les billets d'humeur de Jean Marie Philibert dans le Travailleur Catalan

Jean Marie PHILIBERT ( c'est moi ) écrit toutes les semaines un billet d'humeur dans le TRAVAILLEUR CATALAN, hebdomadaire de la fédération catalane du PCF.
Je ne peux que vous conseiller de vous abonner à ce journal qui est aujourd'hui le seul organe de presse de gauche du département des Pyrénées Orientales.
J'ai rassemblé dans ce blog quelques uns de ces billets d'humeur en rappelant brièvement les événements qu'ils évoquent

lundi 19 décembre 2016

nous sommes tous les fils du père Noël


Nous sommes, tous,  les fils du Père Noël

Petit papa Noël, j’ai besoin d’une idée pour commencer mon billet d’humeur. Je n’en ai aucune et depuis plusieurs jours, c’est le vide. A chaque essai c’est le bide : ce n’est plus de l’humeur, c’est de la désespérance à l’état pur. Je tente de prendre du recul, j’observe, j’écoute, je me dis que cela va venir… Rien ne vient, si ce n’est les effluves de la sinistrose ambiante. Pourtant à y regarder de près le monde bouge.

La magie ?

Le papa Noël opèrerait sa magie…

Regardez, même les rues de Perpignan se remplissent d’un monde que Mister Nobody-Pujol avait renvoyé dans les proliférantes surfaces commerciales de la périphérie. L’embellie durera-t-elle ? Je pense qu’il faudra plus que quelques éclairages pour redonner du lustre à une cité qui a des atouts, une histoire, une culture, mais qui traîne un lot de misères, d’exclusions, d’inégalités profondément enkystées dans le tissu social : les politiques municipales menées en ont fait leur terreau.

Jouissons de ce qui peut peut-être ressembler à des promesses et servons- nous en pour y manifester notre collective soif de vivre. Tout compte dans un monde troublé. Merci papa Noël ! La pire des choses serait de se laisser gagner par le défaitisme ambiant. La résistance est notre lot et l’humour peut parfois nous y aider.

Regarder les péripéties du Centre del Mon. Là, le papa Noël semble impuissant, il rigole sous sa cape rouge. On avait une gare qui grâce à Dali connaissait une gloire internationale qu’elle ne méritait pas, elle était campée depuis des décennies sur un pôle de la ville qu’elle contribuait à animer. Des élus, des urbanistes, des financiers ont cru que le tgv allait la transformer en source inépuisable de pognon, en la retournant dans l’autre sens, en lui faisant tourner le dos à la ville, en lui donnant un petit air Manhattan. Et puis patatrac ! Le fiasco complet, rien ne marche, ni les commerces, ni le quartier, ni les tgv pour Barcelone, ni le tunnel qui y conduit. Un naufrage du Titanic local pour lequel le quotidien local vous promet toujours un miracle. Papa Noël, pitié ! Fais quelque chose !

Que peut-il ?

Que peut le Papa Noël face à l’incurie, à Perpignan, comme ailleurs ? Il peut nous aider à occuper notre temps en conjectures  fantaisistes. Il peut donner le change ! Il peut nous aider à passer le cap d’une année 2016 où un gouvernement socialiste aura poussé à son terme sa capacité d’autodestruction et son autisme très profond aux aspirations du peuple.

Il peut inspirer des one-man-shows de haute volée et d’un comique imparable de Manuel Valls sur la nocivité du 49-3 qu’il va, promis-juré, jeter dans les poubelles de l’histoire après en avoir usé et abusé.

Il peut faire comprendre à François Fillon que sur la Sécu (mais aussi sur le reste) il a dit de très grosses bêtises. Il peut mettre la zizanie dans la famille Le Pen, en leur faisant sentir que la haine des autres peut commencer au sein de la famille. Mais là il ne fera qu’amuser la galerie, il ne s’occupera que de l’écume des choses.

Toucher à l’essentiel

Le père Noël n’est vraiment utile que quand il touche à l’essentiel, c’est la raison qui conduit tous les enfants à y croire mordicus, quand il rend possible l’impossible, quand il régénère le besoin d’utopie qui fonde notre humanité. Ce besoin passe par des voies simples. La certitude qu’il vaut mieux être unis que désunis, que l’action sociale, syndicale, politique  ne sont rien sans cette aspiration à l’unité. La conscience que la lutte des classes traverse la société et qu’il faut choisir son camp. L’obstination à tenter de construire un monde solidaire, juste, fraternel, libre. Pourquoi pensez-vous que le père Noël s’habille de rouge. Et si nous étions tous, un tout petit peu, les fils et filles du Père Noël.

Jean-Marie Philibert.

lundi 12 décembre 2016

la grande métamorphose


La grande métamorphose





Un des signes que nous vivons des temps troublés : tout bouge à la vitesse grand V. N’évoquons que pour mémoire toutes les technologies qui si tôt apparues se retrouvent dans les marchés aux puces de France et de Navarre. Regardons, par exemple, le visage des villes : des centres urbains anciens, actifs et beaux sont devenus des morts-vivants. Observons la vie paysanne qui a animé pendant des siècles nos campagnes, nos montagnes : des friches, des larmes et des souvenirs. Attachons-nous aux rapports humains, aux relations que les femmes, les hommes pouvaient nouer dans les lieux publics, sur les places, dans les rues, lieux de convivialité… Actuellement ils sont traversés par des zombies solitaires  qui surtout ne regardent pas leur voisins pour se concentrer sur leurs téléphones portables qui leur permettent de dire qu’ils vont incessamment rentrer à la maison.

Ne plus savoir qui est qui

Mais nos modes de vie ne sont pas les seuls à subir la grande métamorphose : les êtres que nous sommes, ne sont plus exactement ce qu’ils sont, comme emportés dans un tourbillon qui nous conduit à ne plus exactement savoir qui est qui.

Certes la transparence absolue n’a jamais été de mise, et le changement, c’est la vie. Mais la convergence d’évolutions brutales qui tourneboulent toute une société est une caractéristique actuelle. Et la vie politique nous en offre une animale illustration.

La chienne est une oie

Observons l’échiquier politique, la Marine le Pen n’est plus le roquet fascisant et aboyeur qui n’a de cesse de faire peur à tout ce qui l’approche pour préserver l’enclos barbelé que son père avait construit pour elle, elle y avait rassemblé des chiens tous aussi patibulaires les uns que les autres, et ils y menaient une sinistre sarabande. Tout ça a totalement disparu, la chienne est devenue oie blanche qui s’offre à tous les regards pour dévoiler sa séduction, sa grâce et sa pureté. (Enfin faut aimer l’esthétique « oie »!)

Les pioupious et l’aigle

Le discret Fillon, ombrageux homme de l’ombre, collaborateur silencieux, est devenu en quelques semaines un chef de guerre sociale, intrépide et inspiré. Vous allez voir ce que vous allez voir ! Juppé et Sarkozy ont déjà vu s’effondrer leur surpuissance : les cadors ont perdu leur superbe, leur faconde et leurs illusions. Ils croyaient être tout, ils ne sont rien. Les paons deviennent vulgaires pioupious pendant que la pie voleuse se prend pour un aigle.

Quant à la biche Macron qui nous la jouait façon bambi. « Je vais enjoliver vos vies, vous envelopper d’une atmosphère féérique, vous faire croire au père Noël quel que soit votre âge ». Les propos qu’elle tient sont d’une vieillerie sans nom : « la gauche et la droite c’est tout comme, et je suis les deux à la fois ». Ils  la transforment inexorablement en vieille bique gâteuse. Son temps est compté, tant et si bien qu’il n’est pas sûr qu’elle vive encore à la fin de ce billet d’humeur.

Anda toro

Un animal quasi sauvage ne cessait de s’agiter dans le toril : Torrrro Manuelito ! Il n’attendait pas que las muletas s’agitent pour charger. Il avait fait fuir de l’arène tous ceux qui voulaient l’approcher. Il fonçait cornes en avant sur toutes les banderoles syndicales qu’il voyait et qu’il déchirait rageusement, il était arrogant, vindicatif et fier… Ne voilà-t-il pas qu’il a perdu en quelques heures los cojones de son arrogance. Il est devenu doux comme un agneau. On lui donnerait le bon dieu sans confession. Avec tous les agneaux, l’âne, marie, joseph, et le caganer,  on pourrait même le mettre dans la pessebre de noël. C’est la saison. Le taureau devenu bœuf décoratif !

Mais on le mettrait à gauche du petit jésus. Parce que Manuelito est à gauche, bien sûr. C’est grâce à ce genre de petits détails que, dans le monde de la grande métamorphose, on ne se perd pas tout à fait.

Jean-Marie Philibert

lundi 5 décembre 2016

ce qu'il aurait pu dire


Ce qu’il aurait pu dire

Pendant ces dernières années François Hollande nous a plus habitués au pire qu’au meilleur, son intervention du 1° décembre a quelque peu tranché, elle avait de la tenue. Mon mauvais esprit s’est plu à imaginer ce qu’il aurait pu dire… en pire.

Mes chers concitoyens, bonsoir, c’est François qui vous parle. Vous savez celui qui fait président normal, depuis quelque temps. Celui qui vous a fait quelques misères contre lesquelles vous regimbez en vain. Celui qui a un scooter et un pédalo. Celui qui parle trop aux journalistes du Monde. Et pas assez à la classe ouvrière. Celui qui vit des temps difficiles  dans ce palais de l’Elysée où les Brutus se multiplient pour me faire peur, pour que je rejoigne la Corrèze profonde, pour que je lâche les rênes d’un pouvoir que je n’ai jamais vraiment tenues.

Je doute

Je sens devant l’accumulation de pressions, de conseils, de critiques, d’hollandbashing qui prolifèrent que je dois parler. Je vous parle donc, mais c’est difficile parce qu’au moment où je vous parle, mon indécision naturelle ne m’a pas dit ce que je devais dire. Je doute, certes. Je sur-doute même.

Au fond, bien au fond,  je n’ai pas fait que des bêtises. Regardez Gattaz, il n’a jamais été aussi content. Ecoutez les patrons, ils rêvaient que l’on torde enfin le cou au code du travail, c’est fait. Regardez la droite, ils souhaitaient que je m’enlise dans une politique économique et sociale qui tournait le dos aux revendications des travailleurs (pour leur préparer le terrain sans doute), je me suis enlisé au-delà de toute espérance. J’ai déroulé le tapis rouge au plus à droite d’entre eux qui fut le premier surpris.

Reconnaissant

Même la Marine a de quoi être satisfaite, je lui ai laissé le créneau du discours populiste qui sent bon ses moules-frites ; et par moment j’ai même fait dans le racisme ambiant. C’était une erreur, sous le coup d’une émotion. Je m’en excuse. Mais elle a bien compris l’aide que je lui ai apportée. Je pense qu’elle, et tous les autres, m’en seront reconnaissants.

Mon naturel bonace me pousse toujours à aider mon prochain. C’est notre défaut majeur au parti socialiste, on veut toujours faire plaisir à tout le monde. Les seuls qui nous enquiquinent et qu’on n’écoute jamais ce sont les syndicalistes rouges et bornés. Beurk !

Etre ou ne pas être

Je cause, je cause, et je ne sais toujours pas où je vais. Je suis indéterminé, flottant, vague, nébuleux, flou… C’est quasiment philosophique. Comme Hamlet « Etre ou ne pas être … Partir ? Rester ? » Il me reste encore quelques lignes pour me décider. Profitons de ces instants de grâce où vous êtes pendus à mes lèvres, à mon visage, à mon air contrit, en vous demandant anxieusement « Il part ? Il reste ? ». Ces instants où vous m’écoutez enfin parce que vous avez compris que je ne vais pas parler pour ne rien dire. Ces moments où vous avez encore une fois peur que je vous déçoive.

Je sais, je sais, j’ai beaucoup déçu. Mais peut-être ce soir je  vous décevrai en vous annonçant que je…. ne sais pas encore. Cela ne devrait pas trop tarder. La page du TC se termine, les lecteurs du billet d’humeur de Philibert trouvent que ça suffit de tourner autour du pot.  Mes chers concitoyens, une conclusion s’impose… si peu que je me vois dans l’impossibilité de la formuler.

Pile ou face

Comment s’en tirer ?

Le hasard : Pile ou face…amstramsgam … une-souris-verte ?

L’engagement : cela me correspond si peu…

L’humour et la fuite : courage Fillon ! Ah ! Ah ! Elle est bonne n’est-ce pas ?

L’émotion : ne me quitte pas…

Ou bien le quotidien : ferme bien la porte en partant.

 Ça y est ! Je pars…

Jean-Marie Philibert