LE REFORMISME MALADIE
INFANTILE DE NOS DEMOCRATIES
Certes ! Plus nous
descendrons bas, plus nous aurons quelques chances de rebondir haut ; mais
la chute est périlleuse, les dégâts qu’elle fait parfois irréversibles et
l’issue reste incertaine. La politique du pire est la pire des politiques.
Le progrès n’est jamais
linéaire : il est fonction de l’engagement des hommes à le défendre et le
promouvoir et donc des vicissitudes de leurs vies et des aléas de leurs
aspirations. A l’échelle de quelques vies humaines, il serait possible de
distinguer dans ces mouvements vers le
haut ou vers le bas des cycles relativement réguliers. Mais à la fin de chaque
cycle : retour à la case départ parfois même en plus pire. La faute à la crise, à la Chine, à l’Euro, à
l’Europe … La faute à un grand méchant qui nous veut du mal et qu’on n’attrape
jamais ! Le sentiment de pédaler dans la choucroute… Inexorablement. Tout
progrès est impossible, sentiment qui fait les beaux jours des partisans du
désordre dominant.
Un flou à faire pâlir d’envie les plus grands myopes.
Jusqu’à ce que l’accumulation de coups de
pieds au cul ne vienne un peu réveiller les consciences populaires et les
convaincre qu’il ne serait pas mal que ça change un peu. C’est le moment que
choisissent en général les chantres du socialisme (façon rue de Solférino) pour
gloser à perte de vue sur le changement dans les termes les plus vagues
possibles, avec des perspectives d’un flou à faire pâlir d’envie les plus
grands des myopes. Ils seraient prêts à tout changer, la vie, le monde, la
société, les gens, mais en laissant chaque chose à sa place. Ils prônent le
mouvement, et ils ne bougent pas. Ils veulent qu’on les croie et ils n’arrêtent
pas de nous mener en bateau. Ce n’est jamais le bon moment, le bon tempo, le
bon contexte pour que les engagements soient tenus…
Donc faute de toucher aux
structures du bâtiment, de repenser l’architecture, d’améliorer la vie qu’on
peut y mener… on se contente de donner quelques coups de pinceaux sur la façade
de façon à montrer que l’on a quand même fait quelque chose, c’est toute la
portée du réformisme et de son incapacité à changer nos vies. Ils laisseront
les oligarchies financières poursuivre leur travail tranquillou. Usés, ils se
retireront pour laisser la droite poursuivre la tâche. Ils donneront ainsi une
apparence démocratique à une alternance qui en aucun cas ne devra devenir une
alternative : l’horreur !
Nos espoirs ruinés.
Chaque passage de la gauche-solférino
au pouvoir m’a laissé la même impression d’inutilité absolue, de déception
profonde de tous ceux qui avaient un quelconque espoir d’une politique autre,
faite de démocratie renforcée, de justice sociale accrue, de progrès tangibles.
Le contraire du réformisme quoi !
Nous serions ainsi condamnés à
aller d’une droite réac et ringarde (pléonasme !) à un réformisme délétère
(re-pléonasme !), qui ruinent l’un comme l’autre nos espoirs… et
l’électorat de se laisser abuser et
bercer à la fois.
Tout ça ne peut marcher que
s’il n’y pas de trouble-fête, et l’affaiblissement du parti communiste ne le
mettait pas vraiment en état de jouer ce rôle-là. Ne serions-nous en train de
sortir de cette mauvaise passe ?
Tout ça ne peut marcher que si
ce courant réformiste imprègne le tissu social, à travers des organisations
représentatives comme les syndicats : les apôtres de la division syndicale
ont apporté beaucoup de zèle à faire croire que le seul syndicalisme possible
est gentil, raisonnable, réaliste, sage et mou, qu’il faut en finir avec la
lutte des classes, qu’un petit pas est toujours plus important qu’un saut dans
l’inconnu, qu’il ne faut pas gêner les copains au pouvoir, parce qu’eux seuls
savent ce qui est bon pour nous. Et il ne faut pas cacher que ce
syndicalisme-là a ses partisans, comme la gauche–solférino a ses électeurs.
Assis ou couchés (comme vous voulez)
Plusieurs dossiers dans
l’actualité permettent d’illustrer mon propos : les allocs, on fait mine
de préserver le principe d’universalité, mais le projet retenu conduira à une
baisse conséquente, en particulier pour les classes moyennes en touchant à la
baisse du plafond du quotient familial. Pour les retraites, c’est pareil, la
durée de cotisation sera considérablement allongée et les pensions seront
réduites. Quant à l’accord sur la flexibilité-compétitivité, il passe le code
du travail à la moulinette. Avec la
bénédiction du syndicalisme assis ou couché (c’est comme vous voulez), il
faudra faire croire qu’on a sauvé quelque chose, les allocs, les retraites, le
code du travail, alors qu’on n’a fait que les déglinguer un peu plus. Tout cela
c’est de la réforme voyons, de la réforme nécessaire, intelligente, protectrice
de l’avenir. Non ! Non ! Non ! Ce ne sont pas des reculs.
Il n’y a pas de tâches plus
urgentes que de tordre le cou à ce réformisme-là, de saper la base sociale qui
est la sienne, de dénoncer les bourrages de crânes médiatiques qui le nourrissent, de renforcer le
syndicalisme transformateur, de bouger, pas de faire semblant, pour de
bon !
Et de faire de la politique
complètement à gauche, de le faire de façon unitaire, ouverte et
intransigeante, de débattre sans a priori avec tous ceux qui le souhaitent, de
descendre dans la rue nombreux et souvent, de marcher pour reconstruire un
espoir.
Le 5 Mai, le 2 Juin, ça a
commencé, ce n’est qu’un début,
continuons le …..
Jean-Marie PHILIBERT.
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