Le défi.
Un rendez-vous
manqué : pouvait-il en être autrement de la conférence sociale à la sauce Valls-Hollande?
Surtout
après les mouvements à la SNCF, surtout en plein cœur de la bataille des intermittents, surtout face
aux abandons, de la part du pouvoir, dont la SNCM est l’objet.
La
capacité du gouvernement à
mettre en œuvre une politique sociale digne de ce nom s’arrête aux portes du MEDEF et
aux oukases de son saint patron Gattaz 2.
Des couleurs sociales ?
La conférence sociale avait été
annoncée à
grands renforts
de messages politico-publicitaires, elle devait être un grand moment de
dialogue, après une période d’agitation forte, elle aurait pu apporter calme et sérénité. Elle devait permettre de lancer les suites du
pacte de responsabilité, par exemple la mise en œuvre des mesures envisagées sur la prise en compte de la pénibilité
dans le travail. Elle
devait peindre de couleurs un peu plus sociales les premiers temps du
gouvernement Valls qui en manquaient étrangement.
Et puis
patatrac : rien ne marche comme prévu. Discuter de la pénibilité, Gattaz ne veut plus. Il voulait, il y a quelque
temps, mais c’est fini. Imaginer qu’il soit contraint de lâcher un petit quelque chose, même pour ceux qui ont les boulots les plus durs, ça le met en transe. Il a donc écrit à Manuel Valls pour lui imposer de supprimer de l’ordre du jour cette discussion et l’autre d’obéir, comme si le parti
socialiste ne pouvait pas faire autrement que de prendre ses ordres au Medef.
On a les amis qu’on mérite.
La
lutte des classes, c’est d’un démodé ! On a les amis qu’on mérite. Même la CFDT est en colère, c’est dire l’importance de la reculade. Les représentants des salariés les plus déterminés (CGT, FO, FSU et Solidaires), placés devant le fait accompli, ont refusé de cautionner une telle rencontre et n’ont pas participé aux travaux d’une conférence vidée de son contenu.
Les
autres ont choisi d’avaler la nouvelle pilule, même amère, et sont restés fidèles à leur rôle de faire-valoir d’une politique sociale,…. qui n’a plus grand chose de social, mais qui peut aider
Hollande et son team d’enfer à passer l’été et à se projeter dans des projets pour la rentrée. Il y en a un qui vaut son pesant de cacahouètes, il a été annoncé par Valls en fin de conférence, c’est l’ouverture de nouvelles discussions … sur la modernisation du dialogue social. Il est
interdit de rire !
De conférence en
conférence : les
chemins qui ne mènent nulle
part.
Il n’est donc rien sorti de sérieux de la conférence sociale, si ce n’est que pour Hollande, c’est la seule méthode possible (« pour faire avancer notre pays et les réformes » dit-il) … qui ne conduise à rien… qu’à une prochaine conférence sociale… dont on peut craindre qu’elle ne conduise, elle aussi, à rien d’autre …qu’une énième conférence sociale.
Il faut
en espérer (c’est le message des batailles en cours) que les
salariés, les précaires, les intermittents, les chômeurs, les sans-droits, les exclus de tous poils,
les jeunes dans la galère, les moins jeunes dans la
misère ne trouvent saumâtre la méthode qui consiste à les prendre pour des imbéciles de la part d’un pouvoir qui n’est ni le premier ni le dernier à tenter de les mettre au pas.
Qu’il se prétende de gauche ne change rien aux enjeux d’une lutte qui doit se renforcer, s’organiser, s’inventer au quotidien dans la mise en œuvre d’une solidarité forte et solide, d’une démocratie sociale où le syndicalisme qui a l’ambition de participer à la transformation de la société (le seul à mes yeux digne de ce nom) devra nécessairement agir en convergence avec tous ceux qui,
dans le peuple, luttent, tout simplement pour la justice et le progrès. C’est sans doute plus compliqué que ça en a l’air, mais les défis sont faits pour être relevés.
Jean-Marie
Philibert.
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