les billets d'humeur de Jean Marie Philibert dans le Travailleur Catalan

Jean Marie PHILIBERT ( c'est moi ) écrit toutes les semaines un billet d'humeur dans le TRAVAILLEUR CATALAN, hebdomadaire de la fédération catalane du PCF.
Je ne peux que vous conseiller de vous abonner à ce journal qui est aujourd'hui le seul organe de presse de gauche du département des Pyrénées Orientales.
J'ai rassemblé dans ce blog quelques uns de ces billets d'humeur en rappelant brièvement les événements qu'ils évoquent

mercredi 20 novembre 2013

L'aporie



C’est grave, docteur ?
Par ces temps troublés, dans tous les Cafés du Commerce de France et de Navarre, on en entend de toutes les couleurs, pas des plus fines, ni des plus pertinentes à l’image de notre monde tourneboulé. Nos reporters sont allés enquêter ; ils ont laissé traîner leurs oreilles et ils n’ont pas été déçus.
« Mon Dieu ! On ne sait pas où on va, mais on y va !
-Vous avez vu les Bretons, patrons et ouvriers ensemble, c’est comme ça qu’il faut faire ! Ils font pas de politique eux au moins !
-Nous on pourrait faire pareil avec la baratina sur la tête et les vigatanes aux pieds…
-Tout le monde est mécontent, les agriculteurs, les artisans…
-Et puis, je vous le dis, et je vous le redis, il y a trop d’étrangers : ils ont tous les droits et nous aucun. Ça ne peut pas durer !
-Même qu’ils volent les plaques d’égout, maintenant ! Où allons-nous ?
 Tous les mêmes…
-La gauche, la droite, c’est tous les mêmes,
-Ils nous pressurent comme des citrons,
-Ayrault, il est cramé, Valls, il pourrait devenir premier ministre, on a besoin d’être commandés,
-Il y en a qui parlent de Ségolène, la Valérie, elle va pas être contente. C’est une jalouse.
-Pourquoi ils font tant de foin avec la fraude fiscale ? La fraude fiscale, la fraude fiscale, la fraude fiscale, mais c’est humain…
-C’est comme le racisme, ça vient tout seul, c’est naturel…
-Y a pas de quoi en faire toute une histoire…  et encore moins des manifestations.
-Vous avez vu, même les chevaux manifestent maintenant à Montpellier… Ils avaient mis des bonnets rouges.
-Ils voulaient plus d’avoine ?
De l’avoine !
-Moi j’en voudrais un peu plus aussi…
-Hollande il a été hué, ça fait peine quand même.
-Il n’y a pas de travail… surtout pour ceux qui n’en cherchent pas !
-Ce n’est plus comme avant, avec ce mariage pour tous ils ont tout perturbé,
-Vous êtes pour l’école à quatre jours ou à quatre jours et demi  vous ?
-Moi je suis pour pas d’école du tout : tous ces diplômes ça ne sert plus à rien…
-Et tous ces fonctionnaires qui nous coûtent si cher.
-Où allons-nous ? Mais dans la pétaudière… Voyons ! »
L’aporie.
Inquiets devant l’avalanche de sottises, nous nous sommes adressés à des esprits philosophiques élevés, pour nous aider  à diagnostiquer le mal :
«  C’est grave, docteur ?
-Cher Monsieur, un tel niveau d’âneries n’est pas le signe d’une santé mentale parfaite, loin de là ! Il faut voir dans le désordre de ces propos les signes tangibles d’une aporie, dans vos contrées lointaines on parlerait de cascades de cagades, il s’agit d’une incapacité de la raison à comprendre une réalité qui la dépasse et de la certitude qu’il est devenu possible de dire sans risque n’importe quoi. Le mal est accentué par les tonnes d’idioties diffusées aux heures de grande écoute dans la petite lucarne et par la confusion sciemment entretenue par toute une panoplie de forces politiques qui pensent tirer les marrons du feu.
-Que faire, docteur ?
-Les fondamentaux ! De la lutte sociale en comprimés quotidiens fortement dosés, un régime alimentaire d’unité sans réserve et de solidarité, une pleine conscience des enjeux politiques, une volonté farouche de défendre sa liberté, sa dignité… et un esprit critique toujours branché… »
Jean-Marie Philibert.

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