les billets d'humeur de Jean Marie Philibert dans le Travailleur Catalan

Jean Marie PHILIBERT ( c'est moi ) écrit toutes les semaines un billet d'humeur dans le TRAVAILLEUR CATALAN, hebdomadaire de la fédération catalane du PCF.
Je ne peux que vous conseiller de vous abonner à ce journal qui est aujourd'hui le seul organe de presse de gauche du département des Pyrénées Orientales.
J'ai rassemblé dans ce blog quelques uns de ces billets d'humeur en rappelant brièvement les événements qu'ils évoquent

mardi 19 avril 2016

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Le journalisme politique fait, le plus souvent, davantage dans l’affirmation, la dénonciation claire et directe que dans le questionnement. Il faut convaincre dans l’expression péremptoire d’un point de vue, avec l’ambition de le faire partager, avec la conviction que ce que l’on dit est juste, vrai, incontestable (choisissez le mot qui vous va). Dans les moments d’incertitude on inclura bien quelques formules pour nuancer le propos, mais toujours le moins de doute possible, et surtout pas de questions franches susceptibles de faire appel à l’esprit trop critique de votre interlocuteur. Au pire des formules interronégatives  qui donnent la réponse dans la question du genre : François Hollande n’a-t-il pas l’obligation de réformer la France. La seule réponse  possible et attendue : mais oui ! bien sûr ! En chœur, reprenons.

Mon esprit retors et le contexte des Nuits-debout qui nous invitent à prendre la parole m’incitent à changer de registre et à vous proposer un billet d’humeur plein de ?????????,  par lesquels passent  (peut-être, qui sait ?) les sorties de la crise profonde, sociale, économique, politique, culturelle qui nous assaille. Des questions pour changer la vie, comme on disait, fa tems !

Première série 

 Les puissants, le sont-ils ? S’engager, tu rigoles ?-Y-a-t-il quelque chose à ramasser ? Construit-on son avenir le cul sur une chaise ?  Le syndicalisme est-il rouge ou décoloré ? La gauche respire-t-elle encore ? 0ù as-tu mis le pognon ? Marine Le Pen, un leurre ? Les CRS sont-ils de gentils garçons ou de grosses brutes ? Pourquoi les ministres ressemblent-ils tant à des jésuites ? La primaire à gauche, autre chose qu’un piège à c… ?

Deuxième série

 Où sont le parti socialiste et ses députés locaux, Aylagas ?, Cresta ? Olive ? Dans les choux ? A la pêche ? Pourquoi les renseignements généraux ne voient-ils qu’un manifestant sur deux ou sur trois, maladie des yeux, ou manque de courage ? Pourquoi la Préfète préfère-t-elle les balades dans la campagne aux manifestations de rue ? Le social-libéralisme : une nouvelle forme de décervelage ? « Allumer des étoiles »: à quoi pensent-ils au pc ? Ils ont fumé, et pas des gauloises ?

Troisième série

 Concurrence ou justice ? Rêve ou illusion ? Pourquoi rien ne change quand tout change ? Te prends-tu pour un philosophe ?  Fuir ? Le capitalisme est-il moralisaple ? Régulaple ? Présentaple ? Jetaple ? Quand la finance pleure, pourquoi faut-il consoler cette … ingrate ? Des banques riches au cœur d’un peuple pauvre : normal ? La démocratie erre entre le cimetière et le musée et vous ne vous inquiétez pas ? Il y avait l’état-providence, il y a l’état de merde et nous, nous en serions ? Le PCF est-il renouvelaple ?

Quatrième et dernière série provisoire

Pourquoi tout le monde n’a-t-il pas le même projet de s’en mettre plein les fouilles ? Pourquoi faire simple quand il est si simple de faire compliqué ? Chacun et chacune, est-ce tous ? Ou un peu plus ? Servir ou se servir ? Le peuple, hors champ, mais pas hors souffrance ? Le peuple, la classe ouvrière et son parti, prince moderne selon Gramsci, peuvent-ils soulever le monde ? Nos capacités de résistance sont-elles infinies ? Croire en l’avenir ? Avons-nous le temps ? Le désir ? Qui sait ?

Jean-Marie Philibert.

lundi 11 avril 2016

Des anges


Des anges

Dans les tréfonds de mes souvenirs, il en est un lié à l’éducation catholique rigoureuse qui me fut donnée dès mon plus jeune âge. La référence à Marie dans mon prénom me mettait sous la protection de la vierge et, très tôt, j’ai eu à subir des cours de catéchisme, dès l’école maternelle, chez les « bonnes » sœurs,  où un prêtre tout vêtu d’une impressionnante soutane noire venait nous parler de jésus … et de sa bande. J’ai au fond de ma mémoire le souvenir de sa grosse voix nous expliquant que notre âme était toute blanche et pure tant que nous ne faisions pas de péché, mais qu’à partir du moment  où on faisait des bêtises, où on n’était pas gentil, où on n’écoutait pas sa maman, son papa,  où on oubliait ses prières, elle se criblait de taches noires qui la métamorphosaient en quelque chose de monstrueux qui nous éloignait d’un paradis où dieu et ses anges nous attendaient. Et nous rêvions tous de devenir des anges.

En ce qui me concerne cette vocation angélique n’a pas dépassé les limites de l’adolescence. Les frasques de ma jeunesse ont eu raison, je crains de façon irréversible, de la blancheur de mon âme.L’âge adulte a considérablement teinté en rouge vif les tâches qui la dénaturaient et m’a éloigné durablement du paradis.

Le paradis

Mais l’actualité de la semaine dernière m’apprend que l’aspiration au paradis est restée une constante, que le relatif déclin de la religion catholique, de ses pratiques, de son influence n’a pas éteint ce besoin de vivre dans ce monde sans entrave où on peut copiner avec les anges très-très loin des contingences matérielles.

En effet dans ces paradis-là (fiscaux, paraît-il qu’il faut les appeler), on perd son identité, ses titres, sa position sociale pour être un numéro, un chiffre, un code. On n’est plus rien. Et on a même des gens très gentils qui pour trois-francs-six-sous, en cas de besoin vous prêtent leur nom. Mais on garde tout, et surtout, tout le pognon : la proximité avec les divinités en tous genres qui peuplent ces lieux magiques fait que très souvent le pognon fait des enfants, de très nombreux enfants. Ces enfants sont protégés par la sainteté des lieux et viennent enrichir la famille des opulents. Et le plus beau des miracles, la superbe réussite de l’entreprise surnaturelle, tient à l’incognito dont vous êtes parés et qui vous libère à tout jamais des regards concupiscents du fisc, des états, des envieux, des pauvres.

Le pognon travaille pour vous

Vous êtes libres et puissants ! Vous n’avez plus à travailler.  Le pognon travaille pour vous.

Suprême altruisme : il arrive même qu’en travaillant pour vous il participe à un fonds d’investissement qui va donner un travail précaire et mal rémunéré à de pauvres hères qui n’auront qu’à remercier la providence divine et le saint patronat. Mais du sein de votre paradis, vous veillez à ce que la manne reste toujours aussi inégalement répartie : les complices que vous avez placés aux commandes sur terre savent que l’austérité, la pénurie, la souffrance sociale, l’injustice et le corsetage de la démocratie sont des armes imparables qui incitent à accepter l’inacceptable.

Des happy few

Là où vous êtes, vous côtoyez ce qui se fait de mieux dans des genres divers : chefs d’états sans conscience, barons de la drogue, stars du ballon rond… Vous êtes les happy few d’un monde où il est de plus en plus difficile d’être happy. Et vous en jouissez sans vergogne. Quand on se rend compte que vous avez mis la main dans le pot de confiture, vous jouez les surpris, les timides, les maladroits. Mais je sens bien qu’au fond de vous-mêmes vous pensez que vous n’avez fait que ce que tout fortuné aurait fait à votre place : se gaver et surtout ne pas partager et surtout ne pas payer d’impôts, ces horreurs, ces abominations. Vous croyez dur comme fer à votre angélisme. La preuve : aucun d’entre vous n’a dit qu’il restituerait à la collectivité les sommes détournées. Le pardon et la contrition sont à ce prix. Mais vous ne voulez pas connaître.

Pour résumer : les tâches noires de votre âme ont la forme, la couleur, l’odeur des dollars et, dans les paradis … fiscaux, les anges ne sont que des fripouilles.

Jean-Marie Philibert.

mardi 5 avril 2016

du sérieux... que diable !


La semaine dernière, le 1° avril,  le Travailleur Catalan annonçait l’adhésion de Jean-Luc Mélenchon à la Fédération Catalane du PCF. Cette information fracassante a éveillé chez moi un petit délire dont le TC de vendredi se fera l’écho

Du sérieux ! Que diable !

Je m’amuse à imaginer la tête de notre camarade, Francis Daspe, responsable départemental du PG, à la lecture du précédent TC qui annonçait en une et en page 3 l’adhésion  du lider maximo du PG, Jean-Luc Mélenchon au Parti communiste français et qui plus est à la fédération catalane de ce parti. Une belle prise ! Le propre d’un poisson d’avril est d’avoir toutes les apparences de la vérité, d’être crédible et de s’accompagner de détails tangibles qui le rendraient indiscutable, s’il était avéré : c’est à cause de cela qu’on peut s’y laisser prendre et croire l’incroyable.

Nous savons par une indiscrétion que ce fut le cas chez notre sympathique Francis, vendredi dernier, quand il a reçu son hebdomadaire préféré, le TC.

Jean-Luc, reviens !

« Oh ! Putain ! Le con ! Il nous lâche ! Des mois et des mois de travail pour rien, pour en arriver là. Après tout le mal qu’il nous a fait dire et penser de ce parti sur lequel on pouvait s’essuyer les pieds,  aller à la soupe sans nous avertir. Le monde s’effondre pour moi, ma vie n’a plus de sens… Jean-Luc, reviens ! »

Et ne pouvant plus y tenir, de prendre d’une main rageuse son portable, et de composer le numéro d’un Jean-Luc adoré, dont il sent qu’il lui échappe.

« -Allo, Jean-Luc, qu’est-ce que j’apprends dans le TC d’aujourd’hui ? Tu adhères au PCF… Tu nous lâches, tu nous abandonnes, nous qui t’avions tout donné. Ici, c’est la stupeur !»

Et l’autre, un peu machiavélique et pince sans rire aussi, qui a tout de suite compris de quoi il retourne, de continuer dans la même veine que le TC. Une occasion de tester le Francis.

U-NI-TE

« -Oui, Francis, j’ai beaucoup réfléchi et hésité. Le Parti de gauche reste groupusculaire, le Front de gauche est malade, Il n’est plus possible de parler d’unité et de pratiquer la division. L’heure est grave : le gouvernement est aux abois, Hollande ne sait plus où il couche (au propre, au figuré). Le parti socialiste est au bord de l’implosion. Le monde du travail, à travers la loi Khomry, subit une attaque qui peut le ramener des décennies en arrière. Le peuple semble se réveiller. Et nous, nous continuerions comme avant, la petite tambouille partisane et un tantinet anticommuniste. Il faut, à gauche, une nouvelle radicalité, sans concession, sans arrière-pensée, sans compromis. A la gauche de la gauche, finies les divisions sans fins, finis les j’ai-raison-tout-seul. U-NI-TE, camarade ! Et je veux donner l’exemple. Dans l’histoire, y a-t-il eu de grands moments unitaires sans le PCF. J’en ai tiré toutes les conséquences, quitte à perturber les quelques démons trotskistes qui m’habitent encore.

-Mais Jean-Luc… un changement si brutal… si inattendu…

-Francis ! La classe ouvrière peut-elle attendre ?  Nous avons rendez-vous avec l’histoire ! Et quand on a un lider maximo de ma trempe, on ne se pose pas de question, on le suit !

-Je te suis Jean-Luc ; je téléphone immédiatement au TC pour leur annoncer mon adhésion. 

-Non ! Non ! Attends quelques jours, sinon ils vont prendre la grosse tête au TC !»

C’était un épisode de la série : « Les soubresauts de l’histoire peuvent manquer de sérieux ».

Jean-Marie Philibert.