Résolu !
Dans ces temps préélectoraux nous allons retrouver les grands
classiques des municipales, dans les discours, comme dans les comportements,
avec l’ambition, non affichée bien sûr, mais néanmoins bien réelle, de tromper
son monde, et de rester le khalife, ou de le devenir. La taille de la commune
importe peu : de Finestret à Perpignan et au-delà, les constantes sont les
mêmes.
Le local.
La première d’entre elles est de convaincre l’électeur que ce
qui compte, ce qui comptera, ce n’est que le local, que dans ce local l’urgence
immédiate est d’y vivre bien, que toute l’énergie de l’équipe municipale sera
consacrée à ce noble dessein : vivre sans souci, comme un poisson dans l’eau,
les orteils en éventail, connaître le
bonheur à Trifoullis-les Oies, ou ailleurs. Très loin de la politique
politicienne, pleine de grands méchants encartés qui nous veulent du mal, qui
veulent nous diviser avec des conflits qui nous dépassent et auxquels nous ne
comprenons rien, innocents que nous sommes. Pas de gauche ou de droite, cette
division d’un autre âge, qui a fait tant de mal. Rien que de la bonne volonté,
du dévouement, de la générosité. Le degré zéro de la politique ! Noblement
baptisé la défense des intérêts locaux.
Le
floutage.
La démarche est aisée dans les petites communes, où le
personnel politique putatif (ce n’est pas un gros mot) ne se bouscule pas
toujours au portillon ; elle est un peu plus compliquée dans les communes
plus importantes, où les enjeux de pouvoir sont plus conséquents et où toutes
les sensibilités cherchent à s’exprimer,
où les clans, les rivalités sont inscrits dans la mémoire locale et sont
régulièrement réactivés à chaque rendez-vous électoral. Là on assiste à une autre
pratique très fréquente, le floutage de l’étiquette : ainsi tel
candidat-maire de droite d’une grosse commune du département, va se revêtir
subrepticement d’une sensibilité de gauche, invisible à l’œil nu (devinez
qui !). Nous avons eu des experts en floutages, je pense à la famille
Alduy, ne parlons pas du père, champion toutes catégories, mais contentons-nous
du fils, ainsi lors des dernières municipales, celles des chaussettes,
Jean-Paul Alduy faisait référence à son très lointain engagement adolescent à
la gauche extrême pour casser son image de réactionnaire peu scrupuleux. Soyons
donc attentifs à tous les flouteurs, vous verrez qu’ils vont foisonner.
Et le
retournement de veste.
Et comme cela risque de ne pas suffire, pour brouiller un peu
plus les pistes, on va ouvrir très
grandes les portes aux renégats, aux traitres, aux parjures, aux félons, plus
prosaïquement aux spécialistes du retournement de veste. Ceux qui viennent du
clan d’en face, mais qui pour de très nobles raisons morales (bien sûr) renient
ce qu’ils ont fait et dit pendant des années pour se rallier à ce qu’ils ont
combattu pendant le même temps, pour servir bien sûr leur commune (non, non,
pas leurs intérêts !) et tenter d’occuper un rôle à la mesure (ou à la
démesure) de leur ambition. La liste Alduy-Pujol n’est pas en reste dans cette
pratique aussi, et ils trouvent régulièrement des hommes et de femmes de peu de
foi qui pour quatre sous et un peu de gloriole vont aller sans vergogne à la soupe. La force des principes,
l’attachement aux valeurs, la fidélité aux engagements… A la trappe !
J’ai la faiblesse de penser qu’on ne régénèrera pas la vie
politique de ce pays avec des pratiques d’un autre âge qui sont aux antipodes
des enjeux d’importance qui concernent la gestion de nos communes, comme la
gestion du pays. Il revient à l’électeur de jouer pleinement son rôle en
exigeant clarté des discours et rectitude des engagements : la démocratie
n’est pas un don du ciel, mais une lente conquête, jamais totalement aboutie.
On peut sans doute regretter que les forces progressistes
donnent ici ou là le sentiment d’avoir du mal à dégager une ligne claire (je
pense en particulier aux difficultés que connaît le Front de Gauche et aux
aléas, malheureusement habituels, de
l’union avec l’ensemble des forces de gauche). Il n’en reste pas moins que face
à des menaces réelles de l’extrême droite, face à l’esprit revanchard et
rétrograde de la droite, face au sarkozisme mollasson à la sauce hollandaise,
faisons la seule politique qui peut faire bouger les choses, celle d’un
engagement résolu à gauche. RE-SO-LU ! Très-très loin des bassesses et de
la servilité ambiantes.
Jean-Marie Philibert.
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