les billets d'humeur de Jean Marie Philibert dans le Travailleur Catalan

Jean Marie PHILIBERT ( c'est moi ) écrit toutes les semaines un billet d'humeur dans le TRAVAILLEUR CATALAN, hebdomadaire de la fédération catalane du PCF.
Je ne peux que vous conseiller de vous abonner à ce journal qui est aujourd'hui le seul organe de presse de gauche du département des Pyrénées Orientales.
J'ai rassemblé dans ce blog quelques uns de ces billets d'humeur en rappelant brièvement les événements qu'ils évoquent

mercredi 4 décembre 2013

irrationnel



Irrationnel !
(Vous avez dit irrationnel)
Pourquoi faut-il que nous fassions aussi facilement confiance à l’irrationnel et à tous les margoulins qui s’en réclament,  dans des domaines aussi cruciaux pour notre avenir que la santé (il s’agit là de notre devenir personnel), ou que la politique (c’est là notre avenir commun qui est en jeu) ?  C’est une interrogation, qui me poursuit, quand je vois des personnes que je crois sensées  prendre prétexte de résultats insuffisants de la médecine traditionnelle, pour aller consulter tel ou tel illuminé, à la faconde plus impressionnante que le savoir.
Ne pas douter du père Noël.
Les pouvoirs de la sorcellerie ne seraient pas donc morts, et même des sociétés développées comme les nôtres ne rechigneraient pas à redonner un soupçon de dignité à des formes de pensées magiques avec l’espoir qu’elle va réussir là où la bonne et vieille raison a du mal à vaincre les obstacles. Le pouvoir des illusions est une caractéristique de l’infantilisme de la pensée : c’est d’ailleurs pour cela qu’en avançant en âge on se met à douter de l’existence du père Noël. Eh bien ! Ils sont encore nombreux à n’en pas douter !
Dans le domaine politique on ne peut que constater une même dérive. Certes les questions y sont souvent complexes, les approches fort différentes, les enjeux d’importance, et la formation et l’information du citoyen pas toujours assez poussées. Certes les propagandes jouent leurs rôles perturbateurs. Certes le petit écran nivelle les consciences en présentant les choses comme les voix de « nos maîtres » l’imposent. Dans un autre temps on aurait parlé de l’idéologie dominante et de ses valets qui parlent dans le micro, face à la caméra, ou qui écrivent dans la presse bien-pensante. On pourrait aussi évoquer les intérêts financiers qui sont à la manœuvre dans ces opérations de bourrage de crânes.
Débourouner profond.
Il n’empêche : ils sont nombreux à « débourouner profond » quand ils disent envisager à donner leurs suffrages pour les prochaines municipales  à un parti d’extrême droite qui partout où il est passé n’a laissé que turpitudes, misère et désolation. Et qui dans l’histoire s’est mis au service des haines les plus criminelles. Dans cette démarche aujourd’hui,  l’ignorance la plus crasse rejoint le racisme le plus abject en s’inventant un bouc émissaire : l’immigré qui serait la cause de tous nos maux. Et les tentatives de rationalisation pour combattre une argumentation violemment xénophobe sont difficiles, si ce n’est souvent vouées à l’échec. D’autant que les difficultés sociales vont croissant.
Soyons des Béranger.
Peut-être faudrait-il leur faire lire ou relire une pièce d’Ionesco « Rhinocéros » éclairante sur les dérives sociales et personnelles qu’entraîne une pensée qui se coupe du réel pour s’enfermer dans des certitudes sans fondement, si ce n’est le grégarisme imbécile. Dans une ville d’Europe, tous les hommes deviennent rhinocéros, inexorablement, imparablement : toutes les formes de résistances échouent jusqu’à la résistance douloureuse et solitaire de Bérenger qui, au nom de sa liberté, de son humanité, de sa raison, se bat contre cette métamorphose.
« Le ventre est fécond… »,  la fatalité serait-elle du  côté de l’irrationnel ? Combattons toutes les dérives qui tournent le dos à l’essentiel : le combat quotidien de tous les Bérenger pour ne pas céder au délire, pour résister et se battre pour une vie meilleure et pour dénoncer tous les mensonges qui pourraient nous en détourner.
Et cela ne concerne pas que les élections municipales : les croyances dans des démarches qui réunissent les carpes et les lapins, comme celles des bonnets rouges bretons  le rejet magique de toutes formes d’impôts, toutes des remèdes-miracles des docteurs YAKA et FAUCON qui ont réponse à tout, les croyances aveugles dans des promesses intenables sont du même ordre, elles nous abusent et nous détournent de la seule démarche qui, rationnellement,  a dans l’histoire porté quelques fruits, même s’ils ont été rarement à la hauteur de nos espérances : celle de l’engagement citoyen et de la résistance des consciences.
Ce samedi 29 novembre, dans la froidure d’un hiver naissant, c’est elle qui le matin comme l’après-midi était à l’œuvre, Place de la République à Perpignan.  Très, très loin de l’irrationnel.
Jean-Marie Philibert.

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