Il revient…
La droite bruisse de mille rumeurs. Après le KO debout de la
présidentielle, après l’affrontement des deux sous-chefs et des deux faux
frères, heureusement qu’il y a eu « le mariage pour tous » pour se
refaire un semblant d’unité sur le dos d’une homophobie congénitale. Mais
l’incertitude demeure, l’inquiétude est palpable, le vide de ses initiatives
est sidéral. Heureusement que la politique d’austérité du capitaine de pédalo
lui permet de dire que ce n’était pas pire avant. Mais les fastes du bling-bling,
les folles aventures du Fouquet’s, les tripatouillages avec la mère Bettencourt
ne sont plus d’actualité. La droite souffre donc et s’interroge :
ah ! s’IL revenait. Vite ! Vite ! Vite ! 2017 !
Ces derniers temps les troupes de droite se sont organisées
pour faire monter la pression et chercher à construire les conditions d’un
retour gagnant.
Et revoilà à la manœuvre des visages connus, et déjà presque
oubliés, Hortefouille, Juppé, la mère
Morano, Copé, Guéant. Même François Fillon
qui en a plus que bavé avec lui fait semblant de le regretter.
Nous sommes en mesure de révéler le plan d’ensemble élaboré
chez ces grands stratèges.
Première étape de la reconquête : se
faire désirer, jouer à celui qui n’en a
plus rien à cirer d’être président, donner le sentiment que faire des
conférences très lucratives aux quatre coins de la planète fait tout votre
bonheur, montrer ostensiblement qu’on a vraiment changé de vie et que l’on est
heureux et plein de tunes et surtout ne pas se montrer, ne pas parler, ne pas
hanter les petites lucarnes. C’est bien connu, l’amour naît de l’absence !
Créer un grand vide, susciter une grande frustration chez vos partisans et de
grandes douleurs. Paraît-il que Mach souffre, que Calvet ne va pas bien, que
Pujol est en plein délire, que Sanchez-Schmit pleure tous les jours. Alduy,
lui, de désespoir sans doute, est parti à la recherche d’une nouvelle
casquette. L’UMP locale est tellement triste qu’ils n’ont même plus l’énergie
de s’engueuler.
Deuxième étape pratiquement concomitante
de la première: s’organiser, répartir ses troupes aux endroits stratégiques,
mettre des hommes de confiance aux postes clefs, leur promettre tout et
n’importe quoi et leur laisser le moins d’oxygène possible pour ne pas leur permettre de prendre trop de place et de
s’émanciper. Si d’aventure ils essayaient de vous faire de l’ombre, leur couper
immédiatement l’herbe sous les pieds ,
leur savonner la planche et les amener à se déchirer, pour apparaître comme le seul
recours possible, le sauveur prêt à se sacrifier une nouvelle fois. On a déjà
une petite idée de ce que ça peut donner avec la guéguerre Copé-Fillon.
Troisième étape : (elle a déjà commencé),
travailler à la réhabilitation de votre héritage. Cette tâche ne vous incombe
pas personnellement. Vous ne seriez pas crédible. Faites intervenir vos fidèles serviteurs et
tous les journalistes bien pensants qui sont légion à adorer cette tambouille.
Vous êtes parti avec des casseroles aux fesses grosses comme des lessiveuses,
mais le temps peut les faire disparaître surtout si l’on trouve dans votre entourage des incapables qui vous ont mal conseillé.
Bien sûr il faudra rappeler que vous avez, à de multiples reprises, sauvé le
monde, qu’avec vous la Merkel était moins dure qu’avec Hollande, et surtout,
surtout, que c’était moins pire que maintenant.
Quatrième étape donc : utiliser au max la
politique menée par le gouvernement actuel.
J’ose à peine écrire que le Hollande de début 2013 est votre meilleur
allié. J’ose et je l’écris parce que je
pense malheureusement que c’est vrai. Comme vous il n’a d’yeux que pour les
patrons, comme vous il adore l’austérité surtout pour les autres, comme vous il
est impuissant devant les contraintes des marchés. Comme vous il pratique avant
tout la vaselino-thérapie. Comme vous il
oublie que des millions de Français souffrent et aspirent à de vrais
changements. En cherchant à apparaître
plus réaliste, plus pragmatique, plus efficace, plus volontaire que lui, vous
pourrez sans doute donner l’image de celui qui peut une nouvelle fois tout
changer sans rien changer : cela s’appelle l’alternance et fait depuis
quelques lustres notre malheur.
Tout cela ne me fait pas trop sourire. A quand une petite
perturbation ? Un trouble
sérieux ? Un bouleversement sans compromis ?
Un renversement intempestif ? Un grand « cop
d’escoumbre » ?
Il faut pousser, pousser, pousser, camarades.
Jean-Marie PHILIBERT.