Non habemus papam, sed hominem
habemus.
J’ai dû réactiver mes connaissances
latines fort anciennes pour trouver à mon billet d’humeur un titre à la hauteur de l’événement.
« Habemus papam » c’est le cri de liesse des catholiques qui voit la
fumée blanche s’échapper de la chapelle Sixtine et qui annonce aux chrétiens la
bonne nouvelle, « Nous avons un pape ». Cela signifie que les
cardinaux en ont fini de s’écharper, dans la clôture de leur conclave, pour
décrocher la timbale. Ils ont désigné celui qui sera le chef de leur église,
celui qui, comme Dieu, sera infaillible, celui qui succèdera à Saint Pierre, celui qui a priori
va voir grandes ouvertes toutes les portes de la sainteté et du paradis. Puisque, quand
il arrivera devant Saint-Pierre justement, il sera en pays de connaissances et
pourra discuter d’égal à égal avec le compagnon de Jésus. C’est un petit
avantage sur le commun des mortels. C’est dire que sur terre déjà le pape
participe de la divinité, il la représente, il l’incarne, il en est pour nous
pauvres Terriens l’image à la fois magique et vivante. Il lui faut un cadre à
la hauteur pour cela, la basilique Saint Pierre, les ors du Vatican. Il lui
faut une cour : tous les mitrés qui l’entourent avec sollicitude. Il lui
faut des adorateurs, tous les pèlerins qui viennent devant la basilique tout au
long de l’année recevoir la bénédiction de sa sainteté. Sa sainteté !
Ras la mitre.
Eh bien Benoît XII, la
sainteté, il a l’air d’en avoir ras la mitre,
puisqu’il vient d’annoncer au
monde entier une nouvelle exceptionnelle : il démissionne. Le dernier pape
à démissionner l’avait fait au 15° siècle. Nous vivons donc un événement plus
que rare.
Un événement où la réalité
rejoint la fiction.
Rappelez-vous le dernier film de Nanni Moretti intitulé justement « Habemus papam », il nous raconte le destin d’un cardinal qui lors d’un conclave chargé de désigner un nouveau pape et dont il est un membre relativement obscur se trouve à la surprise générale élu par ses pairs qui manifestement ne veulent pas de la patate chaude du pontificat pour continuer dans les coulisses du pouvoir à tirer toutes les ficelles. Et c’est là que Michel Piccoli qui joue le rôle du malheureux élu, dans un moment de lucidité et de révolte, prend la fuite dans les rues de Rome pour goûter à une liberté dont il sent qu’elle va lui échapper. Il veut rester un homme parmi les autres. Quand on sait les ambitions réelles, les intrigues avérées, les enjeux de pouvoirs, la grandeur de la fonction censée représenter le couronnement ( dans tous les sens du terme) de toute une vie, on se dit que ce ne peut être là que de la fiction. Quand on décroche le gros lot, on le prend sans tergiverser.
Rappelez-vous le dernier film de Nanni Moretti intitulé justement « Habemus papam », il nous raconte le destin d’un cardinal qui lors d’un conclave chargé de désigner un nouveau pape et dont il est un membre relativement obscur se trouve à la surprise générale élu par ses pairs qui manifestement ne veulent pas de la patate chaude du pontificat pour continuer dans les coulisses du pouvoir à tirer toutes les ficelles. Et c’est là que Michel Piccoli qui joue le rôle du malheureux élu, dans un moment de lucidité et de révolte, prend la fuite dans les rues de Rome pour goûter à une liberté dont il sent qu’elle va lui échapper. Il veut rester un homme parmi les autres. Quand on sait les ambitions réelles, les intrigues avérées, les enjeux de pouvoirs, la grandeur de la fonction censée représenter le couronnement ( dans tous les sens du terme) de toute une vie, on se dit que ce ne peut être là que de la fiction. Quand on décroche le gros lot, on le prend sans tergiverser.
De la fiction au réel.
Eh bien avec la démission de
Benoît XII la réalité rejoint la fiction : le pape redevient homme,
« Hominem habemus ! ». Nous avons un homme !
Comme le plus simple
titulaire d’un CDD ou d’un CDI qui considère que le boulot qu’on lui impose ne
lui va plus, il rend son tablier, il rentre à la maison, il laisse tous ses
ennuis aux petits copains. Et il met ainsi un terme symbolique à une forme de
théocratie de moins en moins répandue, mais cependant vivace dans certains
esprits pour qui les pouvoirs naturels et surnaturels participent d’un même
mystère, bien au-delà de l’humanité souffrante et trébuchante.
En démissionnant, ce pape qui
m’apparaissait profondément antipathique rejoint pour moi le camp de cette
humanité et se pare d’une aura dont le sens pourrait ouvrir la voie à une
véritable aggiornamento de l’église catholique si …. si…. si….. les traditions
accumulées,les conservatismes incrustés, les scléroses séculaires étaient en mesure de laisser passer un peu
d’air frais et humain. Ce dont je doute fortement. Compte tenu de ce que je sais de
l’institution.
Cela ne préjuge en rien du respect
que j’ai pour ceux que leur
foi inscrit dans les valeurs des
religions chrétiennes qui peuvent être empreintes d’humanité. L’exemple du pape
le prouverait si nécessaire, lui qui n’hésite pas à quitter la sainteté pour
l’humanité.
Jean-Marie PHILIBERT.
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