les billets d'humeur de Jean Marie Philibert dans le Travailleur Catalan

Jean Marie PHILIBERT ( c'est moi ) écrit toutes les semaines un billet d'humeur dans le TRAVAILLEUR CATALAN, hebdomadaire de la fédération catalane du PCF.
Je ne peux que vous conseiller de vous abonner à ce journal qui est aujourd'hui le seul organe de presse de gauche du département des Pyrénées Orientales.
J'ai rassemblé dans ce blog quelques uns de ces billets d'humeur en rappelant brièvement les événements qu'ils évoquent

samedi 6 juillet 2013

retraite



Du mensonge
Quand vous mentez, surtout, surtout, n’arrêtez jamais de mentir, sinon, c’est foutu ! La force du mensonge est dans sa pérennité. Ceux qui, au pouvoir, ont l’ambition de nous faire avaler quelques couleuvres appliquent ce principe élémentaire. Ils peuvent venir d’horizons divers. Leur ambition est bien souvent de tourner le dos aux besoins sociaux. Donc, au pouvoir, vive le mensonge. C’est la clé de toute bonne propagande. Pardon, j’ai oublié on ne dit plus propagande on dit communication et on paie très-très cher quelques olibrius pour s’en occuper avec des airs savants.
Je suis accablé par le monceau d’âneries en tous genres que j’entends sur la question des retraites, venant de tout ce que la société compte de réactionnaires patentés, de réformistes au petit pied, de journalistes engraissés, de pseudo-spécialistes autoproclamés et d’imbéciles heureux (ou pas) ;  c’est mon accablement qui me pousse à réagir devant des projets doctement présentés, mais mortifères pour nos droits et plus largement pour la société. Et je me dis qu’il n’est pas pensable de ne pas tenter de démonter la belle mécanique mensongère qui va faire que mes enfants auront une retraite de rien du tout et que  sans doute mes petits enfants n’auront pas de retraites du tout. Pour qu’on arrête une dérive antisociale qui sera le recul historique du siècle.
La mécanique mensongère.
Démasquons donc les grands stratèges du mensonge.
 Tout bon menteur sait qu’il faut donner un fond de vérité à son mensonge si on veut le rendre crédible et efficace. Une vérité imparable, vérifiable, dont même le pire crétin ne peut être que convaincu. Ici la vérité sera claironnée sur tous les toits, tous les tons : l’espérance de vie a considérablement augmenté, on vit plus longtemps et on vivra de plus en plus longtemps, tellement qu’il n’y aura pratiquement que des vieux partout. Après la vérité, le menteur utilise la logique. Conséquence logique donc de cette vérité, il faut que les vieux travaillent plus longtemps. D’autant qu’on n’arrête pas de seriner dans les oreilles du vieux qu’il reste jeune de plus en plus tard grâce aux miracles de la médecine, de la gymnastique, de la chirurgie, des pommades de perlimpinpin. Il va sans dire que le vieux doit être content d’une perspective qui le sort de l’image ringarde du papé ou de la mamée  et qui le promet à une sorte de jeunesse éternelle.
Ce moment d’euphorie est tout à fait propice à l’introduction d’un très gros mensonge que l’on présente comme une évidence : les caisses sont vides, elles le seront de plus en plus, il manque 7, 8, 9, 10 milliards d’euro, en 2020 c’est la faillite, en 2030 la Bérézina, et au-delà l’idée même de retraite ne sera plus qu’un très lointain souvenir. Donc si l’on veut que le jeune adulte de 2013 ait la possibilité d’avoir une retraite dans quelques décennies (et le plus tard sera le mieux), il faut dès aujourd’hui réduire les pensions actuelles et futures, allonger le temps de  travail,  payer des cotisations de plus en plus élevées ... pour toucher des pensions de plus en plus basses dans un avenir de plus en plus lointain. C’est indéniable ! Indiscutable !
Menteur et hypocrite.
Il est bon alors d’ajouter une cerise sur le gâteau à l’attention de tous ceux qui dans notre pays sont attachés au droit social et on sait qu’ils sont nombreux ( il n’est pas facile d’effacer d’un trait de plume l’héritage du programme du conseil national de la résistance et des acquis sociaux de la Libération) : et d’avancer l’argument imparable qui vise  à faire qu’un consensus  le plus large possible s’instaure pour justifier une remise en cause de plus en plus profonde . Il ne s’agit ni plus ni moins que de sauver le système solidaire par répartition qui est le fondement de notre législation sociale. La boucle est bouclée du patronat le plus ringard à la gauche plan-plan, en passant par la droite égoïste et les syndicats obéissants, ils auront ainsi sauvé l’essentiel et fait dans le social, comme on fait dans son pot.
Mentidas ! Comme on dit ici. La répartition, ils sont nombreux, les réactionnaires, à avoir tout tenté pour la faire crever ; les caisses ne se sont vidées que des effets d’une crise qui a produit des millions de chômeurs et d’une austérité présentée comme le modèle indépassable d’une Europe en plein pétrin. Relançons la croissance et les caisses se rempliront. Servons-nous de l’augmentation de la productivité du travail qui a décuplé et rétablissons plus de justice dans une répartition équitable des fruits du travail en faveur de ceux qui … travaillent ou ont travaillé et non plus en faveur de ceux qui se contentent de faire travailler leur pognon. Quant à la soif de travailler au-delà des limites du raisonnable … Je pense à mes collègues enseignants dans leurs dernières années de boulot, je pense à mes dernières années, le plaisir de dispenser le savoir était peut-être intact, mais il fallait ramer plus violemment, et quoi qu’on dise, ça use.  Ça use tellement d’ailleurs que si l’on continue sur cette voie-là la vérité de départ risque de se transformer en contre vérité et notre espérance de vie au lieu de croître va diminuer. Des spécialistes auraient déjà perçu les premiers signes de cette évolution.
De la conférence sociale qui se termine, je retiens que les organisations syndicales dignes de ce nom ont prévu d’appeler les citoyens de ce pays à démasquer les menteurs. Une nouvelle fois la vérité sera dans la rue.  Cela vous étonnerait-il ?
Jean-Marie PHILIBERT.

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