les billets d'humeur de Jean Marie Philibert dans le Travailleur Catalan

Jean Marie PHILIBERT ( c'est moi ) écrit toutes les semaines un billet d'humeur dans le TRAVAILLEUR CATALAN, hebdomadaire de la fédération catalane du PCF.
Je ne peux que vous conseiller de vous abonner à ce journal qui est aujourd'hui le seul organe de presse de gauche du département des Pyrénées Orientales.
J'ai rassemblé dans ce blog quelques uns de ces billets d'humeur en rappelant brièvement les événements qu'ils évoquent

vendredi 8 juin 2012

Le syndrome de Cresta


Le syndrome de Cresta
« Un syndrome est un ensemble de signes cliniques et de symptômes qu'un patient est susceptible de présenter lors de certaines maladies, ou bien dans des circonstances cliniques d'écart à la norme pas nécessairement pathologiques ». Voilà pour la définition !
La préparation des élections législatives dans les P.O. a apporté une avancée significative  de la science médicale, psychologique et politique : elle a permis d’identifier et de définir un nouveau syndrome excessivement dangereux pour le pluralisme, pour le pluralisme à gauche, j’entends, celui dans lequel se reconnaissent de nombreux citoyens  qui ont l’ambition et l’espoir de changer la société. Par commodité et par tradition  les observateurs et les chercheurs  ont donné à ce syndrome le nom de celui qui en a manifesté la version la plus saisissante : ils l’ont appelé le syndrome de Cresta, du nom du candidat socialiste sur la première circonscription qui, soutenu par les instances de son parti, a refusé  toute possibilité d’accord avec le Front de Gauche pour une candidature d’union ; elle aurait permis à cette gauche d’être présente à coup sûr au second tour, d’empêcher le FN d’y faire son trou, de donner à la gauche une dimension unitaire et pluraliste.
Le clivage.
Décrivons le syndrome : il consiste à une instauration d’un clivage indépassable chez un individu  entre ce qu’il dit, ce qu’il proclame, les principes mis en avant et … ce qu’il fait … au point de voir deux individus différents là où il n’y en a qu’un seul. Et cela dans une dimension essentielle pour quelqu’un  qui veut jouer un rôle politique, dans la capacité à construire des relations de confiance, de réciprocité avec ceux avec lesquels vous travaillez et avec lesquels vous partagez un certain nombre de valeurs progressistes. Ainsi vous dites « rassemblement…unité… solidarité » et vous pratiquez division, désunion et chacun pour soi.
Mais vous allez me dire que tout cela en politique est banal, courant, déjà connu depuis longtemps, qu’il n’y a pas là de syndrome nouveau. Vous vous trompez, dans ce cas précis, c’est la profondeur du mal qui fait syndrome, c’est la mémoire qui est atteinte. Le patient ne retient que ce qu’il a pu dire et écrire, mais oublie totalement ce qu’a pu être son comportement, comme si celui qui faisait le contraire de ce qu’il a dit était quelqu’un d’autre que lui-même. Ainsi lors des élections cantonales qui opposaient au deuxième tour Jean Vila au Front National, contrairement aux consignes de votes qu’il avait données, il n’a pas voté et il ne se souvient de rien. Lors des dernières élections sénatoriales, il a oublié que la gauche aurait pu avoir deux sénateurs s’il avait voté et fait voter  en tant que responsable socialiste pour Philippe Galano, ce qu’il avait dit qu’il ferait et puis qu’il a totalement oublié. Un autre lui-même a dû voter pour Dieu sait qui…
Le socialiste serait-il seul au monde ?
C’est cet oubli profond, régulier, inexorable, cette impossibilité viscérale, physique, cette incapacité à travailler de façon unitaire, cette croyance absolue que le socialiste est seul au monde,  qui caractérise  le syndrome de Cresta et le fait que la démarche lui échappe totalement…
A chaque moment électoral, les circonstances relancent le syndrome.
Là, les effets risquent de ne pas être exactement ceux qui sont escomptés. Il y a de nombreux électeurs de gauche qu’agacent sérieusement des pratiques  qui consistent à ne concevoir le  pouvoir qu’hégémonique, des pratiques qui parlent d’autant plus du changement  qu’on ne change pas grand-chose, des pratiques qui  ne vantent  les mérites du pluralisme que  pour les autres. Ils sont d’autant plus agacés que les urgences sociales et politiques à affronter sont des plus sérieuses, chômage, précarité, injustices. Ils sont d’autant plus ulcérés que face à cela la course poursuite aux bonnes places est une insulte pour ceux qui souffrent, que toutes les formes de duplicités  (feintes ou pathologiques) sont mortifères pour la démocratie.
Les millions de voix du Front de Gauche ont été essentielles dans la victoire de François  Hollande : elles sont en mesure de jouer un rôle important pour les législatives  et les changements à mettre en œuvre dans le  pays…. A condition de ne pas trop leur jouer, leur re-jouer et leur re-re-jouer le syndrome de Cresta.
Jean Marie PHILIBERT.

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