les billets d'humeur de Jean Marie Philibert dans le Travailleur Catalan

Jean Marie PHILIBERT ( c'est moi ) écrit toutes les semaines un billet d'humeur dans le TRAVAILLEUR CATALAN, hebdomadaire de la fédération catalane du PCF.
Je ne peux que vous conseiller de vous abonner à ce journal qui est aujourd'hui le seul organe de presse de gauche du département des Pyrénées Orientales.
J'ai rassemblé dans ce blog quelques uns de ces billets d'humeur en rappelant brièvement les événements qu'ils évoquent

lundi 18 juillet 2016

la politisation de l'intelligence


La politisation de l’intelligence

Nice : une nouvelle fois la course effrénée à la surinformation, immédiate, totale, savante, surchargée d’experts en tous genres, avec les images chocs qui vont avec, avec le pathos incontournable, et les envoyés très spéciaux ou spécieux, comme vous voulez qui, en boucle, vous disent qu’ils en savent bien peu.

Face à la mort aveugle, aux victimes innocentes, à l’incompréhension devant la barbarie, je reste persuadé que les discours les plus utiles sont les plus sobres : la compassion n’a pas besoin d’hyperboles et les donneurs de leçons pourraient avoir la décence d’attendre que les sanglots de ceux qui vivent une tragédie s’apaisent quelque peu. Je reste estomaqué des tentatives de récupération à chaud d’un événement de la part de « responsables » politiques qui ne font qu’y projeter leur fantasmes réactionnaires et racistes. Ils donnent une image calamiteuse de leur incompétence. La solidarité populaire qui s’exprime là, comme elle s’est exprimée lors des tragédies précédentes devrait pourtant les inciter, au moins,  à un peu plus de retenue. Ne parlons pas de l’impossible : les signes visibles de l’intelligence d’une situation, certes compliquée et lourde de menaces. Cette situation s’inscrit néanmoins dans tous les désordres du monde dont il serait peut-être temps que l’on prenne toute la mesure.

Continuer comme avant ?

Le pouvoir « socialiste » s’en tire en jouant la carte de l’urgence, du quadrillage sécuritaire, en alimentant les peurs. Mais pour tout le reste on continue comme avant, on détruit le droit du travail, on s’acoquine avec le patronat, on promet une embellie sur le front de l’emploi pour la saint glin-glin … On manœuvre serré pour tenter d’éviter la catastrophe annoncée pour 2017 en espérant que la peur du front national permettra de sauver les meubles. Réécoutez le discours de Hollande le 14 Juillet : le vide sidéral.

L’antidote ?

Il est des moments où l’actualité ne semble plus rien offrir que désolation, où nous percutons de plein fouet une adversité qui semble nous dépasser. La fatalité, le fatum, comme ils disaient, les anciens, dont nous serions les jouets impuissants et irresponsables. Il nous reste les mots pour dire nos plaintes, notre effroi, et tenter de trouver quelque chose qui serait comme une bouffée d’oxygène. Ce que j’ai retenu de propos de Pierre Laurent pourrait peut-être nous y aider. A Avignon quelques heures avant la tragédie de Nice, il parle de théâtre et de culture, mais pas seulement. Je cite en vrac. « Le théâtre une parole qui doit nous réveiller… Il doit nous aider à questionner la vie…la place de l’homme et ses responsabilités… La culture un endroit pour faire respirer…La politique une autre manière de dire la culture …La place de l’échange difficile à conquérir dans la politique transformée par le marketing… Pour reconquérir le politique : la politisation de l’intelligence… »

La double exigence

Certes, la formule peut sembler d’une obscure clarté, et pourtant à bien l’écouter, elle est riche de sens, elle n’est certainement pas univoque, elle est ouverte à la pluralité de ce que nous sommes, de ce que nous pensons, de ce que nous espérons. Elle est porteuse d’une double exigence, une exigence politique qui nous concerne au premier chef, puisqu’il s’agit de notre vie collective et de ses enjeux bien malmenés, et une exigence intellectuelle de compréhension d’un monde où l’irrationnel le dispute au magique, au surnaturel, au mystère insondable de l’humain. Nous ne transformerons pas le monde si nous renonçons à le comprendre. Pour éviter d’autres Nice !

Nous ! Nous ! Ensemble, dans le débat, la confrontation, dans l’action, dans la solidarité, dans l’écoute. Aux antipodes des petits chefs de tout acabit qui n’ont atteint leur but que lorsqu’ils ont confisqué tous les pouvoirs pour jouer au mieux les histrions.

Nous ! Nous ! En nous réappropriant, il vaudrait mieux dire en nous appropriant enfin, la chose publique, la chose politique. Celle qui nous constitue. Avec toute l’intelligence nécessaire.

Jean-Marie Philibert.

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