les billets d'humeur de Jean Marie Philibert dans le Travailleur Catalan

Jean Marie PHILIBERT ( c'est moi ) écrit toutes les semaines un billet d'humeur dans le TRAVAILLEUR CATALAN, hebdomadaire de la fédération catalane du PCF.
Je ne peux que vous conseiller de vous abonner à ce journal qui est aujourd'hui le seul organe de presse de gauche du département des Pyrénées Orientales.
J'ai rassemblé dans ce blog quelques uns de ces billets d'humeur en rappelant brièvement les événements qu'ils évoquent

dimanche 3 juillet 2016

les thuriféraires et les ploucs


Les thuriféraires et les ploucs

Je suis toujours surpris d’entendre les thuriféraires de l’Europe s’étonner de la réaction des peuples face à une machine qui en l’espace de quelques décennies leur a fait toutes les misères du monde sans tenir compte de leurs réactions, de leurs votes, de leurs réserves.

Ce mot de « thuriféraire » ne pouvait pas mieux convenir pour désigner ceux qui ne cessent de chanter les louanges d’une institution que le Brexit secoue :  les thuriféraires sont dans la liturgie chrétienne ceux qui sont chargés de porter l’encens qui va brûler en répandant une odeur pénétrante pour nous donner le sentiment de ne plus être tout à fait dans une ambiance terrestre, mais de toucher un tant soit peu au surnaturel et au sacré. Et avec l’Europe, à la sauce social-libérale on tente de nous faire croire que la terre promise n’est pas loin, que les fruits de l’union vont bientôt tomber, que les sacrifices paieront, que le nirvâna est à portée de main, que le ciel est au coin de la rue.

Patience

Certes il faudra encore un peu patienter, attendre que la Merkel veuille bien partager un peu de sa croissance, convaincre les Grecs, les Portugais, les Espagnols de ne plus vivre à crédit, pourchasser sans relâche tous ceux qui ne peuvent pas vivre sans déficit, s’enliser toujours un peu plus dans la dérèglementation, casser chaque jour davantage les services publics. Et surtout ne jamais empêcher les plus riches et les plus puissants de l’être encore plus et dans le même temps accepter que nos salaires et nos retraites stagnent lamentablement. La liberté du loup dans la bergerie est un des principes fondateurs d’une Europe qui a fait de la loi du marché, « the principe absolu ».

Ce ne sont là que billevesées. L’apothéose de l’Europe est au bout du chemin et vous la rencontrerez un jour, vous, ou vos enfants, ou vos petits-enfants, ou vos arrière petits-enfants, ou à la Saint glin-glin qui est un saint très européen.

Trop compliqué pour le populo

En attendant la saint glin-glin les peuples en bavent ; ils ne n'en veulent plus. Ils l'ont dit très souvent, chaque fois que la question européenne leur fut posée : rappelez-vous le référendum constitutionnel ! Ce fut non ! Avec le traité de Lisbonne vous avez eu droit à la même marchandise, mais on ne vous a pas demandé votre avis.

De toutes les façons, l'Europe c'est trop compliqué pour le populo, il ne faut surtout pas le laisser décider de quoi que ce soit. Et pour que vous en soyez convaincu, on a mis en place des institutions pour lesquelles vous voterez le moins possible : on vous fait une petite fleur pour le Parlement européen, mais on ne sait pas trop à quoi il sert. La Commission, elle, est au centre de tous les pouvoirs ; ses responsables n'ont aucun compte à vous rendre. Ne parlons pas des institutions financières : c'est blocus à tous les étages. C'est votre argent, mais il vous a totalement échappé pour aller dans les mains de Mario Draghi, le grand mamamouchi de la banque centrale européenne qui en fait ce que veulent les fortunés qu’il sert aveuglement.

Le péché de populisme est un péché mortel

Si vous regimbez, si vous exprimez votre incompréhension, voire votre réprobation, vous serez immédiatement taxé de populiste, populiste, c'est comme populo, c'est dégradant. Le populiste est borné, il ne peut pas comprendre. Il a l'avantage de mêler la gauche contestataire et la droite réactionnaire de telle sorte que plus personne ne reconnaît ses petits et qu'il est plus facile de vous faire passer pour un imbécile. Le populiste est sans conscience, prisonnier de ses instincts et de ses égoïsmes. Son opinion est sans valeur, comme lui.

Le dessus et le dessous du panier

Que vous soyez sincèrement de gauche, que vous soyez attaché au progrès social, à une juste répartition des richesses, à une politique de l'emploi qui donne à chacun de quoi vivre décemment, que la nation, l'état, la démocratie, représentent encore pour vous quelques valeurs, que la solidarité, la justice, le respect des identités, des libertés aient du sens, ne changeront rien au jugement que nos eurocrates savent intangible : vous n'avez pas compris que les peuples et l'Europe n'appartiennent pas au même monde, qu'aucune communication n'est possible entre le dessus et le dessous du panier, entre le sacré et le profane, entre les thuriféraires et les ploucs.

Mais parce que le plouc que vous êtes reste convaincu que l'Europe sera sociale et démocratique ou ne sera pas, vous continuerez à agir pour un monde fraternel.

Ploucs, oh pardon, prolétaires de tous les pays unissez-vous, et secouez le dessous du panier.

Jean-Marie PHILIBERT

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