les billets d'humeur de Jean Marie Philibert dans le Travailleur Catalan

Jean Marie PHILIBERT ( c'est moi ) écrit toutes les semaines un billet d'humeur dans le TRAVAILLEUR CATALAN, hebdomadaire de la fédération catalane du PCF.
Je ne peux que vous conseiller de vous abonner à ce journal qui est aujourd'hui le seul organe de presse de gauche du département des Pyrénées Orientales.
J'ai rassemblé dans ce blog quelques uns de ces billets d'humeur en rappelant brièvement les événements qu'ils évoquent

lundi 7 juillet 2014

les casseroles



Montesquieu, les casseroles et le « petit » Nicolas…

Pendant de très nombreuses années scolaires, j’ai préparé des candidats à l’épreuve anticipée de français du baccalauréat où ils avaient à présenter à un examinateur une liste de  textes étudiés pendant l’année scolaire. Dans cette liste il y avait quelques œuvres incontournables dont j’estimais, c’était ma responsabilité d’enseignant et de citoyen, qu’elles pouvaient avoir du sens et de l’importance dans leur rapport au monde et à la société. Parmi ces œuvres, un extrait de « l’Esprit des Lois » de Montesquieu, que la tradition a titré « La séparation de pouvoirs ». Dans l’Esprit des Lois Montesquieu fonde, en 1748, la science politique. Plusieurs décennies avant la révolution, il jette les bases du droit naturel avec une approche scientifique, alors que c’est un monarque de droit divin qui règne sur la France, alors que son rôle de président du Parlement de Guyenne pourrait en faire un thuriféraire de l’absolutisme, alors que le magnifique château de la Brède à côté de Bordeaux, où il vit, lui apporte tous les plaisirs d’une vie luxueuse. Non ! Il ne s’en satisfait pas et il condamne le despotisme, il cherche la voie d’un régime moins dur aux hommes et aux femmes, il veut en définir les contours et les principes. La séparation des pouvoirs sera de ceux-là et inspirera pendant des siècles notre droit constitutionnel. Les constitutions qui ont organisé notre vie collective en ont fait un principe intangible.
«… tout serait perdu si le même homme exerçait ces trois pouvoirs »
Je pense qu’il faut citer le cœur du texte : « Il n’y a point de liberté si la puissance de juger n’est pas séparée de la puissance législative et de l’exécutrice. Si elle était jointe à la puissance législative, le pouvoir sur la vie et la liberté des citoyens serait arbitraire : car le juge serait législateur. Si elle était jointe à la puissance exécutrice, le juge pourrait avoir la force d’un oppresseur. Tout serait perdu si le même homme, ou le même corps des principaux, ou des nobles, ou du peuple exerçait ces trois pouvoirs… » Mes adolescents n’avaient pas beaucoup de mal à comprendre ce texte, et quand ils étaient interrogés, ils s’en sortaient plutôt bien parce qu’ils mesuraient le bien-fondé de la démarche de Montesquieu.



Pour lui le pouvoir ne se sépare pas.
A écouter la prestation du « petit » Nicolas à la suite de sa garde à vue au pôle financier de la police judiciaire et de sa mise en examen, je pense que s’il avait à présenter ce texte au bac, il aurait tout faux. Pour lui, le pouvoir ne se sépare pas, ne se divise pas. Lui, président, il peut tout faire sans entrave, sans contrôle. Se faire payer une partie de sa campagne électorale par un dictateur libyen, s’acoquiner avec Tapie pour qu’il s’en mette plein les fouilles, se dispenser de toutes les règles du financement public pour se payer tous les sondages  qu’il juge utiles, mettre en œuvre un système complexe de fausse facturation pour pouvoir dépenser des cents et des mille lors de sa dernière campagne électorale, promettre monts et merveilles à ceux qui accepteront de le suivre dans cette dérive quelque peu parano en s’asseyant sur leur conscience.
Les casseroles.
Tous ceux qui prétendraient jouer leur rôle de garants de la démocratie, de défenseurs des lois, de partisans du bien public seront considérés comme de dangereux gauchistes qu’il faut livrer à la vindicte publique… et les affidés de l’UMP reprennent en chœur les attaques du Lucky Luke de la politique contre toutes les institutions républicaines qui auraient la prétention de le rappeler à ses devoirs et … à la séparation des pouvoirs.
Il n’est que l’oie toute blanche de l’histoire, la victime pure et sans tache de tous ceux qui ont peur de son retour. Sans tache, je ne sais pas ! Mais pas sans casseroles qui font un tintamarre du diable, tel que l’atmosphère est assourdissante.
Beaucoup de bruit pour rien, comme disait l’autre, ou plutôt beaucoup de bruits pour qu’on ne comprenne rien aux turpitudes d’un « petit » Nicolas qui reste un gamin insupportable et qui est totalement fâché, et depuis longtemps, avec Montesquieu auquel il n’a rien compris.
Jean-Marie Philibert.

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