les billets d'humeur de Jean Marie Philibert dans le Travailleur Catalan

Jean Marie PHILIBERT ( c'est moi ) écrit toutes les semaines un billet d'humeur dans le TRAVAILLEUR CATALAN, hebdomadaire de la fédération catalane du PCF.
Je ne peux que vous conseiller de vous abonner à ce journal qui est aujourd'hui le seul organe de presse de gauche du département des Pyrénées Orientales.
J'ai rassemblé dans ce blog quelques uns de ces billets d'humeur en rappelant brièvement les événements qu'ils évoquent

jeudi 20 juin 2013

écran noir



IS BLACK BIOTIFOUL ?
N’est pas Soulages qui veut ! Soulages a fait du noir une véritable couleur, brillante, riche, irisée et pleine de vie. Les dirigeants grecs en fermant la télévision publique ont fait de l’écran noir des téléviseurs du pays le symbole de la mort lente et inexorable dans laquelle ils tentent d’enfermer ce qui fut le berceau de la démocratie. Ils s’attaquent au service public qu’ils détruisent d’un trait de plume. Ils décident en quelques secondes de milliers de licenciements. Ils obéissent aux ordres  de la toute puissance financière. Ils veulent mettre le peuple à genoux. Le peuple résiste et c’est tant mieux.
Cela ne concerne pas que les grecs !
L’’enlisement dans une crise qui n’en finit plus assombrit toutes les perspectives. Y a-t-il encore des perspectives d’ailleurs,  autres que le chômage de masse, la précarité généralisée, les inégalités exacerbées, l’état de droit mis à mal, les services publics vendus aux plus offrants. Dans tous les pays européens, le consensus politique qui, en Europe, va de la droite (libérale)  aux différentes facettes du socialisme (libéral, bien sûr) semble être dans une logique où la satisfaction des besoins sociaux n’a plus aucune sorte d’importance. Seules comptent la mise au pas, la soumission aux dogmes du capitalisme le plus sauvage, la fin de toute conscience critique et la remise en cause de la démocratie.  Les méthodes ne sont pas partout aussi brutales et visibles qu’à Athènes, mais les objectifs sont les mêmes. No future pour les peuples ! L’écran noir !
Rappelez-vous Claude Nougaro «  Sur l’écran noir de mes nuits blanches je me fais du cinéma… », et notre Claude regretté de rêver à tous les possibles et impossibles qui peuplent notre imaginaire, l’amour, la liberté, la fraternité, l’espoir. Fini le rêve, fini l’espoir ! L’écran noir qu’on nous prépare est fait de vide et de désespérance sans issue.
Vie de m…
Regardez la vie que l’on dessine pour nos jeunes, au moment où ils se décarcassent à passer des examens qui devraient leur ouvrir les portes d’une vie de promesse. La galère des petits boulots, des stages pas ou peu payés,  le chômage ou/et l’exclusion et la marginalité. S’ils arrivent à passer l’obstacle de l’entrée dans le monde adulte, il ne faudra pas qu’ils soient très exigeants sur l’emploi à choisir, ils devront être souples, mobiles, adaptables, et surtout pas syndiqués. Ils ne devront avoir aucune ambition quant à leur salaire. S’ils veulent construire une famille, il faudra qu’ils se démerdent, la politique familiale ayant été réduite à la portion congrue. S’ils veulent se loger… démerde… S’ils veulent des loisirs et s’ils n’ont pas les moyens de se les payer, ils s’en passeront. Ils auront la télé,  tant que l’écran ne sera pas noir. Et quand la télé publique aura été réduite au silence dans tous les pays « développés », ils auront la télé privée qui entre deux spots publicitaires leur proposera quelques minutes d’abrutissement généralisé. Ça les occupera pendant les longues périodes d’inactivité qu’ils auront à affronter.
 Arrivés à l’âge  où viendra retraite, s’ils y arrivent après 45, 46, 47, 48, 49, 50 ans de travail de merde, ils seront tellement usés par tant de ratages accumulés qu’ils ne se rendront même pas compte qu’ils n’ont été que les acteurs fictifs d’une non-vie dans un film désespérément noir (au propre et au figuré)  où viendra s’inscrire le mot «  fin ».
Les scénarios catastrophes n’ont rien de fatal ; les écrans noirs peuvent s’illuminer de toutes les couleurs de la vie. Il n’y a que nous qui pouvons écrire ce film.
Au travail ! Immédiatement.
 Moteur ! On tourne !
Jean-Marie PHILIBERT.

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