je pense même qu’ils sont nombreux à partager mon sentiment.
Il est possible d’imaginer tous les « off » que cette campagne électorale peut susciter.
« Je parle tout le temps du centrrrre, mais en fait le centrrre je m’en moque, et je m’en moque d’autant plus que c’est du vide. C’est de la poudre de perlimpinpin pour attraper les zozos qui ont peur d’apparaître pour ce qu’ils sont … des réacs … comme moi » : de qui est-ce ?
Des « off » encore et toujours.
«Moi, réac, vous voulez rire, je suis encore plus pire, j’ai de la haine partout et pour tout ce qui n’est pas moi… ou mon papa. Je ne connais qu’une couleur le blanc. Je n’ai pas un soupçon d’humanité. J’ai un profond mépris pour les journalistes et pourtant ils me font la pub, ces cons ! » Vous avez deviné ?
« Je vais évoquer le changement, la justice et tout le toutim. Je vais revendiquer le rêve et mettre en avant plein de mesures qui ne coûtent rien ou pas grand-chose. Mais qu’ils ne viennent pas  m’emmerder avec l’augmentation du SMIC et un vrai retour à la retraite à 60 ans… je suis comme l’autre François, je change la vie, sans changer ce qui la constitue… », Vous avez trouvé sans doute.
« Petit Jésus faites que j’aie les 500 signatures pour me présenter et faire payer à Sarko de m’avoir virée du gouvernement comme une malpropre… » Mais oui, vous la connaissez, elle a la rancune tenace.
Et le plus beau pour la fin : «  Changer… changer pour de vrai… pour de vrai de vrai… un peu beaucoup … passionnément … à la folie … avec vous … avec vous … avec vous … C’est du off, mais je sais que vous m’entendez ! » Mais qui parle ?
Je n’irai pas jusqu’à vous dire que la route de la vérité peut aussi passer par le off. Non ! Non ! Je ne vous l’ai pas dit.
Jean-Marie PHILIBERT